La Vierge Marie, entourée de Sainte Praxède, première Vierge Consacrée liturgiquement selon Dom Guéranger, et sainte Prudentienne, sa soeur morte martyre au premier siècle. Basilique de Sainte Praxède, Rome
Cette question m'a été posée par un ami canoniste : y-a'til un âge pour recevoir la Consécration dans l'Ordre des Vierges? Est-ce " régulé" comme pour le mariage, les prêtres, les religieuses? A savoir, l'âge canonique du mariage dans le droit canon universel est de 14 ans pour les femmes, 16 ans pour les hommes ( C 1083 § 1), sachant que le même canon précise que liberté est laissée aux conférences épiscopales de statuer en fonction de la loi civile, par exemple 18 ans pour les deux époux en France, âge de la majorité. Pour les prêtres, l'ordination ne peut être donnée avant 25 ans ( canon 1031). Pour les religieux et religieuses, les constitutions se basent sur l'âge de la majorité légale ( 17 ans accomplis) plus le temps du noviciat, plus ou moins long selon les congrégations.( Canon 643).
Mais les Vierges consacrées ne sont pas des religieuses, elles n'ont pas de règles communes car elles ne sont pas une congrégation. Dans ce cas, c'est le droit universel de l'Eglise qui s'applique, selon la logique commune du Célibat pour le Royaume, c'est-à-dire la maturité spirituelle, psychique et sociale.
-Age canonique et célibat définitif pour le Royaume dans l'Ordo Virginum :
Il faut noter que l'Ordo Virginum n'a jamais eu de noviciat ( réservé à la vie religieuse). L'engagement pris au cours de la liturgie de consécration est donc définitif d'un seul coup, sans " palier". Cela n'empêche pas le discernement et demande de le renforcer selon des critères propres à cette vocation dans le monde. Le critère de l'autonomie financière et de la capacité à vivre en célibataire toute la vie va devenir déterminant pour la qualité du témoignage spirituel, il n'est pas forcément lié à l'âge mais plus à un ensemble cohérent, vérifié dans le temps.
-Historiquement :
La plus célèbre des jeunes Vierges Consacrées est Sainte Agnès de Rome : Martyr à 12 ans, elle se déclare mariée au Christ. C'est l'âge nubile qui était donc retenu, car à Rome on se mariait civilement à 12 ans pour les femmes. Patricienne, elle vivait déjà une pleine maturité sociale et spirituellement, son martyr a scellé son irrévocable amour du Christ seul.
Sainte Geneviève, Vierge Consacrée officiellement et liturgiquement a pour sa part été promise au célibat pour le Royaume à...7 ans, lors de sa rencontre avec l'évêque Germain qui lui propose d'épouser le Christ. Elle recevra la consécration liturgique probablement vers 20 ans.Les détails ici :http:// fondationsaintegenevieve.org/ Sainte-Genevieve
A partir du 6 eme siècle apparaîssent les moniales cloîtrées, les Bénédictines. Chez elles, l'âge canonique évolue aussi : 14 ans pour la consécration liturgique au 6eme siècle, mais au Moyen-âge on peut entrer au couvent vers...8 ans, comme " pensionnaire".
Il est difficile de retracer ici l'évolution sur quelques plusieurs siècles des pratiques canoniques. Notons essentiellement que l'on ne parle de voeux religieux qu'à partir du 13eme siècle ! Le célibat féminin pour le Royaume est donc dans ses racines historiques fondé sur la consécration liturgique liée à l'évêque, que ce célibat soit en plein monde ou monacal. Au Moyen-âge, cela sera le cas d'une célèbre moniale, Hildegarde de Bingen. Elle fera ses premiers voeux à 14 ans, il s'agit de la même liturgie que celle de la consécration des Vierges de l'Ordo Virginum mais adaptée pour les Vierges vivant en commun. Pour autant, Hildegarde parcourt le monde de son époque et ne vit pas recluse, elle prêche même ! Ainsi pendant des siècles co-existent deux formes de Célibat pour le Royaume vécu par les femmes consacrant leur virginité : celles qui vivent la règle monastique, et celles qui vivent dans le monde.
Avec Suarez et Thomas d'Aquin, les voeux remplaceront progressivement la consécration liturgique, donnant naissance à une autre forme de Célibat pour le Royaume reconnue par l'Eglise, forme que l'on nommera vie religieuse comprenant l'indispensable règle de vie en commun et une théorisation de la séparation du monde ( separatio mundi), l'accent mis sur les trois voeux et la règle évoluera à son tour vers les nombreuses congrégations du 16eme et du 19eme siècle.
L'Ordo Virginum en plein monde n'appartient pas à la vie religieuse qu'il précède nettement dans le temps. Il n'est pas non plus le tout du Célibat pour le Royaume, car il existe des traces de Célibat féminin ou masculin reconnu dans l'Eglise dès le premier siècle et appelé dans les recherches actuelles célibat apostolique. On est donc en présence d'une pluralité du Célibat pour le Royaume, pluralité présente dès les origines et redécouverte notamment depuis Vatican II. Les communautés nouvelles qui s'inscrivent dans le laïcat impliquant un célibat pour le Royaume et non dans la vie religieuse appartiennent à cette pluralité.
Il est difficile de retracer ici l'évolution sur quelques plusieurs siècles des pratiques canoniques. Notons essentiellement que l'on ne parle de voeux religieux qu'à partir du 13eme siècle ! Le célibat féminin pour le Royaume est donc dans ses racines historiques fondé sur la consécration liturgique liée à l'évêque, que ce célibat soit en plein monde ou monacal. Au Moyen-âge, cela sera le cas d'une célèbre moniale, Hildegarde de Bingen. Elle fera ses premiers voeux à 14 ans, il s'agit de la même liturgie que celle de la consécration des Vierges de l'Ordo Virginum mais adaptée pour les Vierges vivant en commun. Pour autant, Hildegarde parcourt le monde de son époque et ne vit pas recluse, elle prêche même ! Ainsi pendant des siècles co-existent deux formes de Célibat pour le Royaume vécu par les femmes consacrant leur virginité : celles qui vivent la règle monastique, et celles qui vivent dans le monde.
Avec Suarez et Thomas d'Aquin, les voeux remplaceront progressivement la consécration liturgique, donnant naissance à une autre forme de Célibat pour le Royaume reconnue par l'Eglise, forme que l'on nommera vie religieuse comprenant l'indispensable règle de vie en commun et une théorisation de la séparation du monde ( separatio mundi), l'accent mis sur les trois voeux et la règle évoluera à son tour vers les nombreuses congrégations du 16eme et du 19eme siècle.
L'Ordo Virginum en plein monde n'appartient pas à la vie religieuse qu'il précède nettement dans le temps. Il n'est pas non plus le tout du Célibat pour le Royaume, car il existe des traces de Célibat féminin ou masculin reconnu dans l'Eglise dès le premier siècle et appelé dans les recherches actuelles célibat apostolique. On est donc en présence d'une pluralité du Célibat pour le Royaume, pluralité présente dès les origines et redécouverte notamment depuis Vatican II. Les communautés nouvelles qui s'inscrivent dans le laïcat impliquant un célibat pour le Royaume et non dans la vie religieuse appartiennent à cette pluralité.
Pour l'Ordo Virginum en plein monde comme pour les religieuses, c'est l'âge civil du mariage qui sert de base de décision au cours des siècles, selon les cultures et les lieux et selon l'évêque local, lequel a pleine juridiction sur l'Ordo Virginum vivant en plein monde ( donc laïc) comme sur les autres Ordo antiques ( Ordres des prêtres, des diacres, des veuves, des Vierges.)
-Un âge qui n'est pas " verrouillé ", témoignage de jeunesse et de fidélité éprouvée dans le temps.
-Un âge qui n'est pas " verrouillé ", témoignage de jeunesse et de fidélité éprouvée dans le temps.
Aujourd'hui, l'âge de la majorité civile reste un élément de base pour le discernement pour recevoir la consécration dans l'Ordo Virginum. En France, l'évêque, source originaire de la consécration des Vierges et responsable du discernement final d'adission à la consécration ne peut pas la donner en dessous de 18 ans ( canonisation d ela loi civile), même si l'âge canonique de 14 ans pourrait être invoqué selon les lieux et cultures actuelles dans d'autres conférences épiscopales . Dans les faits, on a mis d'autres critères en avant pour celles qui restent dans le monde : avoir un travail stable et être capable de s'assumer financièrement entièrement seule, une psychologie capable d'affronter le célibat ( sans clôture, donc plus exposée !), n'avoir jamais été civilement en concubinage publique, ni mariée. Tout cela implique un facteur temps plus long et certains évêques ( c'est eux, redisons-le qui ont le discernement final car la condition juridique ecclésiale de la Vierge consacrée en plein monde dépend directement de l'évêque du lieu) mettent l'âge canonique à...quarante ans en Europe!
Heureusement, aucune règle canonique précise ne " verrouille" l'âge, laissant le discernement individuel à la future consacrée en lien avec son accompagnateur au for interne et son évêque au for externe. L'évêque devra s'assurer au for externe de la maturité de la décision : il n'a pas le droit juridiquement de prendre des renseignements auprès de l'accompagnateur au for interne, ce serait un abus et un manque de respect de l'intimité spirituelle, canon 220 : Il n'est permis à personne ( ...) de violer le droit de quiconque à préserver son intimité.
Facteurs de discernement pour gagner du temps et pour un discernement plus fiable :
Par contre, pour une bonne coordination des deux fors et du discernement, l'évêque doit s'entourer d'une équipe de formation, composée idéalement d'autres Vierges consacrées et de personnes de réputation fiables connaissant la candidate à la consécration, l'accompagnant dans sa formation aux exigences et particularité de sa consécration. Attention, toujours dans le respect de l'intimité spirituelle, et psychologique, l'équipe d'accompagnement ne doit en aucun cas se transformer en équipe de " direction" qui prendrait le rôle de l'accompagnateur spirituel d'un côté, ou psychologique de l'autre, ou parfois les deux à la fois. A chacun son rôle dans le respect absolu de la confidentialité au for interne et de la liberté au for externe. Beaucoup de vocations se perdent ou se détournent quand ce principe de confidentialité n'est pas respecté...On semble loin de la question de l'âge, mais en réalité, les témoignages de femmes ayant longtemps cherché leur vocation, et arrivées dans l'Ordo Virginum, signalent cette liberté de discernement retrouvée grâce à une bonne coordination des fors interne et externe. De quoi gagner du temps dans le discernement plutôt que de monter la barre de l'âge canonique hypothétique...Délicat équilibre entre discernement, critères variés, prudence et confiance : la sainteté n'est pas une question d'âge seulement et le code de droit canon, comme nous le rappelions au début, ne craint pas pour diverses catégories de fidèles de fixer l'âge canonique assez tôt pour des engagements définitifs. Dernier rappel, l'âge canonique pour devenir évêque est de ...35 ans ! ( CIC 378 § 3)
Facteurs de discernement pour gagner du temps et pour un discernement plus fiable :
Par contre, pour une bonne coordination des deux fors et du discernement, l'évêque doit s'entourer d'une équipe de formation, composée idéalement d'autres Vierges consacrées et de personnes de réputation fiables connaissant la candidate à la consécration, l'accompagnant dans sa formation aux exigences et particularité de sa consécration. Attention, toujours dans le respect de l'intimité spirituelle, et psychologique, l'équipe d'accompagnement ne doit en aucun cas se transformer en équipe de " direction" qui prendrait le rôle de l'accompagnateur spirituel d'un côté, ou psychologique de l'autre, ou parfois les deux à la fois. A chacun son rôle dans le respect absolu de la confidentialité au for interne et de la liberté au for externe. Beaucoup de vocations se perdent ou se détournent quand ce principe de confidentialité n'est pas respecté...On semble loin de la question de l'âge, mais en réalité, les témoignages de femmes ayant longtemps cherché leur vocation, et arrivées dans l'Ordo Virginum, signalent cette liberté de discernement retrouvée grâce à une bonne coordination des fors interne et externe. De quoi gagner du temps dans le discernement plutôt que de monter la barre de l'âge canonique hypothétique...Délicat équilibre entre discernement, critères variés, prudence et confiance : la sainteté n'est pas une question d'âge seulement et le code de droit canon, comme nous le rappelions au début, ne craint pas pour diverses catégories de fidèles de fixer l'âge canonique assez tôt pour des engagements définitifs. Dernier rappel, l'âge canonique pour devenir évêque est de ...35 ans ! ( CIC 378 § 3)
Et enfin, comme il n'y a pas de noviciat, le temps de discernement entre la demande de consécration et la consécration effective est actuellement de 5 ans, il a été augmenté par plusieurs évêques responsables de l'Ordo Virginum au niveau des conférences épiscopales nationales, pour permettre une formation plus solide et un discernement effectif. Dans les faits, les candidates recevant la consécration ont tous les âges, d'une évidente et rayonnante jeunesse à une visible et éprouvée fidélité dans la recherche vocationnelle et le célibat pour le Royaume effectif.
En dernier lieu, le garant canonique de l'Ordo Virginum étant l'évêque local, il lui revient de fixer pour son diocèse l'âge canonique minimum pour celles à qui il donnera la consécration, avec la majorité civile comme point de repère et la majorité canonique comme liberté. Avantage : autant d'évêques, autant de manière de faire, vive la diversité. Il lui revient aussi de veiller à la formation de la future consacrée sur les 5 ans de discernement. C'est une autre question, nous en avons évoqué un point important : le fait de vivre en plein monde demande une formation ecclésiale accrue, adaptée à la particularité de l'Ordo Virginum en plein monde : monde du travail, puisqu'il n'y a pas de congrégation religieuse, spiritualité laïque différente de la vie en congrégation, formation au Célibat pour le Royaume, et pourquoi pas, formation au droit canon quand c'est possible!
Une Vierge Consacrée
Une Vierge Consacrée