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Ordo Virginum : une vocation mariale et féminine.



Pourquoi n'y-a't'il pas d'hommes dans l'Ordre des Vierges?

Cette question revient souvent, elle est légitime si on commet l'erreur de penser en termes sociaux et non théologiques. On peut répondre que les premières lignes de la prière de bénédiction/consécration des Vierges rappellent que Dieu donne la vertu de virginité à qui Il veut, hommes et femmes. Voici l'extrait de la prière solennelle de bénédiction : elle commence par rappeler le sens théologique de la virginité en général, comme don de soi, dont ne sont nullement exclus les hommes, puis elle rappelle le sens théologique et spécifique de l'Ordre des Vierges dans sa composante, cette fois-ci, exclusivement féminine : représenter l'Eglise Epouse.


Le modèle de la Vierge Marie, en référence à l'Eglise.

Ainsi, les hommes qui choisissent la virginité répondent à la même vocation, celle du Célibat pour le Royaume, et la Tradition de la liturgie réserve la bénédiction solennelle aux femmes de l'Ordo Virginum en référence à la Vierge : Dans les premiers siècles, la Vierge est d'abord l'Eglise, dont Marie devient la figure parfaite.
 
La vocation féminine de l'Ordo Virginum ne se comprend pas sans son alter ego masculin, l'Epoux. Dans la liturgie, il est représenté par l'Evêque. Ainsi, la femme représente l'Epouse, l'homme représente l'Epoux. Mais il s'agit de symbolique théologique, destinée à parler à tous les baptisés. Le trésor est commun, seules les femmes en sont les gardiennes dans la spécificité de l'Ordo Virginum. Et elles le sont à la suite et dans le sillage de celle qui réalisa cette vocation parfaitement, la Vierge Marie, et sans laquelle il n'est pas possible de comprendre le développement de cette vocation au cours des siècles.

Gardiennes de la grâce de la virginité au féminin

Ainsi, les Vierges qui entrent dans l'Ordo Virginum sont les gardiennes du sens théologique et mystique de la Virginité dans sa spécificité féminine. Il y a des formes spécifiques de la virginité masculine, leur rôle théologique est autre et certainement il doit être approfondi. Pour ce qui est de la grâce féminine de la virginité, elle est " incarnée" par la Vierge Marie et ontologiquement liée à la maternité divine. Chez la femme qui choisit comme Marie la virginité, apparaît une grâce de maternité spirituelle. Marie est vierge en vue de sa maternité divine, qui s'élargit en maternité spirituelle universelle: Marie, mère de l'Eglise. A sa suite, la vierge de l'Ordo Virginum entre dans une maternité spirituelle liée à son choix de virginité. Comme le dit saint Jean Paul II dans Redemptoris Mater  :

"Marie consent au choix de Dieu pour devenir, par l'Esprit Saint, la Mère du Fils de Dieu. On peut dire que le consentement qu'elle donne à la maternité est surtout le fruit de sa donation totale à Dieu dans la virginité. " RM 39
 

La vierge qui reçoit la bénédiction dans l'Ordre des Vierges, véritable bénédiction nuptiale et mariage mystique, donne son consentement à une maternité spirituelle subordonnée à Marie et à l'Eglise. Dans sa propre mesure, et bénéficiant elle aussi de la maternité de Marie sur sa personne, la vierge de l'Ordo Virginum s'insère dans la médiation de Marie. Elle entre dans le même processus que Marie, soutenue par la liturgie et la grâce de sa vocation. Relisons le passage de Redemptoris Mater, comme un chemin vocationnel de la femme, ouvert par Marie, et emprunté à sa suite par tant de femmes. Marie est la fois la mère et le modèle de la vocation virginale féminine ( Nous soulignons les passages clés pour notre propos):

39. C'est de ce point de vue qu'il faut, encore une fois, considérer l'événement fondamental dans l'économie du salut, c'est-à-dire l'Incarnation du Verbe au moment de l'Annonciation. Il est significatif que Marie, reconnaissant dans la parole du messager divin la volonté du Très-Haut et se soumettant à sa puissance, dise: «Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Le premier moment de la soumission à l'unique médiation «entre Dieu et les hommes» -celle de Jésus Christ- est l'acceptation de la maternité de la part de la Vierge de Nazareth. Marie consent au choix de Dieu pour devenir, par l'Esprit Saint, la Mère du Fils de Dieu. On peut dire que le consentement qu'elle donne à la maternité est surtout le fruit de sa donation totale à Dieu dans la virginité. 

Marie a accepté d'être choisie comme Mère du Fils de Dieu, guidée par l'amour nuptial, qui «consacre» totalement à Dieu une personne humaine. En vertu de cet amour, Marie désirait être toujours et en tout «donnée à Dieu», en vivant dans la virginité. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» expriment le fait que, depuis le début, elle a accueilli et compris sa maternité comme un don total de soi, de sa personne, au service des desseins salvifiques du Très-Haut. Et toute sa participation maternelle à la vie de Jésus Christ, son Fils, elle l'a vécue jusqu'à la fin d'une manière qui répondait à sa vocation à la virginité.

La maternité de Marie, imprégnée jusqu'au plus profond d'elle-même de l'attitude nuptiale de «servante du Seigneur», constitue la dimension première et fondamentale de la médiation que l'Eglise lui reconnaît, qu'elle proclame et que, continuellement, «elle recommande au cœur des fidèles» car elle a grande confiance en elle. Il faut en effet admettre qu'avant tout autre, Dieu lui-même, le Père éternel, s'en est remis à la Vierge de Nazareth, lui donnant son propre Fils dans le mystère de l'Incarnation. Cette élection pour le rôle et la dignité suprêmes de Mère du Fils de Dieu appartient, sur le plan ontologique, à la réalité même de l'union des deux natures dans la personne du Verbe (union hypostatique). Ce fait fondamental d'être la Mère du Fils de Dieu est, depuis le début, une ouverture totale à la personne du Christ, à toute son œuvre, à toute sa mission. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» témoignent de cette ouverture d'esprit de Marie, qui unit en elle de façon parfaite l'amour propre à la virginité et l'amour caractéristique de la maternité, réunis et pour ainsi dire fusionnés.


La coopération de Marie et la coopération de la vierge consacrée.

La coopération de Marie décrite par Jean Paul II est bien sûr unique, elle seule l'a vécue à la perfection. Cependant, à sa suite, l'Ordre des Vierges unit l'amour propre à la virginité et l'amour caractéristique de la maternité, spécificité de la vocation de la femme. Par conséquent, la femme qui entre dans la vocation de l'Ordre des Vierges a un appel à la virginité ET à la maternité spirituelle, cette maternité s'exprimant dans un service saint ( " Je suis la servante du Seigneur"), qui est le service de l'intercession et de la prière. Le canon 604 rappelle que la vierge consacrée est "vouée au  service de l'Eglise".
Can. 604 - § 1. À ces formes de vie consacrée s'ajoute l'ordre des vierges qui, exprimant le propos sacré de suivre le Christ de plus près, sont consacrées à Dieu par l'Évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé, épousent mystiquement le Christ Fils de Dieu et sont vouées au service de l'Église.

Il ne faut par en rabaisser le sens à une vague main d'oeuvre institutionnelle, mais y voir au contraire la plus haute expression du service liturgique et spirituel, symbolisée par la remise de l'anneau mystique et du livre des heures lors de la consécration : comme Marie à Cana, la vierge consacrée entre dans une vocation d'intercession universelle, cette intercession étant une composante même de sa féminité et de sa maternité spirituelle, DANS sa vocation virginale.

Comme Marie est entrée à Cana dans sa vocation de médiatrice, intercédant pour tous les hommes, la vierge de l'Ordo Virginum entre dans une vocation d'intercession lors de sa consécration liturgique.

AC

Lundi 3 Avril 2017
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