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Joseph et la beauté au quotidien



Joseph et la beauté au quotidien
Joseph artisan ne faisait que de beaux objets de ses propres mains. Des membres de ma famille ont éliminé de leur maison tous les objets en plastique pour les remplacer par des objets de fabrication artisanales. Leur choix, écologique et esthétique, a donné immédiatement à leur intérieur une atmosphère autre. Sensiblement plus belle au quotidien.

J'imagine que le balai, la pelle, les ustensiles de cuisine, les sets de table, et pourquoi pas, les bijoux de Marie, étaient d'une facture sobre et élégante : je les imagine selon mon propre goût, comme chacun de nous est apte à le faire, car les goûts et les couleurs sont " opinables", libres et variés. Mais la beauté, comme dit François Cheng, nous montre qu'il existe une intentionnalité dans les goûts et les couleurs.

« La beauté n’est pas un simple ornement. La beauté c’est un signe par lequel la création nous signifie que la vie a du sens », a ainsi expliqué François Cheng à l’animateur François Bunsel qui l’interrogeait sur la beauté. ( Source Aleteia, émission La grande librairie du 31 janvier 2020).

Qu'un poète chinois inculturé en France et influencé par saint François d'Assise, élu à l'Académie française, dise cela est une grande chance! Je suis certaine que Joseph est d'accord sur cette intentionnalité divine qu'il reproduisait dans chacun des objets qu'il fabriquait, en y mettant de l'amour. Joseph a vécu aussi ce que le poète d'origine chinoise qui ne se dit pas chrétien mais parcourt la voie du Christ :
 "Mais à travers François j'ai mieux connu le Christ et épousé sa Voie. Je suis porté par la conception du Tao, mais il me semble que la Voie du Christ m'a mené plus loin, dans mon rapport aux êtres et dans l'expérience mystique qu'est pour moi la poésie. La pauvreté intérieure, qui dénude et rend accueillant, permet d'être poète. Cette pauvreté se cultive par la méditation. On peut prier presque tout le temps, dans les salles d'attente, partout. Prier est une façon de s'ouvrir aux êtres et à l'Être, de déchiffrer et de relier".( Interview François Cheng, le Figaro du 27 nov 2014)



Alors, en mettant la beauté au quotidien dans les objets, mettons aussi et avant tout l'intentionnalité de l'amour. Tout le monde y gagnera, en méditation, écologiquement et théologiquement! 
 

Ce n'est pas chez Joseph qu'un Pilate eût commandé son lavabo, Hérode son lit, César sa chaise ( Francis Jammes)

Un autre poète, Francis Jammes, évoquait ainsi beauté, simplicité et noblesse de l'artisanat et du travail de Joseph :

"Si la poésie est la recherche du Ciel, et si la mort le découvre, que l’arrivée doit être bonne au poète ! Dès que l’un de ses fils lui a fermé les yeux, il voit tout ce qu’il ne voyait pas de cette splendeur dont il ne connaissait que des éclats et de pauvres rythmes. ô Joseph ! Souvenez-vous de votre sortie d’Egypte, quand la persécution eut pris fin, quel arc-en-ciel se leva sur les vergers sonores ! Mais ces merveilles ne furent rien, en comparaison de celles que vous avez contemplées au moment où, comme un lys, la main de votre divin Fils s’est posée sur votre paupière pour la clore. L’ombre peut régner dans ma chambre. Il y a de la lumière au-dehors. Vous m’êtes témoin, ô Saint Joseph ! Que les seules vraies joies que j’ai goûtées, c’est dans l’ombre quand je me sens avec vous. Lorsque l’on est privé d’honneurs, combien il est doux d’aimer son métier, de se dire que l’on travaille sur votre établi et que notre famille contemple notre œuvre du moins avec l’œil bienveillant de la foi ! Qu’Ils en ont vu, Jésus et Marie, d’hommes qui vous tenaient pour peu de chose, qui dressaient en face de votre boutique aux meubles simples et honnêtes leur art décoratif ! Ce n’est pas chez vous qu’un Pilate eût commandé son lavabo, Hérode son lit, César sa chaise. Ils s’adressaient aux fournisseurs officiels qui en recevaient de la gloire. Mais vous, Patron bien-aimé, vous avez déposé dans le cœur des ouvriers de bonne volonté, à qui ne vont point les faveurs des puissants de ce monde, cette graine cachée qui s’appelle l’amour et qui ne se vend ni ne s’achète". Francis Jammes, Le livre de Saint Joseph, Mélanges IV, Paris, Association Francis Jammes, 1994.

Samedi 1 Février 2020
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