J-M Garrigues : il découvre le Christ par Charles de Foucauld et Notre Dame de Lourdes !Dans son livre autobiographie, le père Jean-Miguel Garrigues nous raconte l’appel-conversion reçu en sa jeunesse par l’intermédiaire de Charles de Foucauld et en la fête de Notre Dame de Lourdes. Nous citons ce récit émouvant, extrait de Par des Sentiers Resserrés, Itinéraire d’un religieux en des temps incertains, aux éditions Presses de la Renaissance, p78 et suivantes. [1] Nous recommandons chaudement ce livre en son entier, en particulier pour le témoignage qu’il donne de ce qu’a vécu la génération des années 60-70 jusqu’à aujourd’hui. Par son expérience racontée avec précision et loyauté, le père Garrigues donne les clés d’une époque et aide à mieux saisir la suivante. Son récit, passionnant, fait découvrir les enjeux de nombreux débats encore d’actualité, à travers la recherche théologique et les essais de solutions sur le terrain, à travers les amitiés exceptionnelles, en particulier avec le futur cardinal Shönborn et un certain Ratzinger, sans oublier le portrait "pris sur le vif" du cardinal Lustiger. Les coulisses de la rédaction du Catéchisme de l’Eglise catholique, les relations avec le peuple Juif, la politique et l’Eglise ainsi que le Doctrine Sociale de l’Eglise, tout est abordé à partir d’une expérience concrète de vie qui souhaite autant que possible être transmise à la génération suivante. Un livre indispensable pour se former et s’informer sur l’Eglise de notre temps.
Récit de sa conversion[1] De retour à Madrid, le jeune jean-Miguel Garrigues, alors étudiant aux Etats-Unis, vit une crise décisive : " Comme le jeune Ignace de Loyola blessé, je cherchais à m’évader dans la lecture(…).Alors, je sortis par hasar un livre qui s’intitulait Charles de Foucauld. Ce nom ne me disait rien car ma culture se limitait au catéchisme de l’enfance et à la littérature catholique du XXe siècle. Sur la couverture, il y avait la photo d’un moine en habit blanc, et ce moine me regardait. Quand mon regard croisa le sien, en un instant, je compris tout. Il arrive souvent, qu’à travers le regard ou la poignée de main d’une personne que je rencontre j’aie, par empathie, comme une perception de son monde intérieur. j’eus donc aussitôt la certitude que cet homme, qui portait une telle paix et une telle douceur dans le regard, avait trouvé ce que moi-même je désespérais de trouver. En même temps, je sus qu’il était habité par le Christ, et que c’était Lui qui me regardait à travers ce regard. Alors ma foi devint vive, je connus que j’étais aimé personnellement par le Christ, et j’y crus. Comme dit saint Jean, " nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru" ( 1 Jn 4, 16).
Il me fallait découvrir au plus vite la vie de cet homme qui avait touvé le Christ et me le transmettait. J’appris dans ce livre qu’il avait été un jeune officier incroyant, qu’il avait fui dans la débauche l’angoisse du vide, qu’un jour il avait rencontré Dieu, qu’il était devenu trappiste, pour ensuite aller vivre jusqu’à sa mort comme ermite au Sahara au milieu des Touareg. L’existence de celui que l’Eglise devait proclamer plus tard bienheureux me montrait que le Christ, celui que le frère Charles de Jésus avait adoré dans l’eucharistie et servi dans les pauvres, pouvait suffire à combler le coeur humain et donner sens à la vie. Quand je fermai le livre, une grande paix s’était faite en moi et mon âme avait été rendue capable de percevoir la présence de Quelqu’un qui, sans sortir de l’invisible, était maintenant réellement là, dans l’obscurité de ma chambre. Il ne m’appelait pas, c’était plus radical : Il me montrait que je Lui appartenait depuis toujours et qu’Il venait d’achever de me révéler ce qu’il avait commencé à me dévoiler, comme une promesse de l’aube, quand j’avais onze ans, lors de ma retraite de confirmation à Rome. C’était comme si se refermait la parenthèse de mon adolescence, où je m’étais cherché tout seul. Mon enfance m’était redonnée comme une grâce qui engageait mon avenir d’adulte. Il n’y avait même pas à choisir, mais simplement à acqiescer librement à un mystère qui correspondait à mon identité la plus personnelle, celle qu’il dévoilait au plus intime de moi. Tout était d’une incroyable simplicité, car il ne demandait que l’acte d’humilité de me laisser aimer par lui. Accepter fut une délivrance et un immense soulagement. Je savais que ma vie lui appartenait désormais et que j’avais enfin trouvé le lieu de mon âme. Après avoir dormi, je sortis dans la rue, pour la première fois depuis mon arrivée à Madrid, comme on sort d’un tombeau. J’allais paisiblement devant moi, marchant un peu au hasard, et je tombai vite sur une grande chapelle. Je voulais me confesser mais je ne pensais pas trouver de prêtre en une matinée de semaine. J’entrai néanmoins et, à ma grande stupeur, je vis le Saint Sacrement exposé dans un ostensoir sur le maître-autel.Jésus-eucharistie, que le père de Foucauld m’avait fait découvrir, venait à ma rencontre par cette exposition insolite en matinée. Je tombai à genoux et adorai en silence, puis je cherchai du regard un prêtre sans beaucoup d’espoir en raison de l’heure. Très étonné, j’en vis un qui attendait dans un confessionnal. J’allai vers lui, mais quand je m’agenouillai, je fus pris de sanglots si irrépressibles et prolongés qu’il me fut impossible de proférer un seul mot. Le prêtre devina mon état, me dit que ma contrition ne faisait pas de doute et me donna l’absolution en me demandant de revenir le lendemain pour faire mes aveux. Il m’invita à assister à la messe qu’il devait célébrer aussitôt et à y communier. Il me dit que nous étions le 11 Février, fête de Notre-Dame de Lourdes, et que cette église lui était consacrée, ce qui expliquait l’exposition du Saint Sacrement et sa propre présence au confessionnal. Je sus après, que ma mère, inquiète en me voyant partir si déstabilisé de Washington, avait commencé une neuvaine pour me confier à la Vierge de Lourdes, neuvaine qui se terminait ce jour-là." Samedi 27 Février 2010
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