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Une place pour la résurrection du Christ, s'il-vous-plaît...



Le tribun et l'apôtre Barthélémy
Le tribun et l'apôtre Barthélémy
Avez-vous vu la Résurrection du Christ? Avez-vous réservé votre place pour la Résurrection du Christ? Le titre de ce film permet de sourire aux caissières, en entendant des dialogues inattendus, du style : " La résurrection, attendez, Madame, c'est commencé", et dans ma tête je complète : " Depuis 2000 ans..."
Mais passons au film en soi.
Un ovni, catholique, parfait.
Ovni : le scénario vous emporte au pied de la Croix, et dans la violence romaine, Mel Gibson et la Passion ne sont pas loin, zut, on connaît déjà. Et bien, pas du tout. Le tribun romain ( vraiment trop beau, ce shakespearien Fiennes) qui débarque comme un extra-terrestre à la recherche du corps dérobé soi-disant par les disciples finit par nous mener en bateau à la pêche miraculeuse. Je fais exprès de décrire cela n'importe comment, car tout dire serait tout spoiler.

La beauté des images, l'incroyable sagacité de la distribution, l'humour palpable entre l'horreur absolue et la douceur absolue, les prises de vue hyper réalistes, la mise en scène somptueuse, les rebondissements psychologiques déroutants de foi déguisée en illuminisme ( et non pas le contraire, ce qui change!), tout fait de cet ovni un bonheur à déguster sans crainte d'autre persécution que celle des mal embouchés, donc plutôt du côté des vendeurs professionnels de déprime imprimée cathos ou non...le peuple des cinéphiles cathos ou non ne s'y trompera pas et fait déjà un triomphe, c'est le cas de le dire,  au tribun Clavius/Joseph Fiennes et à sa quête.

Un film vraiment catholique : aucun ridicule affublé aux disciples, une Marie-Madeleine telle qu'on la rêve, rachetée, et convaincante, des apôtres confrontés au réel de la Résurrection comme au réel de la Croix, et surtout, surtout, un Jésus sorti tout droit d'une icône byzantine, qui échappe enfin au poncif cinématographique de ces dernières décennies. Cliff Curtis, l'acteur qui donne au Christ un sourire naturel bienvenu, est d'origine Maori. Sa présence est toute de justesse et de lumière....cinématographique, car l'art du metteur en scène est d'évoquer à chaque fois les oeuvres d'art les plus classiques sans jamais être sulpicien, pas de rose bonbon dans ce péplum américano/romain au fond à la fois déjanté et enchanteur. On passera sur des détails assez loin du texte de l'évangile, pour garder l'essentiel : l'illustration respectueuse de la  résurrection corporelle du Christ, le film étant un mélange des genres détonnant propre à notre époque, il ne ravira pas les académiciens ni les gens trop à cheval sur un seul genre, une seule idée, ou un seul style...or, ici, nous sommes entre l'enquête policière, le thriller religieux, l'évangile apocryphe, le péplum romain, etc...et l'ensemble donne bien un ovni.

La finesse de l'évangélisation réside dans le fait que l'on passe progressivement du peplum et de la lourde violence romaine ( et américaine, quasiment pastichée avec un humour gore lourdingue volontaire dans la recherche des cadavres dérobés) à un éloignement du mal et une atmosphère de plus en plus lumineuse et joyeuse, véritable évocation de l'évangile sur les bord du lac de Galilée, évocation de plus en plus souriante, pour ne pas dire réjouissante.

C'était donc bien une place pour la résurrection du Christ : un divertissement à l'inverse du divertissement pascalien, ce film étonnant nous divertit, au sens de détourner, des critiques ronchonnes, du sérieux non évangélisateur, des analyses prétentieuses, pour simplement évoquer la joie de l'évangile. Sûr, le Pape François apprécierait ce film : on y présente en plus Pierre recevant sa mission de paître les brebis de Jésus, et pour ceux qui ont déjà eu la chance d'aller en Galilée, les paysages sont authentiques et somptueux, c'est-à-dire cinématographiquement retouchés mais pour plus de réalisme historique, c'est la loi du genre. Un film à voir à l'approche de la Pentecôte, période qu'il évoque et qui explique sa date de sortie parfaitement calibrée.

Samedi 7 Mai 2016
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