La vocation dans le mystère de l'Eglise
Vénérés Frères dans l'Épiscopat,
Chers frères et sœurs !La célébration de la prochaine Journée mondiale de Prière pour les Vocations m'offre l'occasion d'inviter tout le Peuple de Dieu à réfléchir sur le thème de la Vocation dans le mystère de l'Église. L'apôtre Paul écrit : «Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ… En Lui, Il nous a choisis avant la création du monde… Il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ» (Ep 1, 3-5). Avant la création du monde, avant notre venue à l'existence, le Père céleste nous a choisis personnellement, pour nous appeler à entrer en relation filiale avec Lui, par Jésus, Verbe incarné, sous la conduite de l'Esprit Saint. En mourant pour nous, Jésus nous a introduits dans le mystère de l'amour du Père, amour qui l'enveloppe totalement et qu'Il nous offre à tous. De cette façon, unis à Jésus, qui est le Chef, nous formons un seul corps, l'Église.
Le mystère de l'adoption divine
Le risque majeur est de se fermer au plan de Dieu à notre égard : la vocation est alors détournée en auto-suffisance vis-à-vis de Dieu et de son appel, de son plan. Le Pape nomme cette tentation car elle est une des raisons de la perte de vocations précieuses à notre époque. c'est la tentation du projet exclusivement humain.
Vocation : la fragilité et les limites humaines ne représentent pas un obstacle...
Pour répondre à l'appel de Dieu et se mettre en chemin, il n'est pas nécessaire d'être déjà parfaits. Nous savons que la conscience de son péché a permis au fils prodigue de se mettre sur le chemin du retour et de faire ainsi l'expérience de la joie de la réconciliation avec son Père. La fragilité et les limites humaines ne représentent pas un obstacle, à condition qu'elles contribuent à nous rendre toujours plus conscients du fait que nous avons besoin de la grâce rédemptrice du Christ. Telle est l'expérience de saint Paul, qui confiait: «Je n'hésiterai pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi» (2 Co 12, 9).
Séduits par Jésus : chacun a une place spéciale dans son coeur.
Pour discerner une vocation, il ne faut pas s'arrêter aux limites et faiblesses, ni chercher la perfection, mais regarder si la personne est " touchée par la puissance de la grâce du Christ". Benoît XVI, finement, nous rappelle que certains cherchaient la guérison du corps et de l'esprit, comme tant de gens qui font des parcours de guérison à notre époque, des sessions, et qui sont touchés par "la puissance de la grâce", c'est-à-dire rencontrent Quelqu'un, et cette rencontre est plus importante encore. Vivier de vocations que ceux qui cherchent en vérité!
D'autres sont choisis personnellement, et d'autres le suivent de leur propre initiative, simplement par amour. Multiplicité des types de vocations, dont aucune n'est rejetée ou dépréciée par le Christ. Dans le discernement, il est donc important d'accueillir ceux qui suivent " de leur propre initiative", si c'est par amour, même s'ils n'ont pas reçu un appel fulgurant ou une mission ministérielle. Tous occupent une place spéciale dans le coeur du Christ.
La notion vocationnelle de base : l'appel universel à la sainteté
Cette notion d'appel universel à la sainteté est le socle de la pastorale vocationnelle. Il est à noter qu'elle ne se confond pas avec les oeuvres, ( que de faire, d'activisme, de réunionite qui tuent le sens de la sainteté!), mais justement avec le dessein du salut! pour éclairer cela, nous pouvons citer un évêque répondant à une religieuse supérieure de congrégation et inquiète de ne pas avoir fait assez pour servir le Seigneur : " Le Seigneur cherche parmi ses" épouses-marthe" fidèles et dévouées au service des" Marie "qui veuillent bien passer un peu de temps gratuit avec Lui dont le Coeur a soif d'amour";
La place du prêtre dans le cadre de l'appel universel à la sainteté;
La fonction paternelle du prêtre n'est pas une " pâle copie" de la paternité humaine. Elle n'est pas une forme d'affectivité sublimée. Sa définition même est dans ce qu'est le prêtre, comme le développe Benoît XVI en citant Jean-Paul II et Pastores Dabo Vobis.
L'être même du prêtre, voilà sa paternité.
L'être même du prêtre, ainsi décrit, résume sa " paternité" qui de donner le Père en accomplissant la mission du Fils. Sa paternité s'exprime donc dans le ministère sacramentel avant tout, avec toute l'ampleur que prend ce ministère, apte à donner à chaque prêtre un coeur conformé à celui du Christ.
La vie consacrée, une autre vocation spéciale.
Une autre vocation spéciale, qui occupe une place d'honneur dans l'Église, est l'appel à la vie consacrée. À l'exemple de Marie de Béthanie qui, "se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole" (Lc 10, 39), de nombreux hommes et femmes se consacrent à une suite totale et exclusive du Christ. Tout en accomplissant divers services dans le domaine de la formation humaine ou du soin des pauvres, dans l'enseignement ou dans l'assistance aux malades, ils ne considèrent pas ces activités comme le but principal de leur vie, parce que, comme l'a bien souligné le Code de Droit canonique, «la contemplation des réalités divines et l'union constante à Dieu dans la prière seront le premier et principal office de tous les religieux» (can. 663, § 1). Et, dans l'Exhortation apostolique Vita consecrata , Jean-Paul II notait: «Dans la tradition de l'Église, la profession religieuse est considérée comme un approfondissement unique et fécond de la consécration baptismale en ce que, par elle, l'union intime avec le Christ, déjà inaugurée par le Baptême, se développe pour être le don d'une conformation qu'exprime et réalise plus complètement la profession des conseils évangéliques» (n. 30).
Comme pour le rôle unique du prêtre, Benoît XVI rappelle le rôle prépondérant de la vie religieuse. Le code de droit canon, qu'il cite, permet de mieux comprendre. Nous donnons le canon 573, et 574 et 604 pour une brève introduction à ce vaste sujet en donnant les normes communes à tous les instituts de vie consacrée :
NORMES COMMUNES À TOUS LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE
Can. 573 - § 1. La vie consacrée par la profession des conseils évangéliques est la forme de vie stable par laquelle des fidèles, suivant le Christ de plus près sous l'action de l'Esprit-Saint, se donnent totalement à Dieu aimé par-dessus tout, pour que, dédiés à un titre nouveau et particulier pour l'honneur de Dieu, pour la construction de l'Église et le salut du monde, ils parviennent à la perfection de la charité dans le service du Royaume de Dieu et, devenus signe lumineux dans l'Église, ils annoncent déjà la gloire céleste.
§ 2. Cette forme de vie, dans les instituts de vie consacrée érigés canoniquement par l'autorité compétente de l'Église, les fidèles l'assument librement, qui, par des voeux ou d'autres liens sacrés selon les lois propres des instituts, font profession des conseils évangéliques de chasteté, de pauvreté et d'obéissance et, par la charité à laquelle ceux-ci conduisent, sont unis de façon spéciale à l'Église et à son mystère.
Can. 574 - § 1. L'état de ceux qui professent les conseils évangéliques dans ces instituts appartient à la vie et à la sainteté de l'Église; c'est pourquoi tous, dans l'Église, doivent l'encourager et le promouvoir.
Can. 604 - § 1. À ces formes de vie consacrée s'ajoute l'ordre des vierges qui, exprimant le propos sacré de suivre le Christ de plus près, sont consacrées à Dieu par l'Évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé, épousent mystiquement le Christ Fils de Dieu et sont vouées au service de l'Église.
La vie consacrée a donc une base commune, à laquelle se rattachent les instituts séculiers crées en 1947 et les Vierges Consacrées, remises à l'honneur après le Concile à la demande des évêques. (Les conseils évangéliques, les voeux, les " autres liens sacrés, et le "propos sacré de suivre le Christ" des Vierges consacrées sont les modalités reconnues par le droit canon pour caractériser une vie consacrée authentique.) après l'initiative de l'année sacerdotale, il est à souhaiter ( les paris sont ouverts!) que vienne une année de la Vie Consacrée!
Prière finale de demande de vocations de prêtres et pour la vie consacrée : la sainteté dépend essentiellement de l'union avec le Christ.
En nous souvenant de la recommandation de Jésus: «La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson !» (Mt 9, 37), nous éprouvons grandement le besoin de prier pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Il n'est pas surprenant que, là où l’on prie avec ferveur, les vocations fleurissent. La sainteté de l'Église dépend essentiellement de l'union avec le Christ et de l'ouverture au mystère de la grâce, qui agit dans le cœur des croyants. C’est pourquoi, je voudrais inviter tous les fidèles à cultiver une relation intime avec le Christ, Maître et Pasteur de son peuple, en imitant Marie, qui gardait dans son cœur les divins mystères et les méditait assidûment (cf. Lc 2, 19). Avec elle, qui tient une place centrale dans le mystère de l'Église, nous prions:
Ô Père, fais se lever parmi les chrétiens
de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce,
qui maintiennent la foi vivante
et gardent une mémoire pleine de gratitude de ton Fils Jésus,
par la prédication de sa Parole
et l'administration des Sacrements,
par lesquels tu renouvelles continuellement tes fidèles.
Donne-nous de saints ministres de ton autel,
qui soient d'attentifs et fervents gardiens de l'Eucharistie,
sacrement du don suprême du Christ
pour la rédemption du monde.
Appelle des ministres de ta miséricorde,
qui dispensent la joie de ton pardon
par le sacrement de la Réconciliation.
Ô Père, fais que l'Église accueille avec joie
les nombreuses inspirations de l'Esprit de ton Fils
et, qu'en étant docile à ses enseignements,
elle prenne soin des vocations au ministère sacerdotal
et à la vie consacrée.
Soutiens les évêques, les prêtres, les diacres,
les personnes consacrées et tous les baptisés dans le Christ,
afin qu'ils accomplissent fidèlement leur mission
au service de l'Évangile.
Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur. Amen.
Marie, Reine des Apôtres, prie pour nous !
Du Vatican, le 5 mars 2006
BENEDICTUS PP. XVI