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Saint Joseph, et la décroissance : se déconnecter de la Mégamachine



Comment prendre de la hauteur ?

Bonne fête du premier mai, fête de Joseph travailleur.
Que dirait Joseph face à notre terre perturbée, et à ses habitants en danger ? Comment prendre de la hauteur, avec lui, sans perdre le contact avec la difficile période actuelle ? Parler de travail, quand un immense nombre parmi nous risque de perdre le sien ? De décroissance, quand la pauvreté guette, à des degrés différents, pour certains dramatiques ?

Joseph a vécu cohérent avec tout ce que nous appelons sobriété, vie proche de la nature, protection de la planète, et en ce qui concerne Joseph, protection du Créateur de la planète Lui-même, du Créateur de la nature en personne

Ce que nous appelons décroissance, Joseph l'appelait bonheur simple. Ce n'était pas toujours facile, mais il le vivait avec Jésus et Marie. La privation n'était pas son atmosphère, elle était dominée par un autre type de surabondance, car la présence du Créateur était protégée au sein même de la Création

Joseph avait le temps. Il n'était pas sollicité par un téléphone portable aux micro intrusions permanentes. Il n'était pas pris dans une mégamachine le connectant inutilement au lointain pour le déconnecter du proche et de l'intérieur. Joseph n'avait pas besoin de formater les gens au travail selon un modèle informatique : les gens n'étaient pas pour lui des protocoles de travail. Les protocoles sont utiles, mais on ne gère pas les gens comme des dossiers informatiques. La tyrannie du modèle technocratique était inconnue au contemplatif Joseph.

Ses outils et ses instruments n'avaient pas envahi le champ humain au point de devenir les idoles les plus dangereuses que nous connaissons : le professionnalisme confondu avec le formatage, l'instrumentalisation close sur elle-même de l'humain par la technique. On peut lire le livre de Serge Latouche, la Mégamachine, pour comprendre l'ampleur planétaire du problème. Voici un extrait de la quatrième de couverture : "La plus extraordinaire machine jamais inventée et construite par l’homme n’est autre que l’organisation sociale. Sous l’égide de la main invisible, techniques sociales et politiques, d’une part — de la persuasion clandestine publicitaire au viol des foules par la propagande, démultipliées par les autoroutes de l’information —, techniques économiques et productives, d’autre part — du fordisme au toyotisme, de la robotique à la biotechnologie —, s’échangent, fusionnent, s’interpénètrent. « Elles s’articulent désormais en un gigantesque réseau mondial mis en œuvre par des firmes et des entités transnationales qui soumettent États, partis, sectes, syndicats, ONG, etc. L’emprise de la rationalité technoscientifique et économique donne à l’ensemble une ampleur inédite et en fait une “mégamachine” jamais vue dans l’histoire des hommes".

 

Se déconnecter de la Mégamachine avec l'aide de Joseph

C'est cette mégamachine qui est à l'origine des pandémies, des burn outs de manager formatant les personnes comme des chiffres, à commencer par eux-mêmes. La mégamachine, maître en illusion comme la main invisible d'Adam Smith, fait voir de l'efficience programmée là où il y a en réalité de l'humain et de la contemplation. Elle rend aveugle, les yeux ne voient plus que de l'amélioration de rentabilité. J'ai vu une fois un chef d'entreprise dans un monastère s'exclamer : " comme cet abbé est performant!", prenant une salutation très brève pour un désir de temps gagné alors que c'était humilité et discrétion pour laisser la place aux autres. De performance, d'efficience, il n'y en avait pas, c'était au contraire l'attention donnée à l'humain, à la relation, à la réciprocité, au regard échangé, aux nouvelles des uns et des autres. La mégamachine nous fait vivre dans une privation invisible constante : privation du contact avec la nature, les animaux, les êtres humains, notre intériorité. Une image du déconfinement, intitulée " retour à l'anormal", montre l'absurdité de notre mode de vie. On y voit le retour de la 5 G, des autoroutes géantes, des avions géants, des centre commerciaux géants, des drones livreurs, des applications de tracking, tout le " méga" qui nous encombre et nous nuit.

Saint Joseph lutterait aujourd'hui contre la mégamachine. Décroissance ou non, son modèle de travail serait dialogue humain, échange, temps " perdu" ensemble, regard attentif, détente... tout ce qui rend le travail ensuite efficace, mais sur une base humaine, et non pas technique. La décroissance, aujourd'hui, doit être un retour à une efficacité bienveillante humainement. Elle implique une grande part de déconnexion de gadgets dangereux qui font de nos relations des données exploitables chiffrées. Elle est créativité, comme cette entreprise d'Oyas, des poteries qu'on enterre dans son jardin ou dans son bac à fleurs : écologiques, elle permette de gagner 70 % d'eau pat rapport à un arrosage classique. La poterie, poreuse, diffuse l'eau en quantité nécessaire et auto-régulée, sans électronique ni robinetterie. Joseph devait connaître, je parie!

Joseph, lui, nous réintroduit dans l'horizon large " non connecté", libre, de plein air, en communion, sans engrenages ni notifications. Il est certain qu'une époque nouvelle s'ouvre, de libération des techniques et technologies invasives. C'est une forme de décroissance vitale pour retrouver le bonheur au travail.

Bon premier mai!

AC

Jeudi 30 Avril 2020
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