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For interne, for externe : le problème des formateurs/accompagnateurs/coachs/ superviseurs qui s'accompagnent entre eux



C'est un peu comme les consanguins dans un village...

En général, j'écris un article après une conversation avec des amis qui me soumettent une situation de for interne et for externe qui les turlipine. Et ensuite, je cogite sur les possibles solutions. Dans la conversation, un mot a suscité une piste de solution : appairer, le terme technique n'est pas canonique mais il décrit un processus porteur de solutions. Pour que deux appareils fonctionnent correctement, il est nécessaire d'opérer un pré-réglage. Le but est d'éviter des interactions négatives entre les deux. Quelle était la situation à risque évoquée dans la conversation ? Une association de fidèles qui décide soudain d'une formation réservée à ses formateurs. Pour tester la formation, les participants ont été "appairés" deux par deux, et le cercle des participants a été fermé aux personnes de l'extérieur le temps de l'expérimentation. D'où ma comparaison avec la consanguinité : un lieu clos, des semblables entre eux...

Solution possible

Toute supervision, tout système d'accompagnement spirituel, psychologique, de coaching, de mentorat, est confronté à la structure de péché de la pyramide : les informations remontent à un sommet qui contrôle l'ensemble en le maintenant dans une certaine fermeture. Donc la première solution, c'est de faire appel à des observateurs indépendants extérieurs et conscients de l'enjeu. Ils n'ont pas besoin d'être bienveillants (c'est mieux!) ou malveillants, mais seulement d'être logiques : quels sont les buts, quels sont les motifs pour "tester" par paires un protocole d'accompagnement, quels sont les risques à éviter. Ces observateurs ne sont pas la structure mais ils sont au service de la structure pour qu'elle ne dévie pas. Dans l'Eglise, cela peut être les canonistes, les coachs de groupe, les superviseurs de superviseurs, à condition qu'ils aient une claire idée des mécanismes de mélanges des fors et des solutions.

Deuxième solution : informer tout les participants du risque de mélange des fors et expliquer

Tous les participants doivent avoir conscience de l'importance de ne pas mélanger le for interne et le for externe : s'ils connaissent la personne avec qui ils vont fonctionner en binôme, ils doivent savoir avec précision ce qu'ils peuvent lui dire qui ne relève que du for externe. Le for interne ne peut pas être livré dans un cercle clos, expérimental, même pour de bonnes raisons (faire du bien, valider un protocole, devenir efficaces). Le vers serait dans le fruit : les binômes doivent être formés sur la question de la séparation saine du for interne et du for externe. La structure (l'association, le groupe de partage, etc) doit s'engager avant toute formation à ne pas mélanger les fors afin de rester une structure saine. Le canon 130, qui définit la base de la connaissance à avoir dans ce domaine le rappel : "Le pouvoir de gouvernement  s’exerce au for externe".

Protéger la liberté

Donc, une structure qui forme à l'accompagnement, au coaching, à la supervision, au mentorat, exerce un gouvernement en formant des participants. Dans ce cas, elle ne doit pas entrer dans le for interne des personnes. Si elle le fait, rapidement, des gourous tireront profit des connaissances acquises en binôme, même malgré eux ou inconsciemment, et de façon pus systématique si la structure les fait monter en grade. La solution : protéger la liberté des participants et celle des dirigeants de la structure en organisant des formations sur les mélanges des fors, sur les expériences douloureuses et leurs conséquences, en proposant toujours des solutions pratiques comme les deux que je viens d'évoquer (ouvrir les lieux clos en apportant l'avis d'observateurs extérieurs ecclésiaux et non ecclésiaux, former les participants à tous les niveaux aux subtilités et risques des mélanges des fors). Ma conviction profonde, c'est que l'Eglise gagnera à réfléchir sur ces pratiques, à inventer des solutions pour former sans risques, pour développer une liberté structurelle et individuelle. Grâce au droit canon, et si elle l'applique, elle a une véritable longueur d'avance sur ces sujets, la clé étant dans la formation et l'expérience...

Elle gagnera ainsi en transparence, en confiance, en paix à l'intérieure des associations, et... en efficacité évangélisatrice, tout en étant créative ! Je termine par une proposition de solution au niveau de toute l'Eglise (rien que cela !) : créer des structures d'accompagnements spirituels et de tous types d'accompagnement qui ne fassent que cela, qui se déplacent pour éviter les fermetures en lieux clos. Autrefois, il y avait des "missions" dans les paroisses qui apportaient régulièrement de l'air frais, les "missionnaires paroissiaux" se déplaçaient géographiquement. Il manque aujourd'hui dans l'Eglise des "missionnaires" de l'accompagnement spirituel, formés dans ce but selon les critères de liberté qu'implique le respect du droit canon. Sans se limiter aux paroisses, ils sont redevenus nécessaires dans les communautés, les couvents, les mouvements, etc. A l'Eglise d'être inventive ! Une chose est certaine, les accompagnateurs ne doivent pas s'accompagner entre eux dans un cercle clos!

AC

Dimanche 4 Septembre 2022
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