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Saint Noël Chabanel, martyr au Canada, fêté le 9 décembre ( diocèse du Puy) et le 19 octobre, martyrs du Canada

Rubrique " Enfants du pays-missionnaires"

Le diocèse du Puy compte un nombre impressionnant d'enfants du pays partis missionnaires dans toutes les parties du monde.



Un saint missionnaire et martyr parti de Saugues

Saint Noël Chabanel, martyr au Canada, fêté le 9 décembre ( diocèse du Puy) et le 19 octobre, martyrs du Canada
Martyre dans l'ombre — Saint Noël
Chabanel né à Saugues, diocèse du Puy en Velay

Martyr un peu perdu, en effet, dans l'ombre d'un
Brébeuf, d'un Charles Lalemant, d'un Daniel, d'un Garnier.
Trop oublié, en raison, sans doute, de son apostolat à la fois généreux
et timide, apostolat d'un apôtre qui se sent plus à l'aise, dans
le rôle de coadjuteur, d'auxiliaire, que dans la responsabilité du
chef. Humble, effacé, jusqu'en sa mort et son martyre, fin de
héros rien moins que spectaculaire, cachée, pendant quelque
temps, dans le secret de la forêt huronnienne.
Ce Jésuite, fils du massif central de la France et de la rude
nature du Gévaudan, n'en est pas moins issu d'une confortable
bourgeoisie de robe qui a même frôlé la petite noblesse. La Compagnie
de Jésus, à son « âge d'or » en France, l'attire de bonne
heure. Les missions des Jésuites répandues dans les deux mondes,
leur confèrent, aux yeux de la jeunesse, une séduisante auréole.



Il insiste pour partir au Canada : six ans d'apostolat

noviciat à Toulouse,
philosophie et régence à Cahors, de nouveau à Toulouse pour, en
même temps, philosophie, théologie et régence ; enseignement qui
va des débuts du cours jusqu'à la rhétorique inclusivement.
Comment est venue au jeune Chabanel sa vocation aux missions
canadiennes ? Il a 19 ans, lors du traité de Saint-Germainen-
Laye qui restitue l'Acadie et le Canada à la France. Ardente
ebullition parmi les Jésuites de la province de Paris. Depuis la
prise de Québec par les Kirke, messes, prières, où se joignent
Ursulines et Carmélites, implorent du Ciel la réouverture de la
route du Saint-Laurent aux missionnaires de la Nouvelle-France.
La vocation du jeune jésuite aux missions du Canada, ne lui sera
pas une vocation imposée par ses supérieurs.

C'est une vocation cherchée, ardemment sollicitée. Il peut s'embarquer pour outremer
en 1643 après avoir deux fois demandé à partir au Canada .

S'ensuivent sa première année à Québec,
son initiation ou son noviciat aux missions huronnes dans la
profitable compagnie de Brébeuf, « le plus grand missionnaire
d'alors » ; la montée en Huronie en 1644; l'arrivée à la Résidence
de Sainte-Marie, petite capitale, peut-on dire, des missions huronnes;
séjour à Ossossané, à Saint-Ignace, encore en la compagnie
de Brébeuf; en mission chez les Petuns avec Charles Garnier,
dernière mission qui subsiste après Pincendie de Sainte-Marie
et la fuite des Hurons à Plle-des-Chrétiens ; rappel de Chabanel
à ce dernier endroit en 1649; sa mort en route sous les coups
d'un Huron apostat, aux bords de la Nottawassaga; son corps
jeté dans les flots.

Un itinéraire spirituel attachant et inhabituel

Brève carrière, comme l'on voit, six ans au plus. Six ans
d'années tragiques au Canada. Quelques mots peignent et résument
cette période : conscience trop vive parmi les colons, d'être
négligés, apparemment abandonnés par la métropole; péril iroquois
à Ville-Marie, aux Trois-Rivières, sur tout le Saint-Laurent ;
missions huronnes menacées de destruction, capture du Père
Jogues, de Guillaume Couture, de René Goupil, route de l'Outaouais
fermée aux trafiquants de castor; puis, sur la fin, l'heure
des grands martyrs, le pays huron devenu désert; les missionnaires
et les débris de leurs fidèles en fuite vers l'Ile-Saint-Joseph.
Lui qui avait désiré si ardemment les
missions canadiennes, connaîtra, au degré suprême, les épreuves
et voire les tortures morales. En lui rien du saint tout d'une
pièce, comme Brébeuf, sans le moindre recul, la moindre reprise
de soi-même. Chabanel est un timide. Jeté en pleine tragédie,
dès son arrivée au Canada, il ne saura éviter ni les hésitations,
ni les petits découragements, ni même le doute sur sa vocation
de missionnaire. Et voilà qui lui fait, dans la galerie des grands
jésuites, une figure à part, originale, profondément humaine.

Pas de goût pour les langues, et aucune facilité à s'adapter!

Il apprend et parle difficilement les langues sauvages. c'est
une humiliation de longues années durant, car rien n'y fait,
alors qu'il est normalement doué. Il est réfractaire aux langues indiennes.
Il a aussi le plus grand mal à s'adapter à la culture des Indiens,
qu'il avait probablement enjolivée dans son imagination au
travers des lectures des recensions jésuites de l'époque,
pleines de bonnes intentions et d'inexactitudes.


Des tentations plus subtiles,
plus crucifiantes vont le harceler: sa vocation est-elle bien celle
d'un missionnaire au Canada ? N'usurpe-t-il pas la place de plus
dignes ? Le martyre possible et probable l'effraie. Le mieux,
pour lui, ne serait-ce pas de rentrer en France ? Surtout, et
c'est là sa pire épreuve : le Ciel le laisse sans consolation ; Dieu
semble l'abandonner à ses hésitations, à son désenchantement.
Pourtant cet hésitant, cet apparemment faible est le même qui,
le 20 juin 1647, dans une cellule de Sainte-Marie-des-Hurons,
rédige et s'en va réciter devant le Saint-Sacrement, son voeu de
stabilité perpétuelle en la mission de l'Huronie. Geste d'ascension
spirituelle qui lui restitue sa vraie taille. D'emblée le voici hissé
sur le socle de ses émules, les glorieux martyrs d'Auriesville, de
Téaneaustayé, de Saint-Ignace, de Saint-Jean-d'Etharita.

Fidèle jusqu'à donner sa vie

C'est ainsi qu'il obéira jusqu'au bout à son ardent désir missionnaire,
confronté à ses limites, comparé sans cesse à ses compagnons jésuites tous plus brillants dans l'apostolat, il oeuvrera dans une humble fidélité, jusqu'à partager le même martyr " en haine
de la foi".
On sait que celui qui l'assassina était un Huron qui avait apostasié et qui avouera son crime à un compagnon jésuite de Noël Chabanel.
Saint Noël Chabanel sera canonisé en 1930.
On trouve dans l'église des des jésuites du Collège St François Régis du Puy en Velay son portrait avec celui d'autres martyrs jésuites. Saugues n'est pas loin du Puy en Velay et cette église du Collège est une des première église sur le modèle jésuite.
Il est probable que cet exemple de missionnaire-martyr inspira d'autres vocations dans le diocèse du Puy.
Plus large encore est la fécondité de son humilité: l'école de langues des Jésuites à Shangai, qui forma aux subtilités du mandarin nombre de missionnaires, école à la fondation de laquelle participa le Père Brueyre, natif du même diocèse et devenu sinologue réputé, cette école porta le nom de Chabanel Hall...

Vendredi 21 Mai 2010
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