Pourquoi n'y-a't'il pas d'hommes dans l'Ordre des Vierges?
Le modèle de la Vierge Marie, en référence à l'Eglise.
La vocation féminine de l'Ordo Virginum ne se comprend pas sans son alter ego masculin, l'Epoux. Dans la liturgie, il est représenté par l'Evêque. Ainsi, la femme représente l'Epouse, l'homme représente l'Epoux. Mais il s'agit de symbolique théologique, destinée à parler à tous les baptisés. Le trésor est commun, seules les femmes en sont les gardiennes dans la spécificité de l'Ordo Virginum. Et elles le sont à la suite et dans le sillage de celle qui réalisa cette vocation parfaitement, la Vierge Marie, et sans laquelle il n'est pas possible de comprendre le développement de cette vocation au cours des siècles.
Gardiennes de la grâce de la virginité au féminin
"Marie consent au choix de Dieu pour devenir, par l'Esprit Saint, la Mère du Fils de Dieu. On peut dire que le consentement qu'elle donne à la maternité est surtout le fruit de sa donation totale à Dieu dans la virginité. " RM 39
La vierge qui reçoit la bénédiction dans l'Ordre des Vierges, véritable bénédiction nuptiale et mariage mystique, donne son consentement à une maternité spirituelle subordonnée à Marie et à l'Eglise. Dans sa propre mesure, et bénéficiant elle aussi de la maternité de Marie sur sa personne, la vierge de l'Ordo Virginum s'insère dans la médiation de Marie. Elle entre dans le même processus que Marie, soutenue par la liturgie et la grâce de sa vocation. Relisons le passage de Redemptoris Mater, comme un chemin vocationnel de la femme, ouvert par Marie, et emprunté à sa suite par tant de femmes. Marie est la fois la mère et le modèle de la vocation virginale féminine ( Nous soulignons les passages clés pour notre propos):
39. C'est de ce point de vue qu'il faut, encore une fois, considérer l'événement fondamental dans l'économie du salut, c'est-à-dire l'Incarnation du Verbe au moment de l'Annonciation. Il est significatif que Marie, reconnaissant dans la parole du messager divin la volonté du Très-Haut et se soumettant à sa puissance, dise: «Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Le premier moment de la soumission à l'unique médiation «entre Dieu et les hommes» -celle de Jésus Christ- est l'acceptation de la maternité de la part de la Vierge de Nazareth. Marie consent au choix de Dieu pour devenir, par l'Esprit Saint, la Mère du Fils de Dieu. On peut dire que le consentement qu'elle donne à la maternité est surtout le fruit de sa donation totale à Dieu dans la virginité.
Marie a accepté d'être choisie comme Mère du Fils de Dieu, guidée par l'amour nuptial, qui «consacre» totalement à Dieu une personne humaine. En vertu de cet amour, Marie désirait être toujours et en tout «donnée à Dieu», en vivant dans la virginité. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» expriment le fait que, depuis le début, elle a accueilli et compris sa maternité comme un don total de soi, de sa personne, au service des desseins salvifiques du Très-Haut. Et toute sa participation maternelle à la vie de Jésus Christ, son Fils, elle l'a vécue jusqu'à la fin d'une manière qui répondait à sa vocation à la virginité.
La maternité de Marie, imprégnée jusqu'au plus profond d'elle-même de l'attitude nuptiale de «servante du Seigneur», constitue la dimension première et fondamentale de la médiation que l'Eglise lui reconnaît, qu'elle proclame et que, continuellement, «elle recommande au cœur des fidèles» car elle a grande confiance en elle. Il faut en effet admettre qu'avant tout autre, Dieu lui-même, le Père éternel, s'en est remis à la Vierge de Nazareth, lui donnant son propre Fils dans le mystère de l'Incarnation. Cette élection pour le rôle et la dignité suprêmes de Mère du Fils de Dieu appartient, sur le plan ontologique, à la réalité même de l'union des deux natures dans la personne du Verbe (union hypostatique). Ce fait fondamental d'être la Mère du Fils de Dieu est, depuis le début, une ouverture totale à la personne du Christ, à toute son œuvre, à toute sa mission. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» témoignent de cette ouverture d'esprit de Marie, qui unit en elle de façon parfaite l'amour propre à la virginité et l'amour caractéristique de la maternité, réunis et pour ainsi dire fusionnés.
La coopération de Marie et la coopération de la vierge consacrée.
Can. 604 - § 1. À ces formes de vie consacrée s'ajoute l'ordre des vierges qui, exprimant le propos sacré de suivre le Christ de plus près, sont consacrées à Dieu par l'Évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé, épousent mystiquement le Christ Fils de Dieu et sont vouées au service de l'Église.
Il ne faut par en rabaisser le sens à une vague main d'oeuvre institutionnelle, mais y voir au contraire la plus haute expression du service liturgique et spirituel, symbolisée par la remise de l'anneau mystique et du livre des heures lors de la consécration : comme Marie à Cana, la vierge consacrée entre dans une vocation d'intercession universelle, cette intercession étant une composante même de sa féminité et de sa maternité spirituelle, DANS sa vocation virginale.
Comme Marie est entrée à Cana dans sa vocation de médiatrice, intercédant pour tous les hommes, la vierge de l'Ordo Virginum entre dans une vocation d'intercession lors de sa consécration liturgique.
AC