" Voici ce précieux trésor, qui vous est particulièrement manifesté par le tendre amour que Mon Fils a pour votre institut (...). Je veux vous rendre comme les dépositaires de ce précieux trésor que le Divin Soleil de Justice a formé dans la terre virginale de mon coeur, où il a été caché neuf mois, après lesquels Il s'est manifesté aux hommes, qui, n'en connaissant pas le prix, l'ont méprisé, parce qu'ils L'ont vu couvert de leur terre."
Ce que Marie dit au Père La Combière au cours de cette vision de Marguerite-Marie Alacoque.
" Pour vous, fidèle serviteur de mon divin Fils, vous avez grande part à ce précieux trésor ; car s'il est donné aux filles de la Visitation de le connaître et distribuer aux autres, il est réservé aux pères de votre Compagnie d'en faire voir et connaître l'utilité et la valeur afin qu'on en profite en le recevant avec le respect et la reconnaissance dus à un si grand bienfait."
Fidèle serviteur de mon divin Fils
Une vie ordinaire pour un homme extra-ordinaire?
Je t'enverrai mon fidèle serviteur et ami.
Amitié en Christ
" Jésus, vous êtes le seul et véritable ami. Vous prenez part à tous mes maux, vous vous en chargez, vous savez le secret de me les tourner en bien, vous m'écoutez avec bonté, lorsque je vous raconte mes afflictions, et vous ne manquez jamais de les adoucir. je vous trouve toujours et en tout lieu; vous ne vous éloignez jamais; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse pas de vous trouver où je vais. Vous ne vous ennuyez jamais de m'entendre; vous ne vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d'être aimé, si je vous aime. Vous n'avez que faire de mes biens, et vous ne vous appauvrissez point en me communiquant les vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m'enlèvera point votre amitié ; et la mort qui nous arrache à tout les autres amis me doit réunir avec vous. Toutes les disgrâces de l'âge ou de la fortune ne peuvent vous détacher de moi ; au contraire, je ne jouirai jamais de vous plus pleinement, vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire. Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable ; mes infidélités, mêmes mes ingratitudes ne vous blessent point tellement que vous ne soyez toujours prêt à revenir, si je veux".
Relation de la grande révélation à sainte Marguerite-Marie (1675)
Au cours d’une messe célébrée par le Père de La Colombière, la volonté de Dieu se manifesta: “Lorsque je m’approchai pour la sainte communion, Notre Seigneur me montra son Sacré-Cœur comme une ardente fournaise, et deux autres cœurs qui s’y allaient unir et s’abîmer, me disant: “C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. Et après, Il me fit entendre que cette union était toute pour la gloire de son Sacré-Cœur, dont Il voulait que je lui découvrisse les trésors, afin qu’il en fît connaître et en publiât le prix et l’utilité; et que pour cela Il voulait que nous fussions comme frère et sœur, également partagés de biens spirituels.” Le Seigneur ordonne à Marguerite-Marie de rapporter ses paroles au Père de La Colombière qui est immédiatement certain de la véracité de la vision.
Les écrits de la Colombière, après ses tribulations et souffrances comme témoin de la foi dans les prisons anglaises, comportaient le message de Paray-le-Monial, joyau enserré dans un grand nombre de pages, et les éditeurs laissèrent imprimer le tout, sous le sceau de la réputation de sainteté du Jésuite qui était déjà mort et avait ajouté à la profondeur de ses écrits le témoignage d'un confesseur de la foi en Angleterre;
Extrait de "Claude LA COLOMBIERE Ecrits spirituels",
Dieu donc s'étant ouvert à la personne qu'on a sujet de croire être selon son coeur par les grandes grâces qu'il lui a faites, elle s'en expliqua à moi, et je l'obligeai de mettre par écrit ce qu'elle m'avait dit, que j'ai bien voulu décrire moi-même dans le journal de mes retraites, parce que le bon Dieu veut dans l'exécution de ce dessein se servir de mes faibles soins.
"Etant, dit cette sainte âme, devant le Saint Sacrement, un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour. Touchée du désir d'user de quelque retour et de rendre amour pour amour, il me dit "Tu ne m'en peux rendre un plus grand, qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé". Et me découvrant son divin Cœur :
"Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plus grande partie que des ingratitudes, par les mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais, ce qui est encore plus rebutant, c'est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés. C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, communiant ce jour-là pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels ; et je te promets que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur."
" Mais, mon Seigneur, à qui vous adressez-vous ? A une si chétive créature et pauvre pécheur, que son indignité serait même capable d'empêcher l'accomplissement de votre dessein ! Vous avez tant d'âmes généreuses pour exécuter vos desseins ".
" Eh! pauvre innocente que tu es, ne sais-tu pas que je me sers des sujets les plus faibles pour confondre les forts, que c'est ordinairement sur les plus petits et pauvres d'esprit sur lesquels je fais voir ma puissance avec plus d'éclat, afin qu'ils ne s'attribuent rien à eux-mêmes ? "
" Donnez-moi donc, je lui dis, le moyen de faire ce que vous me commandez ".
Pour lors il m'ajouta :
" Adresse-toi à mon serviteur N.', et lui dis de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Cœur ; qu'il ne se décourage point pour les difficultés qu'il y rencontrera, car il n'en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout-puissant qui se défie entièrement de soi-même pour se confier uniquement à moi ".
Prédicateur puis confesseur de la foi en Angleterre.
Ses supérieurs ne le laissent pas à Paray mais l'envoient à Londres comme prédicateur de la Duchesse d'York qui devait devenir reine d'Angleterre et était catholique.
Au moment où Claude La Colombière arrive à Londres, la situation est très délicate pour les catholiques, peu nombreux et soumis constamment aux persécutions anti-papistes. En septembre 1678 éclate la “terreur papiste”, explosion de haine durant laquelle de nombreux catholiques, prêtres ou laïcs, furent condamnés, soit à la prison, soit au gibet. Vingt trois jésuites furent condamnés à mort et exécutés. Bien qu’il se soit tenu à l’écart de la politique le prédicateur de la duchesse d’York fut, lui aussi atteint par la persécution. Trahi par un “ami” alléché par la prime offerte pour la tête d’un jésuite, le Père Claude fut arrêté dans la nuit du 13 au 14 novembre 1678, et incarcéré dans la prison de King’s Bench particulièrement insalubre. Aucune charge ne pouvant être retenue contre lui, malgré les calomnies, il fut libéré en décembre suivant, mais banni du Royaume d’Angleterre. Cependant le climat humide de la Grande Bretagne et le séjour en prison dans un froid terrible, furent fatals au Français qui durant trois ans mènera ensuite une vie de très grand malade avant de mourir le 15 février 1682.
Claude se réjouissait de mourir martyr en témoignant de sa foi: il mourra peu glorieusement, d’un martyre bien caché, à Paray, en crachant “des flots de sang.” “Dieu agit ainsi avec les âmes qui se sont offertes à Lui en toute générosité. Il accepte leur sacrifice mais Il les prive, comme Il en priva son Fils à Gethsémani, du réconfort de se sentir généreux: Il les veut pleinement “démis” d’eux-mêmes, anéantis, afin que sa gloire éclate, pure, en eux.” ( Ecrits spirituels)
" Il veut le sacrifice de votre vie dans cette ville".
Par son obéissance en tout, dans les deux dernières années de sa vie de grand malade auquel on ne trouvait guère d'emploi, La Colombière permit sans le savoir la réalisation complète du plan de Dieu pour révéler l'Amour de son Coeur. En effet, La Colombière eut comme dernier emploi de donner quelques cours à quelques novices Jésuites, petite troupe privilégiée au sein de laquelle se trouva le futur père de Gallifet, qui devint assistant général pour les Provinces de France et eut à défendre son ancien professeur et surtout fut un ardent propagateur du culte du Sacré Coeur.
Ainsi, par sa vie faite d'apparents échecs, privée de gloire humaine, brève ( il est mort à 41 ans), mais emplie de discernement, de disponibilité à l'Esprit, La Colombière fut le pilier de la dévotion au Sacré Coeur, que sa vie et ses écrits aidèrent à répandre malgré tous les tirs de barrages.
Texte de La Colombière sur la Confiance et l'espérance : " Toute ma confiance, c'est ma confiance-même"
” Mon Dieu, je suis si persuadé que Vous veillez sur ceux qui espèrent en Vous, et qu'on ne peut manquer de rien quand on attend de Vous toutes choses, que j'ai résolu de vivre à l'avenir sans aucun souci, et de me décharger sur Vous de toutes mes inquiétudes : in pace in idipsum dormiam et requiescam, quoniam Tu, Domine, singulariter in spe constituisti me (Ps. IV, 9). Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l'honneur, les maladies peuvent m'ôter les forces et les moyens de Vous servir, je puis même perdre Votre grâce par le péché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu'au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l'enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l'arracher : in pace in idipsum dormiam et requiescam. D'aucuns peuvent attendre leur bonheur de leurs richesses ou de leurs talents, d'autres s'appuyer sur l'innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leur pénitence, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières ; Tu, Domine, singulariter in spe constituisti me : pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c'est ma confiance même ; cette confiance ne trompa jamais personne : nullus, nullus speravit ira Domino et confusus est (Eccl. II, 11). Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que j'espère fermement de l'être, et que c'est de Vous, ô mon Dieu que je l'espère : in Te, Domine, speravi, non confùndar in aeternum (Ps. XXX, 2). Je connais, hélas ! je ne connais que trop que je suis fragile et changeant, je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies, j'ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament, mais tout cela ne peut m'effrayer : tant que j'espérerai je me tiens à couvert de tous les malheurs, et je suis assuré d'espérer toujours parce que j'espère encore cette invariable espérance.
Enfin, je suis sûr que je ne puis trop espérer en Vous, et que je ne puis avoir moins que ce que j'aurai espéré de Vous. Ainsi, j'espère que Vous me tiendrez dans les penchants les plus rapides, que Vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts, et que Vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis ; j'espère que Vous m'aimerez toujours, et que je Vous aimerai aussi sans relâche ; et, pour porter tout d'un coup mon espérance aussi loin qu'elle peut aller, je Vous espère Vous-même de Vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps et pour l'éternité.”
Ainsi soit-il !