Armé de son téléphone, de sa liste de contacts et de son expérience reconnue de vaticaniste réputé, le journaliste est arrivé à Nazareth pour enquêter. On lui a dit qu'il y avait là " un tuyau".
Il est entré dans la maison de Joseph, a parlé avec Marie, regardé l'enfant et voici ce qu'il a écrit, en pur spécialiste :
" Selon notre confrère nazaréthiste, il se passerait là quelque chose. Non, monsieur mon cher confrère, mon enquête montre que ces braves gens n'ont aucun intérêt. Ils sont ordinaires. Pas de réseau. Pas de contacts politiques. Le tuyau n'en était pas un. Je pense qu'il faut, pour comprendre ce qui se passe à Nazareth, se rendre chez le Gouverneur, et lui demander qui sont ses opposants les plus farouches. De Nazareth, je n'ai rien trouvé de bon à dévoiler. Aucune légende à amplifier : ces gens ne font pas parler d'eux. Ils n'ont rien de remarquable. Fausse piste, donc, j'ai fait le trajet pour rien. Je retourne donc au Vatican, car on m'a indiqué un tuyau valable, une grosse affaire, là, je serai à nouveau au coeur du système, avec des oppositions, des ennemis, des papabile, et je ne me trompe jamais : mon expérience et mon flair me disent toujours où se passe l'événement réel, celui qui rapporte, celui qui sera relaté pendant au moins 5 jours de suite. De Nazareth, il ne peut rien sortir de bon pour un journaliste, tous les vaticanistes experts vous le diront. Ce Joseph dont on m'a vaguement parlé m'a semblé froussard, taciturne, fondamentaliste, renfermé. Il ne m'a jamais laissé interroger sa femme, qui souriait et n'avait d'yeux, comme toute les femmes, que pour son bambin. Joseph, je pense, a été mis à l'écart par les dirigeants du village, une sanction peut-être pour les prix trop bas de son commerce, on m'a dit qu'il travaillait mal, et rien qu'à ses mains ( je m'y connais en travailleur de force), je peux dire qu'il bâcle tout. Bref, à Nazareth, un vaticaniste comme moi perd son temps, cette famille n'a rien à apporter au Vatican ".
Heureusement, un autre Vaticaniste, qui signe du nom de Luc, a eu une autre approche :
" J'ai suivi les indications et suis arrivé chez Marie et Joseph. J'avais du temps, et j'ai déjeuné plusieurs fois avec eux. J'ai fait un portrait de Marie, et étudié l'atelier de Joseph, rempli de choses magnifiques mais simples. En interrogeant les voisins, j'ai perçu comme un mystère, à approfondir. Il semble que là, tout tourne autour de l'Enfant, comme au Vatican, tout tourne autour de la Messe. On ne sait jamais vraiment quelle surprise nous attend. A Nazareth, la devise est un peu celle du futur papabile : " pour vivre heureux, vivons caché", en attendant que les événements mettent quelque chose ou quelqu'un en lumière. Souvent, cela sera exactement ce que personne n'avait prévu. C'est pour cela que j'aime être vaticaniste : pape en entrant au conclave, cardinal en sortant. Dans mon métier, c'est pareil : le vaticaniste ne voit bien le Vatican que s'il a compris Nazareth".
Anne C
Il est entré dans la maison de Joseph, a parlé avec Marie, regardé l'enfant et voici ce qu'il a écrit, en pur spécialiste :
" Selon notre confrère nazaréthiste, il se passerait là quelque chose. Non, monsieur mon cher confrère, mon enquête montre que ces braves gens n'ont aucun intérêt. Ils sont ordinaires. Pas de réseau. Pas de contacts politiques. Le tuyau n'en était pas un. Je pense qu'il faut, pour comprendre ce qui se passe à Nazareth, se rendre chez le Gouverneur, et lui demander qui sont ses opposants les plus farouches. De Nazareth, je n'ai rien trouvé de bon à dévoiler. Aucune légende à amplifier : ces gens ne font pas parler d'eux. Ils n'ont rien de remarquable. Fausse piste, donc, j'ai fait le trajet pour rien. Je retourne donc au Vatican, car on m'a indiqué un tuyau valable, une grosse affaire, là, je serai à nouveau au coeur du système, avec des oppositions, des ennemis, des papabile, et je ne me trompe jamais : mon expérience et mon flair me disent toujours où se passe l'événement réel, celui qui rapporte, celui qui sera relaté pendant au moins 5 jours de suite. De Nazareth, il ne peut rien sortir de bon pour un journaliste, tous les vaticanistes experts vous le diront. Ce Joseph dont on m'a vaguement parlé m'a semblé froussard, taciturne, fondamentaliste, renfermé. Il ne m'a jamais laissé interroger sa femme, qui souriait et n'avait d'yeux, comme toute les femmes, que pour son bambin. Joseph, je pense, a été mis à l'écart par les dirigeants du village, une sanction peut-être pour les prix trop bas de son commerce, on m'a dit qu'il travaillait mal, et rien qu'à ses mains ( je m'y connais en travailleur de force), je peux dire qu'il bâcle tout. Bref, à Nazareth, un vaticaniste comme moi perd son temps, cette famille n'a rien à apporter au Vatican ".
Heureusement, un autre Vaticaniste, qui signe du nom de Luc, a eu une autre approche :
" J'ai suivi les indications et suis arrivé chez Marie et Joseph. J'avais du temps, et j'ai déjeuné plusieurs fois avec eux. J'ai fait un portrait de Marie, et étudié l'atelier de Joseph, rempli de choses magnifiques mais simples. En interrogeant les voisins, j'ai perçu comme un mystère, à approfondir. Il semble que là, tout tourne autour de l'Enfant, comme au Vatican, tout tourne autour de la Messe. On ne sait jamais vraiment quelle surprise nous attend. A Nazareth, la devise est un peu celle du futur papabile : " pour vivre heureux, vivons caché", en attendant que les événements mettent quelque chose ou quelqu'un en lumière. Souvent, cela sera exactement ce que personne n'avait prévu. C'est pour cela que j'aime être vaticaniste : pape en entrant au conclave, cardinal en sortant. Dans mon métier, c'est pareil : le vaticaniste ne voit bien le Vatican que s'il a compris Nazareth".
Anne C