Sermon de Noël de Mgr Brincard: Quelqu'un capable de changer notre coeur.
Les plus âgés d’entre nous évoquent les Noël de leur enfance et se souviennent d’un moment de grande paix. Oui, Noel, c’est une fête qui touche très profondément notre coeur. Il est bon de nous demander pourquoi. Nous avons sous les yeux une crèche. Vous savez sans doute que c’est Saint François d’Assise au 13eme siècle qui eutl’inspiration heureuse de faire une crèche, de représenter de manière visible le mystère de Noël. Cette crèche nous rappelle tout d’abord que Noël est un événement, c’est-à-dire une réalité dans notre histoire, dans l’histoire des hommes, ce n’est pas une légende, ce n’est pas un conte, ce n’est pas je ne sais quoi, c’est un très grand évènement. Un événement qui s’est déroulé dans le temps, l’Evangile vient de nous le rappeller, à une époque déterminée, un événement qui s’est déroulé dans un lieu, un événement qui s’est déroulé aussi dans une très grande pauvreté qui faisait pleurer saint François. Mais pourquoi pleurait-il ? Parce que dans la lumière de la foi, l’enfant de Béthléem, c’est Dieu venu parmi nous, c’est Dieu lui-même qui prend notre nature humaine, qui l’unit à la nature divine dans son Fils et qui est présent au milieu de nous, au milieu des hommes, avec une pauvreté inouïe. Une pauvreté qui manifeste un mystère qui est en lui. Cet Enfant, c’est le Seigneur, c’est Dieu Lui-Même et Il vient vers nous comme le Messie, le Sauveur. Pour découvrir la grandeur de la fête de Noël, il faut regarder notre propre coeur. Il faut nous poser la question : à quoi mon coeur aspire-t-il ? qu’est-ce qu’il désire ? Dans certaines épreuves, ces désirs apparaissent très fortement. Le désir d’être aimé, le désir d’aimer ! Et en même temps, quand nous entrons dans notre coeur, nous découvrons qu’il est rempli de ténèbres, de poids, de difficultés. Un jour, je demandais à quelqu’un : " Qu’est-ce qui est pour toi la plus terrible épreuve ?" Il m’a fait cette réponse qui fait réfléchir : " Le plus terrible, ce n’est pas de souffrir, c’est de faire souffrir !" Et sans doute découvrait-il ces ténèbres qui sont en nous, ces résistances, ces poids, ces difficultés. Alors, à ce moment-là, nous commençons à comprendre l’importance de désirer un Sauveur, quelqu’un capable de changer notre coeur, quelqu’un capable de remplir ce coeur d’un amour qui finalement dépasse ce que nous pouvons imaginer. Noël commence à devenir pour nous un événement important à partir de l’expérience de ce qui se passe au plus profond de nous-mêmes. Et comme je vous félicite, frères et soeurs, d’avoir pris le temps de venir dans cette cathédrale, comme je vous félicite d’avoir pris le temps, ce qui finalement représente un choix, pour entrer dans votre coeur, comme j’entre dans le mien, afin de permettre aux désirs de faire découvrir dans la lumière de la foi, Noël. La foi, qu’est-ce que c’est ? La foi, c’est découvrir qu’on est aimé au-delà de ce qu’on peut en comprendre. On peut toujours comprendre davantage sans jamais comprendre complètement. On est dépassé par l’amour. Et on est dépassé par l’amour de Dieu pour nous. Je voudrais ici prendre une image, pour faire comprendre que la foi, c’est une découverte et une confiance. Est-ce qu’on prend l’océan avec un filet ? L’océan symbolise l’amour de Dieu pour nous, le filet symbolise notre intelligence, nos capacités de comprendre ; je ne sache pas qu’en retirant le filet de l’océan, l’océan se trouve dans le filet. La foi, c’est accepter d’être dépassé par l’amour. Si l’amour vous intéresse, Noël est important ! Et je voudrais maintenant me tourner à nouveau vers l’Enfant de Béthléem. Si c’est Dieu lui-même venu vers nous, avec un amour qui dépasse notre entendement, Noël est très important pour nous. La mission de cet enfant, nous l’avons entendu dans la première lecture, avec des paroles qui sont peut-être restées un peu mystérieuses, cet Enfant est désigné comme le merveilleux conseiller, le Dieu fort, le Père à jamais, le Prince de la Paix. Le Conseiller : Il vient nous indiquer le chemin du bonheur. Le Dieu fort : Il nous donne l’amour-même de Dieu pour nous, un amour puissant, capable justement de nous délivrer et de nous changer. Si l’un d’entre vous me dit : " Je suis capable de changer mon coeur par moi-même", qu’il le fasse et qu’il le fasse tout le temps. Si nous avons besoin d’un amour pour le changer, à ce moment-là, il y a un appel en nous, je l’ai évoqué tout-à-l’heure, Dieu fort, Père à jamais, cet Enfant donne vie à notre coeur, la vie même de Dieu, cette vie que nous avons reçue, beaucoup d’entre nous, au baptême. Il est enfin le Prince de la Paix. C’est Lui qui nous réconcilie avec Dieu, qui nous réconcilie entre nous. On sent que le jour de Noël, c’est un jour de Paix. Nous souhaitons qu’il le soit dans nos familles, à travers des réconciliations, que ce soit dans nos communautés, par un meilleur accueil, notamment des plus petits et des plus pauvres, pensons à eux ce soir, un pauvre, ce n’est pas seulement quelqu’un qui manque de moyens matériels, c’est aussi quelqu’un qui manque d’affection. Prince de la Paix : Il est venu nous réconcilier et nous savons par quel chemin. Regardez cette croix lumineuse au-dessus de l’autel. Frères et soeurs, je voudrais conclure par une question. Jésus, notre Sauveur, comment le rencontrer aujourd’hui ? Est-ce que l’événement de Noël est un événement passé ? Je disais tout-à-l’heure daté et localisé, mais il y a deux mille ans. Ou est-ce que Jésus est quelqu’un que je peux rencontrer aujourd’hui ? Je pense que si vous êtes dans cette église, dans cette cathédrale, c’est que vous vous posez la question, que vous présentez peut-être que cette messe, ce n’est pas simplement des gestes, c’est une rencontre avec Quelqu’un qui vient vers nous. Dans quelques instants, Jésus, avec tout le mystère de sa vie humaine au milieu des hommes, avec le mystère de Noël, le mystère de son offrande sur la Croix, le mystère de sa Resurrection, c’est-à-dire de son triomphe sur la mort, Jésus sera au milieu de nous, dans une pauvreté, qui est comparable mais un peu différente, à celle de Bethléem. Dans quelques instants, vous entendrez des paroles. Ce sont les paroles de Jésus, à travers des serviteurs que nous devons être toujours : "Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang". A ce moment précis, avec les yeux intérieurs de la foi, nous avons la certitude qu’Il est au milieu de nous, comme un soleil caché derrière un nuage, aujourd’hui, nous avons pu le constater sans difficultés, les nuages étant nombreux dans le ciel, le soleil était caché. Il est pourtant là, sinon sans lui nous n’aurions ni la lumière, ni la vie. Il en va de même pour l’Eucharistie : un grand soleil caché derrière un nuage. Et un enfant me disait un jour, j’aime répéter cette histoire car je ne me lasse jamais de méditer sur cette parole, car dans la nuit de Noël on évoque un enfant, un enfant donc qui préparait sa première communion me disait : " Ah, je comprends pourquoi je ne peux pas voir Jésus, Il est toute la lumière si brûlante qu’Il brûlerait mes yeux. Comme le soleil fixé par le regard peut brûler nos yeux. Mais Père-Evêque, je ne peux pas le voir parce qu’Il brûlerait mes yeux, mais Il peut déjà brûler mon coeur". Demandons, avec l’aide de la foi et avec l’aide de l’espérance, qu’il en soit ainsi pour chacun d’entre nous de telle manière qu’en sortant de cette cathédrale, nous ayons un visage nouveau, un coeur nouveau, des mains plus généreuses, ce sera alors vraiment Noël. Demandons cela à la Vierge Marie de nous faire contempler en Jésus le sauveur du monde, Dieu venu parmi nous, Dieu avec nous, l’Emmanuel, je souhaite une bonne fête à tous les Emmanuel parmi nous car Emmanuel en hébreu veut dire Dieu avec nous. Monseigneur Brincard Noël 2009 voir sur le site de la Cathédrale du Puy Samedi 27 Février 2010
Lu 1616 fois
Dans la même rubrique :
L’Eglise et internet : Message de Benoît XVI pour la Journée des communications sociales - 01/03/2010 |
||