Marie et le secret de son intimité
Le lumineux pape Benoît XVI a écrit dans son livre sur l'Enfance de Jésus une petite phrase théologique qui m'a fait longuement réfléchir. Il n'est pas étonnant qu'il soit parti dans la période liturgique qui évoque la partie des Evangiles qu'il a commenté avec tant de coeur. En relisant son admirable petit livre, je constate à nouveau combien Benoît XVI a su rendre accessible la plus haute théologie au catholique lambda dont je suis. Il avait ce don de l'Esprit Saint qui est le don d'intelligence de la Parole.
La phrase qui m'a fait réfléchir m'a d'abord "fâchée" : " Marie, pour des motifs qui ne nous sont pas accessibles, ne voit aucun chemin qui lui permette de devenir Mère du Messie selon le mode du rapport conjugal". (p 57)
Ces raisons restent le secret de l'intimité de Marie avec Dieu. Et cette intimité ne nous est pas accessible. C'est un modèle pour nous à respecter en ces temps de disparition du respect de l'intimité!
La phrase qui m'a fait réfléchir m'a d'abord "fâchée" : " Marie, pour des motifs qui ne nous sont pas accessibles, ne voit aucun chemin qui lui permette de devenir Mère du Messie selon le mode du rapport conjugal". (p 57)
Ces raisons restent le secret de l'intimité de Marie avec Dieu. Et cette intimité ne nous est pas accessible. C'est un modèle pour nous à respecter en ces temps de disparition du respect de l'intimité!
Marie et l'intuition théologique féminine
Benoît XVI évoque les courants, notamment augustiniens, qui ont subodoré que Marie avait fait un voeu de virginité. Pourquoi pas. Mais la forme reste anachronique, calquée sur la vie religieuse apparue au XIIe siècle environ et peu hébraïque. D'autres évoquent le courant de Qumrân. Pourquoi pas, mais vite politique.
De fait, si on cherche à savoir ce qui n'est pas dit, on ne peut qu'élaborer de riches hypothèses théologiques qui risquent de tourner à la mariolâtrie.
Or, je me demande si la théologie masculine suffit pour explorer le mystère de Marie. Nous avons une théologie féminine plus "intuitive", ah! cette fameuse intuition féminine !
Prenons Hildegarde de Bingen : elle explique Marie par l'Eglise, elle ne donne pas des solutions rationnelles mais des images poétiques... Edith Stein, quant à elle, développe le rôle de la femme dans l'Eglise à partir de Marie. Elisabeth de la Trinité vise pour sa part au coeur : pour comprendre Marie, il faut l'Esprit Saint! Car en Marie, l'intuition théologique, l'intelligence de la Parole est devenue la Parole, le Verbe incarné!
De fait, si on cherche à savoir ce qui n'est pas dit, on ne peut qu'élaborer de riches hypothèses théologiques qui risquent de tourner à la mariolâtrie.
Or, je me demande si la théologie masculine suffit pour explorer le mystère de Marie. Nous avons une théologie féminine plus "intuitive", ah! cette fameuse intuition féminine !
Prenons Hildegarde de Bingen : elle explique Marie par l'Eglise, elle ne donne pas des solutions rationnelles mais des images poétiques... Edith Stein, quant à elle, développe le rôle de la femme dans l'Eglise à partir de Marie. Elisabeth de la Trinité vise pour sa part au coeur : pour comprendre Marie, il faut l'Esprit Saint! Car en Marie, l'intuition théologique, l'intelligence de la Parole est devenue la Parole, le Verbe incarné!
Marie, la Parole et le don de l'intelligence de la Parole
De fait, la question de Marie : "Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d'homme" n'est pas un doute comme le doute masculin de Zacharie. C'est une humble demande de confirmation, donc l'Ange confirme. Redisons-le : l'Ange et Marie sont exactement sur "la même longueur d'onde", mais c'est si énorme, si gigantesque, que Marie demande le comment. Cette confirmation se trouve dans la réponse de l'Ange. C'est dans la réponse qu'est le sens profond de la question : "L'Esprit Saint te couvrira de son ombre".
Ici, je me risque à une intuition théologique féminine : Marie méditait la Parole. Elle connaissait ces passages que l'Eglise éclairera intellectuellement et rationnellement : "La vierge enfantera un fils, Emmanuel, Dieu avec nous". Avait-elle l'intuition qu'il fallait que la mère du Messie soit une vierge, et surtout, qu'il y avait un Esprit Saint capable de "couvrir une femme de son ombre"? N'oublions pas qu'avec l'Annonciation commence l'annonce explicite du kérygme, l'Esprit Saint est nommé en premier.
Ici, je me risque à une intuition théologique féminine : Marie méditait la Parole. Elle connaissait ces passages que l'Eglise éclairera intellectuellement et rationnellement : "La vierge enfantera un fils, Emmanuel, Dieu avec nous". Avait-elle l'intuition qu'il fallait que la mère du Messie soit une vierge, et surtout, qu'il y avait un Esprit Saint capable de "couvrir une femme de son ombre"? N'oublions pas qu'avec l'Annonciation commence l'annonce explicite du kérygme, l'Esprit Saint est nommé en premier.
Humilité théologique de Marie confirmé par l'Ange?
L'Ange confirme alors l'intuition du coeur et de la méditation de Marie, et surtout son humilité : cela se fera par l'Esprit Saint! C'est lui l'important, et Marie ne tient pas tant, lorsqu'elle raconte à Luc les merveilles que le Puissant a fait pour elle, à ce qu'on parle d'elle. Elle tient à ce qu'on ne voit que l'Esprit Saint, et ensuite on pourra proclamer Marie bienheureuse d'âge en âge. Par humilité, Marie ne dit pas qu'elle avait compris qu'il fallait que la Mère du Messie soit vierge pour laisser place à l'action de l'Esprit Saint? Je pose ces questions sous forme... d'intuition féminine! Elle "intuitionne" à partir de la Parole qu'il y a un Esprit Saint qui engendre le Fils?
Disons que Marie a la révélation et la confirmation de ce qu'elle pressent : "Le Seigneur est avec toi", lui a dit l'Ange au début : tu as tout juste, Marie, dans ton humilité comme dans ton ouverture à la Parole. Et ceci n'est pas contradictoire avec le mariage avec Joseph : Marie est bien mariée, sans "connaître" encore Joseph. L'Ange vient avant la "communion matrimoniale", rendant possible chez Joseph la même compréhension à venir, cette compréhension qui est l'apanage de Marie et qui reste l'apanage de ceux qui méditent la Parole avec Marie.
Joseph aura lui aussi la confirmation de l'Ange : être le gardien du Messie, être son père légal, l'époux de Marie, mais comprendre que le Messie ne vient pas d'eux mais du Ciel, de la Trinité qui commence à se dévoiler. A côté de cela, chercher à connaître l'intimité de Marie et de Joseph, chercher légitimement à comprendre les modalités concrètes historiques et familiales, est recentré sur l'essentiel.
Demandons à Marie de nous donner ce même don de l'Esprit d'intelligence de la Parole par l'Eglise ! Et développons une théologie "féminine" que Dieu a voulu ecclésiale. Marie est le modèle de la théologie féminine! A sa suite, il y a certainement un génie féminin de la théologie, dont nombres de saintes sont le reflet : il faut de saintes théologiennes, et elles seront mariales, kérygmatiques, pneumatologiques, trinitaires. Et en même temps enracinées dans le réel, le quotidien, le soin des personnes, des enfants, des vieillards... Avec une touche féminine qui nous est propre et qui complète le versant masculin de la théologie.
AC
Disons que Marie a la révélation et la confirmation de ce qu'elle pressent : "Le Seigneur est avec toi", lui a dit l'Ange au début : tu as tout juste, Marie, dans ton humilité comme dans ton ouverture à la Parole. Et ceci n'est pas contradictoire avec le mariage avec Joseph : Marie est bien mariée, sans "connaître" encore Joseph. L'Ange vient avant la "communion matrimoniale", rendant possible chez Joseph la même compréhension à venir, cette compréhension qui est l'apanage de Marie et qui reste l'apanage de ceux qui méditent la Parole avec Marie.
Joseph aura lui aussi la confirmation de l'Ange : être le gardien du Messie, être son père légal, l'époux de Marie, mais comprendre que le Messie ne vient pas d'eux mais du Ciel, de la Trinité qui commence à se dévoiler. A côté de cela, chercher à connaître l'intimité de Marie et de Joseph, chercher légitimement à comprendre les modalités concrètes historiques et familiales, est recentré sur l'essentiel.
Demandons à Marie de nous donner ce même don de l'Esprit d'intelligence de la Parole par l'Eglise ! Et développons une théologie "féminine" que Dieu a voulu ecclésiale. Marie est le modèle de la théologie féminine! A sa suite, il y a certainement un génie féminin de la théologie, dont nombres de saintes sont le reflet : il faut de saintes théologiennes, et elles seront mariales, kérygmatiques, pneumatologiques, trinitaires. Et en même temps enracinées dans le réel, le quotidien, le soin des personnes, des enfants, des vieillards... Avec une touche féminine qui nous est propre et qui complète le versant masculin de la théologie.
AC