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For interne, for externe : Les mots de passe de notre coeur



Les mots de passe de notre coeur et le for interne

"Il est important de connaître les mots de passe de notre cœur, ce à quoi nous sommes le plus sensibles, pour se protéger des mots persuasifs présentés pour nous manipuler, mais aussi pour reconnaître ce qui est vraiment important", pape François, tweet du 22 octobre 2022

Un exemple concret

Ce tweet du pape François est aussi repris dans sa catéchèse sur le discernement lors des audiences du mercredi. Je vous donne un exemple concret de mot de passe de mon coeur sans entrer dans mon for interne, donc rassurez-vous, c'est un exemple pour expliquer : quand vous prononcez le mot Cahemire, je sors immédiatement mon porte monnaie. Ce mot de passe déclenche chez moi une envie de pull doux, chaud, léger, confortable... J'ai une passion pour le cachemire et derrière, il y a toute une histoire personnelle. Si je vous la racontais, vous sauriez comment toujours me faire dépenser des sous pour un pull dont je n'ai pas besoin. Vous seriez capable de me manipuler au for interne et personnel à partir d'un accès extérieur. 
 

La confession et le mot de passe

Le For interne sacramentel, la confession, est un accès direct au for interne. Voilà pourquoi il faut apprendre à ne donner que le mot de passe de la demande de pardon. Il faut apprendre à se confesser librement. Jusqu'ici, on nous a beaucoup appris à nous confesser entièrement, sans cacher de péché. Effectivement, se confesser consiste à dire le mal que l'on a fait, et on dit tout ce mal à Dieu. Le prêtre qui entend devra ne jamais pouvoir rapporter ces propos. Pour cela, il est important de lui retirer l'accès au mot de passe : le mot de passe doit être effacé.

Concrètement, cela signifie ne pas se confesser à un prêtre qui a accès à notre "terminal", c'est à dire à notre vie de tous les jours et à nos amis et relations. Cela l'aidera à ne jamais stocker nos mots de passe. Il fera tout pour oublier de son côté aussi car il représente le pardon de Dieu qui efface le péché.
Je reviens à mon cachemire : imaginons que je confesse avoir volé trente pulls en cachemire à 100 euros chacun. C'est le fait et je le dis entièrement et librement, je ne dis pas 29 pulls. Mais je ne dis pas plus : je ne raconte pas l'origine psychologique de cette faiblesse, le traumatisme qui a pu le produire. Imaginons encore : " Mon père, je tombe amoureuse de tout homme qui porte un pull en cachemire, et vous portez justement un beau pull en pur cachemire....". 

Notre responsabilité : ne pas donner les mots de passe de notre coeur, ne tout dire QUE sur le sujet concerné

Une personne qui saura toute l'histoire derrière le mot de passe pourra manipuler ma vie. Le psychologue non plus ne doit pas tout savoir, et encore moins communiquer avec mon cercle de relations, surtout en Eglise. Il faut donc apprendre à ne pas se confesser "à côté de la plaque". Et à ne pas raconter à son psychologue les implications spirituelles de nos traumatismes. Apprendre à se connaître et à "gérer ses mots de passe" consiste à DIRE LA BONNE CHOSE A LA BONNE PERSONNE.
Et il est aussi de notre responsabilité personnelle de gérer librement nos confidences. La vraie confiance, c'est la confiance qui reste un acte libre.

Changer de confesseur, d'accompagnateur, de conseiller, en fonction du sujet abordé et de la liberté : la vraie confiance est toujours un acte libre

Toute une génération a appris à se confesser et à être accompagnée et guidée de façon holistique : on demande au confesseur de consoler, au psychologue de discerner, au notaire de régler les problèmes de famille... bref, on cherche toujours un gourou multifonction, car c'est à cela que mène l'holistique mal comprise.

Ce n'est pas la manière de l'Esprit Saint. Oui, il faut tout dire à son confesseur de ses péchés, mais rien du reste. Oui, il faut faire confiance à son accompagnateur spirituel mais sans lui demander d'être un consolateur à la place de l'Esprit Saint et de la consolation qu'apportent la vérité, la justice, l'amour de Dieu reçus dans la confession. Et on peut avoir un excellent psychologue à qui on ne dira rien de ses finances ou de ses faiblesses sur le cachemire (au cas où il partage la même faiblesse). 
De plus, on peut avoir plusieurs confesseurs, par exemple un local et quotidien et un pour les choses plus graves ou qui concernent des personnes qu'il croise dans la vie de notre village, de notre famille. On peut demander des conseils spirituels à toute personne avisée en plus de son accompagnateur spirituel sans pour autant manquer de confiance. Simplement, on évite de mettre notre accompagnateur en position de gourou.

En tout cela, il faut apprendre la liberté dans l'Esprit Saint, car c'est à Lui que l'on fait confiance en ultime ressort. Aucune des aides que je viens de mentionner n'est à elle seule le salut, toutes sont bonnes à leur juste place et fonction. C'est un apprentissage et une conversion perpétuelle, et que l'Eglise doit ajuster plus que jamais aujourd'hui. Lorsque le pape dit que les mots de passe de notre coeur sont important aussi pour discerner ce qui est important, c'est aussi une manière de souligner que notre for interne, notre coeur, est trop précieux pour être divulgué n'importe comment. Voilà pourquoi cela nécessite une formation et une information. L'Eglise doit devenir de plus en plus créative et prudente sur ces points : former des confesseurs, des accompagnateurs, des fidèles conscients de l'importance des mots de passe du coeur.

AC

Vendredi 16 Décembre 2022
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