Gilbert Keith avait une épouse sans laquelle il n'aurait rien fait
Eh oui, il s'agit du célèbre Chesterton, mais dans sa vie privée : sans son épouse, il n'aurait pas été le rayonnant journaliste catholique que l'on connaît. Frances Blogg, devenue Madame Chesterton avait beaucoup de personnalité.
Comme Gilbert Keith, elle était anglicane à l'origine. Ce sont les saints qui l'ont amenée à une foi plus personnelle et rayonnante : elle leur a dédié sa vie et son apostolat. Et selon moi, son mari étant lui aussi un saint, elle s'est largement sanctifiée au quotidien auprès de cet homme à la pensée profonde.
Frances gérait l'agenda de son époux, homme distrait et toujours en quête d'une âme à évangéliser, ce qui l'amenait à suivre non pas son agenda mais les détours de l'Esprit Saint ! S'étant un jour perdu, il envoya un télégram à sa femme lui disant qu'il était dans un quartier excentré de Londres et demandant quel rendez-vous il devait honorer : "Where should I be?". Elle répondit : " At home!". (Où devrai-je être?- A la maison!).
Comme Gilbert Keith, elle était anglicane à l'origine. Ce sont les saints qui l'ont amenée à une foi plus personnelle et rayonnante : elle leur a dédié sa vie et son apostolat. Et selon moi, son mari étant lui aussi un saint, elle s'est largement sanctifiée au quotidien auprès de cet homme à la pensée profonde.
Frances gérait l'agenda de son époux, homme distrait et toujours en quête d'une âme à évangéliser, ce qui l'amenait à suivre non pas son agenda mais les détours de l'Esprit Saint ! S'étant un jour perdu, il envoya un télégram à sa femme lui disant qu'il était dans un quartier excentré de Londres et demandant quel rendez-vous il devait honorer : "Where should I be?". Elle répondit : " At home!". (Où devrai-je être?- A la maison!).
Cause de la conversion de son mari au Christ, elle le suivra dans le catholicisme
Frances deviendra catholique 4 ans après Keith Gilbert. Mais il a écrit dans un poème que c'est à elle qu'il devait sa conversion personnelle.
Le facteur temps est un élément clé dans la sainteté personnelle, et aussi dans la sainteté en couple : on ne dit pas assez que la conversion au catholicisme de Chesterton remonte à seulement dix avant sa mort. Il avait alors 48 ans. Lui et son épouse n'eurent pas d'enfants, mais un rayonnement social et intellectuel qui en font un couple d'évangélisateurs comme Priscille et Aquila.
Le facteur temps est un élément clé dans la sainteté personnelle, et aussi dans la sainteté en couple : on ne dit pas assez que la conversion au catholicisme de Chesterton remonte à seulement dix avant sa mort. Il avait alors 48 ans. Lui et son épouse n'eurent pas d'enfants, mais un rayonnement social et intellectuel qui en font un couple d'évangélisateurs comme Priscille et Aquila.
La vie et la pensée de Chesterton et de Frances : une sainteté non cléricale, laïque, non stéréotypée
Chesterton (et je le répète, sa femme, y compris en ce qui concerne les écrits du penseur génial) ne sont pas des saints sur le modèle clérical, ou même cléricaliste. Encore moins sur le modèle religieux. Ils sont british, originaux, Chesterton est obèse et apprécie un bon whisky, il peut évangéliser dans un pub jusqu'à point d'heure. Sa pensée n'est pas un système vers lequel son public doit tendre ou dans lequel il doit entrer : c'est un évangélisateur laïque sur le terrain, qui va chercher les âmes là où elles sont et s'adapte : comme Priscille et Aquila dans les Actes des Apôtres. Ils laissent à saint Paul l'indispensable système de pensée dans sa conception et se chargent de le transmettre efficacement à leur temps. Ce n'est pas une sainteté moindre mais complémentaire.
La pensée de Chesterton : sans stéréotype, adaptée à son époque
Pour comprendre le fil conducteur de la pensée de Chesterton, il faut comprendre qu'elle est celle d'un laïc, même quand il écrit des nouvelles avec un prêtre comme héros : Father Brown, écrit en grande partie alors que Chesterton était anglican, montre un génie d'évangélisation moderne, par le roman, la plume, l'humour. Etant un journaliste de talent, Chesterton trouve les portes d'entrée du christianisme dans le monde moderne. Son absence de stéréotype "religieux" le font admettre et apprécier par ceux qui fermeraient aussitôt la somme de saint Thomas. Mais en écrivant un livre sur saint Thomas, il le leur fera aimer : ce fut d'ailleurs son dernier écrit et le sommet de son art, car sous sa plume, Thomas est à la fois une somme et un être humain, un ami et un frère, et une pensée accessible. Son livre est donc la meilleure porte d'entre sur la somme théologique. Ne prétendons pas que la pensée du laïc est en dessous de celle du clerc : ils se complètent, bien évidemment.
Laïc, intellectuel, drôle, sans stéréotype, avec une vaste pensée, et amoureux de sa femme : on le canonise?
A mon avis, le fait que Chesterton ne soit toujours pas bienheureux est le signe d'un fort cléricalisme au sein même de la congrégation pour la cause des Saints (voilà, c'est dit!).
On prétend même que Chesterton a écrit des lignes anti sémites : certaines sont effectivement tout à fait dommageables. Elles datent de 1920, d'avant sa conversion au catholicisme et de sa jeunesse : une fois encore, le facteur temps montre une évolution de sainteté qui va dans le bon sens. Après celle-ci, il écrira : "The world owes God to the Jews," and "I will die defending the last Jew in Europe." (C'est aux Juifs que le monde doit Dieu", et "je mourrai en défendant le moindre Juif en Europe").
Terminons par cette citation qui date elle aussi de bien avant son catholicisme mais qui l'annonçait et allait déjà bien dans le "bon sens" si british :
"En dernier ressort ces deux réalités appelées Bière et Savon se terminent par une émission de bulles ou un jet de mousse, comme on préfère. Aucune des deux ne peut certes prétendre au statut de religion, avec cette différence toutefois que si le savon profite à l'usine, la bière, en revanche, rend l'ouvrier plus heureux. Craignons avec le temps de voir fructifier la « religion » du savon et dépérir celle de la bière. Et attendons de voir si la religion de l'État servile n'est pas, hélas, telle que je l'ai décrite : l'essor des petites vertus favorisant le capitalisme et le déclin des grandes vertus qui le combattent. Maintes grandes religions païennes, sans parler de la chrétienne, ont accordé une place centrale au vin. Une seule, je crois, a privilégié le savon : celle des Pharisiens.“ — Gilbert Keith Chesterton, Utopie des usuriers, 1917
On prétend même que Chesterton a écrit des lignes anti sémites : certaines sont effectivement tout à fait dommageables. Elles datent de 1920, d'avant sa conversion au catholicisme et de sa jeunesse : une fois encore, le facteur temps montre une évolution de sainteté qui va dans le bon sens. Après celle-ci, il écrira : "The world owes God to the Jews," and "I will die defending the last Jew in Europe." (C'est aux Juifs que le monde doit Dieu", et "je mourrai en défendant le moindre Juif en Europe").
Terminons par cette citation qui date elle aussi de bien avant son catholicisme mais qui l'annonçait et allait déjà bien dans le "bon sens" si british :
"En dernier ressort ces deux réalités appelées Bière et Savon se terminent par une émission de bulles ou un jet de mousse, comme on préfère. Aucune des deux ne peut certes prétendre au statut de religion, avec cette différence toutefois que si le savon profite à l'usine, la bière, en revanche, rend l'ouvrier plus heureux. Craignons avec le temps de voir fructifier la « religion » du savon et dépérir celle de la bière. Et attendons de voir si la religion de l'État servile n'est pas, hélas, telle que je l'ai décrite : l'essor des petites vertus favorisant le capitalisme et le déclin des grandes vertus qui le combattent. Maintes grandes religions païennes, sans parler de la chrétienne, ont accordé une place centrale au vin. Une seule, je crois, a privilégié le savon : celle des Pharisiens.“ — Gilbert Keith Chesterton, Utopie des usuriers, 1917
Puissent Chesterton et sa femme être canonisés en tant que couple, pour leur originalité, leur amour mutuel, leur évangélisation, leur intelligence de la foi et leur art de le transmettre par delà le temps et au-delà des frontières de leur bien-aimée Angleterre.
AC
AC