4eme message de la Journée mondiale de prière pour les Vocation, Paul VI (1967) |
Vers un idéal et un sens. L'appel universel : des choix pour un sens idéal à la vie. Paul VI commence par souligner la vocation universelle à chercher un idéal, à l'incarner par des choix. Tous sont appelés au salut et y répondent par des options, des choix supérieurs, en fonction du sens donné à ce que l'on fait : père, mère, médecin, enseignant, chercheur, scientifique...de nombreux états de vie et métiers signifient un idéal : "Cette année, le 9 avril, la deuxième dimanche après Paques, illuminée par l'evangile du Bon Pasteur, l'Eglise entière célèbre la Journée mondiale de prière pour les Vocations. Ce terme, "vocation", a vraiment une signification très large et s'applique à toute l'humanité appelée au salut en Christ ( cf. GE, 1; GS, 13, 19, 21). Mais ensuite, ce terme devient spécifique en ce qui concerne des options et des activités qui caractérisent le choix que chacun fait pour donner un sens idéal à sa propre vie. Chaque état de vie, chaque profession, chaque dévouement à une cause peut être nommé vocation. C'est ce qui en soit leur donne une dignité supérieure et une valeur transcendante." Il s'agit donc d'une vocation universelle, liée au fait d'être un être humain. On peut aussi y voir la vocation commune des " fidèles" en terme de droit conon, c'est-à-dire de tout baptisé. Cette vocation commune sous-tend et soutient toute vocation dans l'Eglise. c'est alors qu'apparaît la vocation spécifique, un sens spécial du mot vocation dans l'Eglise. Une vocation qui vient directement de Dieu. " Le mot vocation prend un sens plénier et spécifique, lorsqu'il se réfère et tend à une vocation de perfection doublement spéciale : parce que cet appel vient directement de Dieu, comme un rayon de lumière pénétrant les profondeurs de la conscience ; et parce qu'il s'exprime en pratique dans une offrande totale de la vie à un unique et plus haut amour : celui de Dieu et celui de l'amour universel de l'humanité qui en dérive. " Vocation" dans ce sens spécifique, est une réalité si unique et si délicate, si sacrée, que l'Eglise ne peut omettre d'y prêter attention : l'Eglise l'étudie, la favorise, la vérifie et l'assume." La vocation spécifique, qui comprend une consécration totale ( Jean-Paul II dans son deuxième discours pour la Journée mondiale de prière pour les vocations, dira : " je vous parle de consécration totale"), est une vocation qui vient de Dieu, d'où la vigilance de l'Eglise devant un tel trésor. L'appel divin à une consécration totale nécessite la sagesse du discernement de l'Eglise, afin qu'un tel trésor ne se perde pas. La vocation : un phénomène spirituel. " Pourquoi l'Eglise porte-t-elle un tel interêt aux vocations? précisément pour la valeur exceptionnelle que revêt en soi chaque vocation. Comment l'eglise, mère et guide des âmes, pourrait-elle rester indifférente et négligeante face à un tel phénomène spirituel ? C'est de cette façon que les précieuses vertues d'une âme sont manifestées et que la grâce de l'Esprit Saint se manifeste dans ses actions merveilleuses et variées. Nous pensons alors à la parabole des talents. Nous pensons alors à l'avertissement du concile qui lie la fonction de sanctification propre des évêques à la faveur qu'ils doivent prêter aux vocations." Ce phénomène spirituel est une action de l'Esprit Saint dans les coeurs, pour réaliser le Royaume. L'Esprit dirige ainsi l'Eglise, à travers les vocations : " Chaque vocation pour la louange de Dieu et le service de l'Eglise mérite l'attention la plus ardente de la part de ceux qui cultivent et gardent le jardin des âmes. Chaque vocation réalise à un degré éminent l'avènement du Royaume à la fois dans le monde eccésial et séculaire. C'est le signe de la présence de l'Amour qui vient d'en haut. C'est le début du dialogue entre le Christ Vivant et le peuple -la famille, la paroisse, le diocèse, terreau de ceux qui sont les choisis et les appelés. Peser la valeur des vocations oblige l'Eglise à en prendre soin." Donc, si vous êtes appelés, vous êtes témoin d'un phénomène spirituel dont la valeur n'a pas de prix et que l'Eglise va protéger, en discernant, en donnant le sens de cet appel, selon la mission qu'elle a reçu du Christ. Une vocation est le témoignage d'un appel divin, et le témoignage d'une action divine dans une vie, action toute tournée vers l'amour de Dieu et du prochain; Redire cette action divine dans la genèse d'une vocation, c'est redonner sens au phénomène vocationnel, en mettant en lumière ce qui vient de Dieu. La responsabilité du discernement est proportionnelle à la valeur spirituelle de ce qui se passe dans un coeur qui répond à l'appel divin. Mais il y a plus encore. Paul VI monte encore la barre de l' explication de ce qu'est une vocation : " Mais il y a plus encore. La nécessité renforce l'obligation. Les vocations sont l'espoir de l'Eglise en lien avec sa valeur institutionnelle et son efficacité spirituelle. En effet, l'Eglise, telle que voulue par le Christ, n'existe pas sans ministres. L'évangélisation a besoin d'eux. la diffusion de l'Evangile est conditionnée par le nombre, le travail, et la sainteté des ministres, appelés et consacrés au plus haut, au plus indispensable service : celui du Salut. Nous rappelons le mot de saint Paul : " Qui invoque le nom du Seigneur sera sauvé. Comment l'invoquer sans le croire ? et comment croire sans avoir entendu? Et comment entendre sans annonce? et comment l'annoncer sans être envoyé ?" ( Rom, 10 : 13-25). Cette exigence ne peut être exprimée en termes plus forts de la necessité d' un ministère qualifié qui rayonnent la Vérité et la grâce apportées par le Christ au monde." Ainsi le pape ressitue la place centrale du sacerdoce dans la compréhension de ce qu'est le phénomène spirituel de la vocation. Les autres vocations n'existeraient pas sans cet " envoi" par le Seigneur et son Eglise. L'appel vient donc bien de Dieu qui envoie. Il suffit de reprendre ensuite les textes de l'Ascension , c'est toujours le même Christ Ressuscité qui envoie les apôtres : "Allez, de toutes les nations faites des disciples". Ainsi se constitue l'Eglise qui à son tour propage la Parole, suscitant toutes les vocations et envoyant au nom du Christ de nouveaux disciples. L'Envoyé, un portrait par le pape Paul VI. Voyons la définition de ces "envoyés" par le pape Paul VI, définition capable de redonner de l'élan! Ce passage, curieusement, avait été supprimé de certaines versions anglaises du texte. Dommage de perdre la description même du prêtre, avec en son coeur le célébat consacré , important de noter les tentations d'efficacité " professionnelle", de marketing vocationnel développé depuis avec les déviances que l'on sait par des mouvements dont les fondateurs se sont avérés loin de l'esprit évangélique. "L'Eglise n'envoie pas pour un tel service des mercenaires professionnels, elle n'organise pas un réseau de propagandistes de métier. l'Eglise envoie des volontaires, des hommes libres et certainement pas payés pour ce que leur travail comporte de fatigue, de risque et de mérites; elle envoie des hommes singuliers : pauvres et généreux, libres de toute coercition et intérieurement liés par les liens les plus sacrés, ceux de l'amour consacré, unique, chaste, éternel. Elle envoie des disciples du Christ, qui Lui donne tout; elle envoie des jeunes plein de feu et d'initiative, qui ont pressenti la plus haute définition de la vie : une aventure d'amour divin. Elle envoie des héros humbles qui croient en l'Esprit Saint, et qui pour l'Eglise du Christ, comme le Christ, sont prêts à donner leur vie : " Lui, le Christ, a aimé l'Eglise et s'est sacrifié pour elle". ( Eph 5, 25). Ainsi, les évêques accueillent les élus, vérifiant leur vocation et les instruisant, puis les " ordonnent", c'est-à-dire les munissent de l'efficacité sacramentelle, de pouvoirs et de dons magnifiques et ineffables, puis les envoient. Ils les envoient au peuple de Dieu : aux petits, aux pauvres, aux souffrants, aux accablés, aux disciples du Royaume, et de là aux missions, aux contrées lointaines, à tous. Et ils vont. Quelle beauté! " Quand un pape partage aux fidèles son anxiété sur le sujet... Est-ce le tempérament du pape Paul VI qui s'exprime, ou le constat d'une époque dont la génération suivante ignore souvent les enjeux cruciaux. Nous renvoyons au livre du père Jean-Miguel Garrigues, " Par des sentiers resserrés, itinéraire d'un religieux" aux Editions Presse de la Renaissance", qui à travers l'exemple d'un dominicain, donne une idée de la crise des vocations et de ce qu'ont traversé les vocations entre 1950 et aujourd'hui... Paul VI pouvait parler comme il l'a fait, et donner dès le début de son pontificat, par l'initiative de la Journée Mondiale de prière pour les Vocations, un antidote basé sur un constat exact et prophétique de ce qui se passait et allait se passer. Ecoutons donc son constat : " Mais où sont ceux qui ont été choisis ? Où sont les appelés ? Qui sont-ils et combien sont-ils? La sociologie ecclésiastique montre ça-et-là de gênantes et décourageantes statistiques. C'est le coeur du drame : Jésus Lui-même l'a perçu : " La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux" ( Mt 9 : 37) Mais oui, il y toujours des vocations dans l'Eglise de notre temps. Nos séminaires se réjouissent. Souvent la singularité d'une vocation compense le petit nombre : de jeunes hommes conscients et mûrs arrivent, sachant ce qu'ils choisissent. Nous sommes heureux d'envoyer notre salutation affectueuse à tous ceux qui sont appelés : aux prêtres, aux religieux et religieuses, ( quelles discours mériteraient ici les femmes consacrées!) aux séminaristes, aux vocations tardives, aux novices des familles religieuses, qu'ils sachent que le pape est avec eux, prie pour eux, avec des larmes de joie et d'espoir, les bénit tous et chacun au nom du Christ qu'ils ont rencontrés. mais nos esprits ne sont pas pour autant libres de cette grande anxiété : beaucoup de postes de services dont l'eglise a besoin sont vides, manquant du nombre de vocations que demanderaient les possibilités de ministères. Parfois, il nous semble que la communauté des croyants est trop insensible au problème du recrutement et de la formation du clergé. Paul VI souligne qu'il s'agit de la responsabilité de tous les fidèles. " La communauté des croyants" est-elle consciente de ce qu'elle doit aux prêtres ? Dans cet esprit, le successeur de Paul VI, Benoît XVI, a eu l'initiative de l'année sacerdotale. Il serait bon aussi de se poser quelques questions sur le recrutement des prêtres et leur formation dans les années 60-70. Quelle aide les fidèles peuvent-ils apporter dans ce domaine ? Bien sûr, de répondre personnellement à l'appel, mais aussi de prêter main forte pour les études : financement, qualité des cours de séminaire, prise en charge des séminaristes, parrainage, connaissance du rôle indispensable du prêtre ( pour...ne pas prendre sa place!), soutien amical, et surtout, prière. " Nous voulons en arriver à une parole simple et directe en direction de tant de familles chrétiennes : avez-vous quelques vocations parmi vos fils ? Nous voudrions rejoindre toutes les paroisses, tous les maîtres spirituels : soyez vigilants pour découvrir les signes d'un appel divin parmi les personnes confiées à vos soins. Nous voudrions remercier et encourager les Supérieurs et les enseignants de nos séminaires et leur dire les mérites de toutes leurs sollicitudes. Mais surtout nous voudrions, comme les messagers de la parabole évangélique, aller sur les chemins du monde et dire par dessus tout aux jeunes : savez-vous que le Seigneur a besoin de vous ? Savez-vous que son appel est pour les forts, pour les rebels à la médiocrité et à la bassesse d'une vie commode et insignifiante? Pour ceux-là qui conservent encore le sens de l'Evangile et sentent le devoir de régénérer la vie ecclésiale en payant de leur personne et en portant la Croix?" Le rôle de la prière. " Qui sait si notre appel sera entendu ? Mais en attendant, que tous, oui, que tous les membres de l'Eglise de Dieu relaient notre invitation et fassent au moins une chose : ce que le Christ Lui-même a commandé : " Priez le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à la moisson" ( Mt 9, 38). Il est évident que la prière est une part essentiel du "processus". Et c'est pour cette prière que la Journée Mondiale s'adresse au clergé et aux fidèles du monde entier. PRIEZ POUR LES VOCATIONS. Avec notre bénédiction apostolique, Paul VI, dimanche de Laetare, 5 mars 1967, quatrième année de notre pontificat." |
Une prière de Paul VI pour les vocations ( tirée du premier message de la JMV )
O Jésus, Pasteur divin des âmes, qui a appelé les Apôtres pour en faire des pêcheurs d'hommes, attire à Toi encore des âmes ardentes et généreuses de jeunes, pour en faire tes disciples et tes ministres; fais les participer à ta soif de Rédemption universelle, pour laquelle se renouvelle sur les autels ton sacrifice : Toi, O Seigneur, " vis et intercède sans cesse pour nous" ( Hebr. 7, 25); dévoile leur les horizons du monde entier, ou la supplication de tant de frères demande lumière de vérité et chaleur d'amour; afin que répondant à ton appel, prolongeant ici-bas Ta mission, ils construisent Ton Corps Mystique, qui est l'Eglise, et qu'ils soient " le sel de la terre", " la lumière du monde". ( matth, 5, 13) Etends, Seigneur, ton appel amoureux à la virginité consacrée à de nombreuses âmes de femmes généreuses, et donne-leur d'être tendues vers la perfection évangélique et le service de l'Eglise et des frères qui ont besoin d'aide et de charité. Ainsi-soit-il.
En signe de la prédilection du Seigneur sur ceux qui, s'unissant à notre prière, offriront au ciel leur supplication, de tout coeur, fils et filles bien-aimés, nous vous adressons notre Bénédiction Apostolique, que nous étendons de manière toute spéciale à tous les prêtres et les âmes consacrées, et à ceux qui dans les séminaires et les maisons religieuses se préparent dans la piété, dans l'étude, dans le sacrifice, à monter à l'Autel pour être un jour les coopérateurs de l'Ordre Sacerdotal.
Paul VI, samedi 11 Avril 1964, message pour la première Journée Mondiale des Vocations.