Mais oui, vous avez bien compté, elle avait 14 ans et des poussières quand elle a demandé son admission, comme Thérèse de Lisieux. Mais soeur Marie-Françoise m'explique fièrement qu'elle n'a pas eu beaucoup à attendre pour être admise selon le code de droit canon de....1917 qui permettait cet âge. Nous sommes en 1930.
" Que faisiez-vous dans les 3 années avant vos 18 ans?"
Pendant qu'elle me répond avec sa voix bien nette et posée, ses yeux candides cherchent à me voir mieux. Depuis quelques semaines seulement, sa vue a baissé...elle peut encore distinguer les personnes, mais elle ne peut lire la carte envoyée par les soeurs de Lyon qui m'ont remis des chocolats pour elle. A lui remettre pour ses 99 ans le 3 décembre 2014. 1930....2014, entre ces deux dates, 80 ans de vie consacrée! Quel diamant cette petite soeur sera-t'elle au Ciel?
-On m'avait mis à la cuisine, aux bricolages..."
Elle m'explique qu'elle vient de Suisse. Elle attendait aussi une visite de ses compatriotes :
" Ils sont venus pour mes 95 ans...depuis, ils m'ont oubliée..."
Sans rancoeur, mais avec un peu de nostalgie, elle ajoute :
" Je passe les journées ici toute seule. Depuis que ma vue a baissé, je ne peux plus dire l'office. Cela me prive bien. "
Cela me prive bien....la nostalgie se charge cette fois d'amour. Ce n'est pas une plainte mais une longue histoire d'amour et d'entente qui s'exprime dans un petit soupir sans aucune tristesse.
Vraiment, elle tient une forme étonnante. Pendant que Mina, l'infirmière marocaine très sympathiquement nous apporte thé et madeleines, soeur Marie-Françoise m'explique les regroupements de sa communauté.
" Je suis entrée à Villeurbanne...aujourd'hui, ils ont vendu. La maison tenait toute la rue. La clinique a beaucoup de monde, c'est une consolation.
Avec sa délicate manière de dire les aléas des regroupements de congrégations en train de s'éteindre, soeur Marie-Françoise ajoute une note de sagesse que son seul sourire illumine : la dernière des Mohicannes, si j'ose dire, porte haut le titre de dernière soeur en vie d'une congrégation jadis florissante. Au gré de regroupements, la dernière soeur de " la Charité du Verbe Incarné" est arrivée au Puy-en-Velay.
Soeurs de la Charité du Verbe Incarné. C'est vraiment ce qu'elle a été.
" J'ai fait le catéchisme pendant 5 ans, et puis après, je me suis occupé des malades mentaux pendant 30 ans...J'étais infirmière."
Sur l'étagère, des photos de sa famille, des bibelots simples et plaisants, une image du Sacré Coeur au mur. Sa chambre médicalisée est un mélange de sobriété et de confort moderne.
" Les soeurs de Lyon ont promis de venir pour mes 100 ans."
Son regard s'illumine. Visiblement, elle aime qu'on vienne la voir, elle aime la vie. Seules semblent lui peser les heures de solitudes. Soeur Marie-Françoise écoute la radio chaque jour ( assez fort, mais elle comprend bien si j'articule), elle sait que c'est l'année de la vie consacrée. Elle me pose des questions, je lui confie des intentions de prière.
Je reviendrai ! Et j'espère voir ses cent ans.
Puisse l'année de la vie consacrée nous apporter à tous ces moments inoubliables:
" On fera amitié? Hein? Vous viendrez me voir? "
Son vocabulaire est plein du même charme que ses yeux interrogateurs et pleinement vivants. Sûr, on fera amitié!
Je souhaite à beaucoup de vivre pour l'année de la vie consacrée, qui concerne toute l'Eglise comme l'a écrit le pape François, des rencontres aussi merveilleuses simplement à l'occasion, en jouant les humbles facteurs porteurs de chocolats !
Josepha Pétersky
" Que faisiez-vous dans les 3 années avant vos 18 ans?"
Pendant qu'elle me répond avec sa voix bien nette et posée, ses yeux candides cherchent à me voir mieux. Depuis quelques semaines seulement, sa vue a baissé...elle peut encore distinguer les personnes, mais elle ne peut lire la carte envoyée par les soeurs de Lyon qui m'ont remis des chocolats pour elle. A lui remettre pour ses 99 ans le 3 décembre 2014. 1930....2014, entre ces deux dates, 80 ans de vie consacrée! Quel diamant cette petite soeur sera-t'elle au Ciel?
-On m'avait mis à la cuisine, aux bricolages..."
Elle m'explique qu'elle vient de Suisse. Elle attendait aussi une visite de ses compatriotes :
" Ils sont venus pour mes 95 ans...depuis, ils m'ont oubliée..."
Sans rancoeur, mais avec un peu de nostalgie, elle ajoute :
" Je passe les journées ici toute seule. Depuis que ma vue a baissé, je ne peux plus dire l'office. Cela me prive bien. "
Cela me prive bien....la nostalgie se charge cette fois d'amour. Ce n'est pas une plainte mais une longue histoire d'amour et d'entente qui s'exprime dans un petit soupir sans aucune tristesse.
Vraiment, elle tient une forme étonnante. Pendant que Mina, l'infirmière marocaine très sympathiquement nous apporte thé et madeleines, soeur Marie-Françoise m'explique les regroupements de sa communauté.
" Je suis entrée à Villeurbanne...aujourd'hui, ils ont vendu. La maison tenait toute la rue. La clinique a beaucoup de monde, c'est une consolation.
Avec sa délicate manière de dire les aléas des regroupements de congrégations en train de s'éteindre, soeur Marie-Françoise ajoute une note de sagesse que son seul sourire illumine : la dernière des Mohicannes, si j'ose dire, porte haut le titre de dernière soeur en vie d'une congrégation jadis florissante. Au gré de regroupements, la dernière soeur de " la Charité du Verbe Incarné" est arrivée au Puy-en-Velay.
Soeurs de la Charité du Verbe Incarné. C'est vraiment ce qu'elle a été.
" J'ai fait le catéchisme pendant 5 ans, et puis après, je me suis occupé des malades mentaux pendant 30 ans...J'étais infirmière."
Sur l'étagère, des photos de sa famille, des bibelots simples et plaisants, une image du Sacré Coeur au mur. Sa chambre médicalisée est un mélange de sobriété et de confort moderne.
" Les soeurs de Lyon ont promis de venir pour mes 100 ans."
Son regard s'illumine. Visiblement, elle aime qu'on vienne la voir, elle aime la vie. Seules semblent lui peser les heures de solitudes. Soeur Marie-Françoise écoute la radio chaque jour ( assez fort, mais elle comprend bien si j'articule), elle sait que c'est l'année de la vie consacrée. Elle me pose des questions, je lui confie des intentions de prière.
Je reviendrai ! Et j'espère voir ses cent ans.
Puisse l'année de la vie consacrée nous apporter à tous ces moments inoubliables:
" On fera amitié? Hein? Vous viendrez me voir? "
Son vocabulaire est plein du même charme que ses yeux interrogateurs et pleinement vivants. Sûr, on fera amitié!
Je souhaite à beaucoup de vivre pour l'année de la vie consacrée, qui concerne toute l'Eglise comme l'a écrit le pape François, des rencontres aussi merveilleuses simplement à l'occasion, en jouant les humbles facteurs porteurs de chocolats !
Josepha Pétersky