Joseph et la couronne de Marie, reine des coeurs

Dans mon "village", la statue de la vierge Marie possède une jolie couronne : en la fête de Marie Reine, je voulais méditer un peu sur Marie...mais était-ce les joyaux de la couronne (non britannique), l'atmosphère calme et presque féérique, le soleil jouant de ses reflets sur la couronne, je suis partie sur cette question d'enfant : "quel est le plus beau joyau?".
Oui, quel est le plus beau joyau de la couronne de Marie? Etre au ciel après l'Assomption? Avoir des cathédrales à son nom? S'entendre dire : "je vous choisis, ô Marie, pour ma mère et ma reine"? 
Du coup, j'ai osé poser la question à saint Joseph.

Joseph, qui possède lui aussi une couronne, ne peut répondre qu'en termes bibliques. Lui qui descendait du roi David, il sait que la royauté de Marie assume (dans son Assomption) toutes les royautés terrestres pour les mener à la royauté du descendant de David, Jésus. Ainsi, Joseph peut se déclarer lui-même un "joyau" de la couronne spirituelle de Marie. 
Mais Marie n'est pas sortie toute faite de la cuisse de Jupiter ( c'est certain!), elle n'est pas une reine inaccessible. Elle est la descendante de Sara, l'épouse d'Abraham, dont le nom signifie "Princesse" : Sara prépare la future reine. Prenons aussi Esther : cette reine ( couronnée entre Suze et Babylone) annonce la royauté de Marie : cachée, puis resplendissante, ce type de royauté est celle du Salut. 

Et si Joseph nous explique qui était l'épouse du roi David, il en ressort une histoire de conversion radicale : Bethsabée assassine, sur l'injonction de David, son mari pour épouser le roi... Retournement de situation, cette royauté terrestre se change en royauté spirituelle : la reine pécheresse reconnaît, avec le roi son complice, que sa couronne est faite de trahison. Puis, sur cet aveu, Bethsabée devient une véritable reine-mère : elle perd son premier enfant, illégitime, et donne naissance à Salomon, le futur roi. Entre les deux, cette reine-mère a perdu son arrogance et son ambition, et le roi David de même. 
A partir de Bethsabée, la "reine-mère" est l'image de la miséricorde reçue au féminin. Marie, vierge et sans péché, descend aussi de cette reine-mère. Ainsi, Marie, Reine, sait que tout le salut repose sur la Miséricorde de Dieu.

Pour revenir aux joyaux, la couronne de Marie, ce sont nos coeurs, qu'elle amène à Jésus, le fils de David, le Roi préfiguré par David et attendu par le Peuple Juif. 
Marie est donc autant mère que reine : c'est en méditant l'histoire de Sara, Esther, Bethsabée et tant d'autres femmes de la Bible, qu'elle a mûri en son âme le Magnificat. Pour comprendre la royauté de Marie, et son humilité enracinée dans l'histoire de son peuple, il faut redécouvrir le cheminement biblique de la royauté messianique : cela rend d'ailleurs Marie beaucoup plus réelle, inspirante, imitable, proche et humaine dans le concret de l'histoire biblique, tout en confirmant la logique des dogmes mariaux. On évite ainsi la "mariolatrie", qui est surtout une approche éthérée, irréaliste, déracinée, désincarnée, d'une reine-mère "plaquée" sur le présent à grand renfort d'idéalisation de perfection sortie de nulle part. Je connais beaucoup de personnes (catholiques y compris) que cette approche, non biblique et "massivement imposée" rebute et détourne de la véritable Marie de la bible et de la tradition catholique véritable. Comment remédier à cela?
"Je vous choisis pour ma mère et ma reine", voilà un choix que seule une connaissance de la Bible lue avec le coeur peut permettre.
Et Joseph, qui vivait cette histoire au présent, fut le premier à choisir Marie comme reine : reine et mère du Messie, reine de son coeur.

AC