Marie et Anne : Il s'est penché sur son humble servante

Marie a eu des parents inspirants, créatifs, présents, et aimants. Pas de vieux grands parents rébarbatifs ni même âgés, mais des parents resplendissants de jeunesse et d'énergie. Quand à la rentrée des classes, on invoque les grands-parents à la rescousse, ne les vieillissons pas : il en faut, de l'amour et de la présence, et des intentions aimantes constantes pour tout organiser sans "doubler" les encore plus jeunes parents. Donc, représentons-nous Anne et Joaquim comme à peine âgés de 20 ans quand ils font sauter la petite Marie sur leurs genoux, où quand ils lui apprennent les danses juives si entraînantes. Et lorsqu'ils devinrent grands parents, ils devaient avoir moins de quarante ans. Tous les grands-parents qui se penchent sur leurs petits enfants savent qu'il faut rester jeune et souple pour rester efficaces et disponibles!
 

Nous connaissons cette image de Marie enfant, accoudée sur les genoux d'Anne et lisant la Bible, sous l'oeil vigilant de sa maman. Joachim ne devait pas être loin lors de ces lumineuses leçons. Marie grimpait énergiquement sur les genoux maternels pour mieux désigner un mot, un passage... la concernant, mais à l'époque, ne voyait-elle pas avec ses yeux d'enfant ce qui concernait ses parents? Ils étaient pour elle l'image d'un jeune couple idéal d'Israël, aboutissement de toutes les grâces et de toute la force vive du peuple juif. Et Marie, joyeusement, posait toutes sortes de questions sur ses ancêtres, sur Eve, Sara, Rachel, Myriam, Ruth, Esther, Judith, Déborah, la fille de Jephté, Riçpa, Bethsabée, et tant d'autres! Elle se sentait la petite descendante de toutes ces femmes splendides et remarquables, marquantes et inspirantes comme sa maman!

Marie aimait certainement se remémorer sa petitesse bénie, et cette grandeur qui émanait d'Anne et des récits que lui retraçait sa mère. Certainement, Marie aime être considérée comme petite au regard de son peuple et des femmes de son peuple. Plus tard, elle comprendrait et intègrerait les douleurs, les combats, les enjeux titanesques du Salut.
Mais lors du Magnificat,  quand elle dit : "Il s'est penchée sur son humble servante", ne revoit-elle pas Anne, sa mère, penchée sur elle? Car si Dieu s'est penché sur son humble servante, c'est à travers chacune des femmes évoquées dans la Bible qu'Il s'est penché sur celle qu'Il préparait. 
Ainsi, Marie reste au fond de son coeur cette petite enfant sur les genoux d'Anne... et que toute sa lignée élève vers Dieu.
Alors, quand Marie et Joseph se pencheront à leur tour sur l'enfant Jésus, Marie verra Dieu joyeusement petit comme elle, et bientôt, lui-même grimpera sur ses genoux pour souligner un passage de la Bible... et l'expliciter entièrement.

AC