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Joseph et l'effet petit lord Fauntleroy



La faille du mal et la faille du bien

Pour ceux qui se souviennent du merveilleux Alec Guiness dans son rôle de grand-père acariâtre, atteint de la goutte, insensible aux malheurs des autres, et se transformant à l'arrivée de Cédric, son héritier... Le vieil homme en nous se retrouve avec un humour au départ sans indulgence : le film des années 1980 montre le regard clairvoyant des domestiques, tous plus british les uns que les autres. Chaque fois que le comte de Dorincourt ( Alec Guiness) commet un acte de dureté, les domestiques échangent des regards plus expressifs que des mots. La faille du mal chez le comte de Dorincourt est visible, encroûtée d'âge, de maladie, de solitude, d'orgueil sublime, ah, quel acteur ce Guiness. On se retrouve tous dans ses mouvements d'humeur, ses jugements sans appel, ses condamnations justifiées et imparables. Le vieil homme trône, indéboulonnable. On se retrouve aussi dans les soupirs des domestiques obligés de sauver leur emploi dans un silence réprobateur. Le regard désabusé que nous portons sur nous?

Le vieil homme et le meilleur des hommes

Et voilà que débarque l'esprit d'enfance, avec sa maman, reléguée dans un cottage en vue de l'éloigner de son fils. Le petit Lord, délicieux blondinet candide et courageux semble, je dis bien semble seulement, ne jamais voir les défauts de son grand-père, à commencer le fait qu'il a ordonné de le séparer de sa mère. Celle-ci, héroïque, demande que Cedric ne sache jamais l'aversion de son grand-père pour elle, l'américaine épousée par amour. 

Dans un passage clé du film, Cedric obtient qu'un métayer, pauvre et malade avec charge de famille, se voit octroyer un délai pour payer son loyer. Le terrible comte est sur le point de l'expulser sans délai, tout le village assiste à la scène à la porte de l'Eglise. Cedric prend de court son grand-père, s'adresse au métayer et déclare, pour la énième fois du film, que son grand-père est le meilleur des hommes, qu'il n'y en a pas de plus généreux, et que lui, Cédric, ne doute pas que son grand-père une fois de plus, va faire preuve de sa bonté. Echanges de regards sidérés de tout le village, du métayer et du grand-père!

L'instant propice

Et le comte de Dorincourt fait grâce, la main de Cédric posée sur son épaule, le regard et la voix de l'enfant, son intelligence en réalité sans naïveté à cet instant lui permettant de "rouler" dans un coup d'audace son acariâtre grand-père en vue du bien. Malgré lui. Cédric a vu en lui la faille du bien et l'instant propice.

Jésus Enfant devait sans conteste agir de même : une suggestion de bien, plutôt que de souligner le mal, avec pourtant un diagnostic réel sur la difficulté à accomplir le bien qui nous guette. Joseph a dû l'observer, calmant un contre-maître égyptien trop dur, suggérant un geste de gentillesse et d'aide, ne doutant pas du bien possible qu'Il a vu dans la personne. Quand ce bien existe! N'oublions pas que Jésus sera capable de dire d'Hérode " Allez dire à ce renard".... Il était bien tard pour Hérode, hypocrite et animé de l'intention de tuer. 

Mais en chacun de nous, la faille du bien demande qu'on l'élargisse, qu'on y croit, qu'on la remplisse de confiance, d'un regard neuf et quasi-enfantin dans sa pureté, celui que Joseph voyait quotidiennement à l'oeuvre!

Anne C


Lundi 20 Janvier 2020
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