Appelé à la prêtrise par saint Jean François Régis
Le père Gonnet fut ordonné prêtre dans le diocèse du Puy en Velay. Il a marqué de bien des manières la mission en Chine, pratiquant l'inculturation avec une méthode inspirée de Mateo Ricci. On trouve aujourd'hui des études approfondies sur ce précurseur de la mission moderne, en particulier les ouvrages de Bernadette Truchet.
B. TRUCHET�«�Construction de l'identité de l'Autre.” Un exemple en Chine au XIX siècle» in Identités autochtones et missions chrétiennes. Brisures et émergences. P. Chanson et O. Servais (Dir.). Paris, Karthala, 2006.
B. TRUCHET�«�Un début d'inculturation en Chine au dix-neuvième siècle�: le père Joseph Gonnet, jésuite (1815-1895)�» Mémoire Spiritaine, n° 23, premier semestre 2006, p.59 à p.79.
Son ami le père Brueyre, jésuite comme lui, originaire du même diocèse, ( natif de Tence, en Haute-Loire) répandit aussi une grande dévotion à Marie et à saint Joseph, puisée au grand séminaire du Puy en Velay, à l'ombre de la cathédrale du Puy, lieu de départ d'innombrables missionnaires pour l'Asie et le reste du monde. Les deux amis oeuvrèrent ensemble en particulier près de Tianjin, puis à Zikawei, qui devint l'embryon de la communauté catholique de Shanghai.
Le père Gonnet dut une partie de sa vocation à saint Jean François Régis que l'on priait beaucoup dans son diocèse du Puy. Il allait aussi souvent sur la tombe du saint, à Lalouvesc. C'est là qu'il avait entendu dans son coeur : « Vie religieuse et apostolat comme Régis, voilà ce qu'il te faut. »
Surtout pas la Chine!
Lorsque le Père Gonnet fut appelé à partir en Chine, il faisait son séminaire à Vals près le Puy, dans la maison des Jésuites, sorte de séminaire clandestin plus ou moins admis des autorités françaises depuis l'expulsion des Jésuites de France au début du siècle. Une forme de préparation à son futur apostolat...
Le père Gonnet tremblait à l'idée de partir en Chine. Lorsqu'on l'y appela, il demeura toute une journée en fort combat intérieur. Puis il accepta, et dès lors son oui fut sans retour.
C'est vers la fin de ses éludes, le jour de saint Louis
de Gonzague, que le Père Gonnet reçut de ses Supérieurs l'ordre de se
préparer à partir pour la Chine. Voici, tels qu'il les racontait lui-même, les détails
de cette nomination pour les Missions:
«Je ne pensais pas du tout à aller en Chine, et j'en avais même une
«secrète répulsion instinctive. Nos trois premiers missionnaires, les Pères Got-
«teland, Estève et Brueyre, partis depuis deux ans pour Chang-hai, réclamaient
«des auxiliaires, et nos Supérieurs s'occupaient activement de préparer un se-
cond envoi pour aller les rejoindre et les aider à l'administration de tant de chrétiens, pour lesquels ils étaient bien loin de suflire. «Pourvu qu'on ne
pense pas à moi!» me disais-je intérieurement. Comme je servais la messe de
«communauté à notre Révérend Père Recteur, le vingt et un juin, fête de saint
« Louis ( de Gonzagues), notre patron, ce Père me dit en rentrant à la sacristie: «Frère Gonnet,
«vous viendrez, après votre déjeuner, me trouver dans ma chambre.» En enten-
«dant cette invitation, je me dis immédiatement: «Mon bon ami, c'est pour te
dire que tu vas en Chine, et que c'est toi qui as été choisi.» Mon action de
«grâces de la communion se passa en lutte intérieure. La nature ne cessait pas
«de redire en moi: Transeat a me calix iste! mais je ne cessais pas non plus de
«prier Notre-Seigueur et sa Très Sainte Mère pour pouvoir dire quand même: «0
mon Dieu, comme vous voulez; j'accepte, je compte sur votre grâce.»
« Après le déjeuner, le coeur fort ému, mais disposé à tout bon plaisir de Dieu, je
« me rendis chez le Révérend Père Recteur. A peine étais-je entré, que le Révé-
«lend Père me dit: « Grande nouvelle, frère Gonnel, vous allez faire bien des
«jaloux; vous êtes l'un des cinq élus destinés au prochain départ pour la Chine.
« Vos compagnons seront les Père Clavelin, Languillat et le frère Sinoquet. »
— «Merci, mon Père; ainsi soit-il! répondis-je. Je reçois votre parole comme la
« parole de Dieu même; bénissez-moi et priez pour moi, afin que je ne sois pas
«trop indigne d'une si belle vocation.»
Le 2 juillet 1843, le père Gonnet fut ordonné au Puy, par Monseigneur
Joseph Darcimoles, évêque de cette \ille. La cérémonie eut lieu dans la
chapelle des religeuses de la Visitation, le jour de leur fêle patronale.
Partir en Chine comptait pour un vrai, un héroïque sacrificeet quatre ans ne s'étaient-ils pas écoulés depuis que le Bienheureux Gabriel Perboyre, canonisé depuis, missionnaire lazariste au Houpé, y avait été étranglé pour la foi.
Le père Gonnet tremblait à l'idée de partir en Chine. Lorsqu'on l'y appela, il demeura toute une journée en fort combat intérieur. Puis il accepta, et dès lors son oui fut sans retour.
C'est vers la fin de ses éludes, le jour de saint Louis
de Gonzague, que le Père Gonnet reçut de ses Supérieurs l'ordre de se
préparer à partir pour la Chine. Voici, tels qu'il les racontait lui-même, les détails
de cette nomination pour les Missions:
«Je ne pensais pas du tout à aller en Chine, et j'en avais même une
«secrète répulsion instinctive. Nos trois premiers missionnaires, les Pères Got-
«teland, Estève et Brueyre, partis depuis deux ans pour Chang-hai, réclamaient
«des auxiliaires, et nos Supérieurs s'occupaient activement de préparer un se-
cond envoi pour aller les rejoindre et les aider à l'administration de tant de chrétiens, pour lesquels ils étaient bien loin de suflire. «Pourvu qu'on ne
pense pas à moi!» me disais-je intérieurement. Comme je servais la messe de
«communauté à notre Révérend Père Recteur, le vingt et un juin, fête de saint
« Louis ( de Gonzagues), notre patron, ce Père me dit en rentrant à la sacristie: «Frère Gonnet,
«vous viendrez, après votre déjeuner, me trouver dans ma chambre.» En enten-
«dant cette invitation, je me dis immédiatement: «Mon bon ami, c'est pour te
dire que tu vas en Chine, et que c'est toi qui as été choisi.» Mon action de
«grâces de la communion se passa en lutte intérieure. La nature ne cessait pas
«de redire en moi: Transeat a me calix iste! mais je ne cessais pas non plus de
«prier Notre-Seigueur et sa Très Sainte Mère pour pouvoir dire quand même: «0
mon Dieu, comme vous voulez; j'accepte, je compte sur votre grâce.»
« Après le déjeuner, le coeur fort ému, mais disposé à tout bon plaisir de Dieu, je
« me rendis chez le Révérend Père Recteur. A peine étais-je entré, que le Révé-
«lend Père me dit: « Grande nouvelle, frère Gonnel, vous allez faire bien des
«jaloux; vous êtes l'un des cinq élus destinés au prochain départ pour la Chine.
« Vos compagnons seront les Père Clavelin, Languillat et le frère Sinoquet. »
— «Merci, mon Père; ainsi soit-il! répondis-je. Je reçois votre parole comme la
« parole de Dieu même; bénissez-moi et priez pour moi, afin que je ne sois pas
«trop indigne d'une si belle vocation.»
Le 2 juillet 1843, le père Gonnet fut ordonné au Puy, par Monseigneur
Joseph Darcimoles, évêque de cette \ille. La cérémonie eut lieu dans la
chapelle des religeuses de la Visitation, le jour de leur fêle patronale.
Partir en Chine comptait pour un vrai, un héroïque sacrificeet quatre ans ne s'étaient-ils pas écoulés depuis que le Bienheureux Gabriel Perboyre, canonisé depuis, missionnaire lazariste au Houpé, y avait été étranglé pour la foi.
Cela ressemble au Velay et au Vivarais!
Dans une de ses premières lettres, le père Gonnet raconte:
«Je suis fort content ici. J'ai été me promener, il y a quelques jours, sur
«une petite montagne qui offre un coup d'oeil ravissant.... En descendant de la
«montagne, un païen vint se joindre à notre petite bande et nous fîmes route
"ensemble deux heures environ. Il ne se douta pas le moins du monde que je
«fusse européen. Il me prit pour un parent de l'homme d'affaires qui m'accom-
«pagnait. Si ma moustache et mes cheveux ne me trahissaient pas, je pourrais
«aller partout, tous les chrétiens me le disent. Celte petite promenade me rap-
« pelle délicieusement nos montagnes du Velay et et du Vivairais; je me propose
«bien de la renouveler, lorsque l'occasion s'en présentera. Si la liberté des cultes
«était entière, on pourrait bâtir là une très belle chapelle en l'honneur de la
«sainte Vierge; mon plan est tout dressé. »
«Je suis fort content ici. J'ai été me promener, il y a quelques jours, sur
«une petite montagne qui offre un coup d'oeil ravissant.... En descendant de la
«montagne, un païen vint se joindre à notre petite bande et nous fîmes route
"ensemble deux heures environ. Il ne se douta pas le moins du monde que je
«fusse européen. Il me prit pour un parent de l'homme d'affaires qui m'accom-
«pagnait. Si ma moustache et mes cheveux ne me trahissaient pas, je pourrais
«aller partout, tous les chrétiens me le disent. Celte petite promenade me rap-
« pelle délicieusement nos montagnes du Velay et et du Vivairais; je me propose
«bien de la renouveler, lorsque l'occasion s'en présentera. Si la liberté des cultes
«était entière, on pourrait bâtir là une très belle chapelle en l'honneur de la
«sainte Vierge; mon plan est tout dressé. »
Une dévotion exceptionnelle à Saint Joseph: " Ce patriarche m'a donné un bon coup de main !"
Bible éditée en Chine par B. Brueyre SJ, avec image de St Joseph
Laissons plutôt le Père Gonnet nous parler lui-même, en transcrivant sa
lettre du 7 juillet 1845 à son ami le père Brueyre, lui aussi imprégné de la dévotion des gens du Velay à saint Joseph :
«Vou qui êtes si dévot à saint Joseph, vous apprendrez avec bonheur que ce
«grand Patriarche m'a donné un bon coup de main. Je vous raconterai le fait en
toute simplicité. Il y a un peu plus de deux ans, la première fois que les besoins
«de mon ministère m'appela jusqu'à l'extrémité de ce district, j'eus une
« grosse journée de chemin à faire dans un pays tout païen. J'étais en chaise à
«porteurs; j'avais tout le temps de faire des châteaux en Espagne et de me livrer
«à mes rêveries. Oue de païens à convertir! me disais-je. Comme une chrétienté
«serait bien placée à cet endroit! et puis encore dans cet autre! etc., etc. . . .
«Cela me paraissait fort beau, mais en venir à l'exécution. hoc opus, hic labor.
«Tout à coup, il me vient une bonne idée: Saint Joseph est mon patron; il est
«aussi le patron spécial des Chinois. Ce que je ne puis faire moi-même, il le pour-
« rait facilement, et il est assez bon pour le vouloir. Sur ce, je me sens porté
«à le prier et je lui promets, en tant que cela dépendra de moi, de lui dédier
«toutes les chapelles que nous bâtirons en ce pays. S'adressa-t-on jamais en vain
«à saint Joseph ? Quelque temps après, je faisais la connaissance de mon brave
«Paul, et les catéchumènes commençaient à arriver, Le croiriez-vous? mes rêves
«se sont déjà réalisés, du moins en partie; j'ai un noyau de néophytes ou de
«catéchumènes dans presque toutes les localités que j'avais désignées sur ma
«route. Gloire à saint Joseph !...
Cette année, j'ai eu la consolation d'établir deux
nouvelles petites chrétientés, là où naguère le démon régnait en souverain, et
«où nous n'avions pas un seul chrétien. Je vois encore au moins cinq endroits
«où il serait bien important de bâtir des chapelles. Ce seraient autant de centres
«où les néophytes pourraient se réunir. Mais pour cela il faudrait avoir de
l'argent, et je n'en ai pas. Si parmi tant de bonnes âmes en France, si dévouées
«à saint Joseph, vous en connaissiez quelqu'une qui eût la dévotion de lui élever
«un oratoire au milieu de nos Chinois païens, celte offrande serait reçue avec
«la plus vive reconnaissance, et nos nouveaux convertis prieraient beaucoup pour
«leurs bienfaiteurs. Ici, avec six cents piastres (environ trois mille francs), nous
«pouvons avoir une petite chapelle el un logement pour le missionnaii'e et son
«catéchiste. En attendant , j'ai chargé quelques maîtres d'école d'en-
«tretenir le feu sacré et de l'étendre de plus en plus »
lettre du 7 juillet 1845 à son ami le père Brueyre, lui aussi imprégné de la dévotion des gens du Velay à saint Joseph :
«Vou qui êtes si dévot à saint Joseph, vous apprendrez avec bonheur que ce
«grand Patriarche m'a donné un bon coup de main. Je vous raconterai le fait en
toute simplicité. Il y a un peu plus de deux ans, la première fois que les besoins
«de mon ministère m'appela jusqu'à l'extrémité de ce district, j'eus une
« grosse journée de chemin à faire dans un pays tout païen. J'étais en chaise à
«porteurs; j'avais tout le temps de faire des châteaux en Espagne et de me livrer
«à mes rêveries. Oue de païens à convertir! me disais-je. Comme une chrétienté
«serait bien placée à cet endroit! et puis encore dans cet autre! etc., etc. . . .
«Cela me paraissait fort beau, mais en venir à l'exécution. hoc opus, hic labor.
«Tout à coup, il me vient une bonne idée: Saint Joseph est mon patron; il est
«aussi le patron spécial des Chinois. Ce que je ne puis faire moi-même, il le pour-
« rait facilement, et il est assez bon pour le vouloir. Sur ce, je me sens porté
«à le prier et je lui promets, en tant que cela dépendra de moi, de lui dédier
«toutes les chapelles que nous bâtirons en ce pays. S'adressa-t-on jamais en vain
«à saint Joseph ? Quelque temps après, je faisais la connaissance de mon brave
«Paul, et les catéchumènes commençaient à arriver, Le croiriez-vous? mes rêves
«se sont déjà réalisés, du moins en partie; j'ai un noyau de néophytes ou de
«catéchumènes dans presque toutes les localités que j'avais désignées sur ma
«route. Gloire à saint Joseph !...
Cette année, j'ai eu la consolation d'établir deux
nouvelles petites chrétientés, là où naguère le démon régnait en souverain, et
«où nous n'avions pas un seul chrétien. Je vois encore au moins cinq endroits
«où il serait bien important de bâtir des chapelles. Ce seraient autant de centres
«où les néophytes pourraient se réunir. Mais pour cela il faudrait avoir de
l'argent, et je n'en ai pas. Si parmi tant de bonnes âmes en France, si dévouées
«à saint Joseph, vous en connaissiez quelqu'une qui eût la dévotion de lui élever
«un oratoire au milieu de nos Chinois païens, celte offrande serait reçue avec
«la plus vive reconnaissance, et nos nouveaux convertis prieraient beaucoup pour
«leurs bienfaiteurs. Ici, avec six cents piastres (environ trois mille francs), nous
«pouvons avoir une petite chapelle el un logement pour le missionnaii'e et son
«catéchiste. En attendant , j'ai chargé quelques maîtres d'école d'en-
«tretenir le feu sacré et de l'étendre de plus en plus »
" Saint Joseph s'est mis evidemment de la partie!"
Le 15 mai 1857, le Père Gonnet avait demandé au
révérend Père Borgniet, Provicaire de la Mission, l'autorisation de suivre, en
consacrant ses chapelles à saint Joseph, l'inspiration qu'il avait eue
d'adopter ce grand protecteur comme patron spécial de son apostolat. Voici comment il formulait sa demande:
«Je viens de faire une pelife visite dans la partie nord de mon district, et je
« me hâte de vous faire part des bonnes nouvelles que j'en ai raportées. Ce ne
«sera pas une petite consolation pour vous, mon Révérend Père, qui désirez «
si ardemment l'avancement de l'œuvre de Dieu, d'apprendre que tout nous promet une riche
«moisson. Saint Joseph s'est mis évidemment de la partie. Aussi, avec votre
«permission, j'accomplirai la promesse que je lui ai faite, il y a deux
«ans, de lui consacrer toutes les nouvelles chapelles que nous élèverions
au milieu des païens dans celte parlie du district. C'est bien le moins que
«nous puissions faire, puisqu'il semble s'être chargé lui-même d'aplanir tous les
«obstacles, et de nous envoyer ce grand nombre de catéchumènes."
Le père Gonnet prenait très au sérieux le titre de Patron de la Chine que l'Eglise avait décerné à Saint Joseph. Il confiait tout à saint Joseph: l'administration matérielle et spirituelle, croyant fermement que les catéchumènes et les conversions lui venaient de l'intercession de saint Joseph.
Il demandait dans ses courriers en Europe que des âmes dévouées à st Joseph veuillent bien l'aider à bâtir des chapelles en l'honneur de son saint protecteur. C'est ainsi qu'il en construisit une bonne quarantaine, probablement une par an en moyenne au cours de son apostolat.
Il est interessant de noter qu'il oeuvra beaucoup à Zikawei, le district des Jésuites à Shanghai, ainsi que le père Brueyre. Le père Brueyre meurt en Chine en 1880, le père Gonnet en 1895. A Zikawei, l'observatoire devenu célèbre est déjà fondé, ainsi qu'un séminaire, des écoles. Quelques années plus tard, ce sera en 1900 la construction de la Cathédrale Saint Ignace et en 1903 la fondation de l'université Aurore. Le père Brueyre, parti en 1842 avec les trois premiers jésuites envoyés dans ce district, et le père Gonnet, pouvaient-ils entrevoir l'avenir de cette chrétienté?
révérend Père Borgniet, Provicaire de la Mission, l'autorisation de suivre, en
consacrant ses chapelles à saint Joseph, l'inspiration qu'il avait eue
d'adopter ce grand protecteur comme patron spécial de son apostolat. Voici comment il formulait sa demande:
«Je viens de faire une pelife visite dans la partie nord de mon district, et je
« me hâte de vous faire part des bonnes nouvelles que j'en ai raportées. Ce ne
«sera pas une petite consolation pour vous, mon Révérend Père, qui désirez «
si ardemment l'avancement de l'œuvre de Dieu, d'apprendre que tout nous promet une riche
«moisson. Saint Joseph s'est mis évidemment de la partie. Aussi, avec votre
«permission, j'accomplirai la promesse que je lui ai faite, il y a deux
«ans, de lui consacrer toutes les nouvelles chapelles que nous élèverions
au milieu des païens dans celte parlie du district. C'est bien le moins que
«nous puissions faire, puisqu'il semble s'être chargé lui-même d'aplanir tous les
«obstacles, et de nous envoyer ce grand nombre de catéchumènes."
Le père Gonnet prenait très au sérieux le titre de Patron de la Chine que l'Eglise avait décerné à Saint Joseph. Il confiait tout à saint Joseph: l'administration matérielle et spirituelle, croyant fermement que les catéchumènes et les conversions lui venaient de l'intercession de saint Joseph.
Il demandait dans ses courriers en Europe que des âmes dévouées à st Joseph veuillent bien l'aider à bâtir des chapelles en l'honneur de son saint protecteur. C'est ainsi qu'il en construisit une bonne quarantaine, probablement une par an en moyenne au cours de son apostolat.
Il est interessant de noter qu'il oeuvra beaucoup à Zikawei, le district des Jésuites à Shanghai, ainsi que le père Brueyre. Le père Brueyre meurt en Chine en 1880, le père Gonnet en 1895. A Zikawei, l'observatoire devenu célèbre est déjà fondé, ainsi qu'un séminaire, des écoles. Quelques années plus tard, ce sera en 1900 la construction de la Cathédrale Saint Ignace et en 1903 la fondation de l'université Aurore. Le père Brueyre, parti en 1842 avec les trois premiers jésuites envoyés dans ce district, et le père Gonnet, pouvaient-ils entrevoir l'avenir de cette chrétienté?