Ne pas refouler l’émotivité mais en faire un atout
Le premier travail revient d’abord aux parents et il consiste à bien comprendre ce qui se passe chez leur enfant, ce qui est en cause, et ce qu’il doit faire comme chemin pour progresser. Un enfant de 7 à 8 ans a l’âge de raison et il faut bien lui expliquer que les parents sont là pour l’aider à faire le meilleur usage de sa raison et de sa volonté en vue de son bonheur temporel (forcément limité mais légitime) et de son bonheur éternel, but essentiel de la vie. cf Eduquer en tenant compte des conditionnements et des caractères.
Réflexion préalable et nécessaire : votre enfant est émotif, c’est dans ses gênes, il le restera toute sa vie. Il ne faut donc pas qu’il refoule son émotivité, mais qu’il en contrôle les effets pour en tirer la richesse et en minimiser les inconvénients. cf Comment lutter contre la colère ?
Un émotif est toujours timide mais, comme un acteur de théâtre a le trac, il peut arriver à faire de sa timidité un atout pour provoquer le contact avec l’autre : personne n’est plus culotté voire provocateur qu’un timide, qui s’est dominé par sa volonté.
De la susceptibilité à l’offrande
La susceptibilité est le signe d’un amour propre abusif, d’un détournement par la tentation venant du Malin, qui suscite toujours chez nous l’orgueil (c’est son truc !), d’un sentiment légitime qu’on peut appeler l’estime de soi. « Aime ton prochain comme toi-même », nous dit l’Ecriture. S’aimer est donc nécessaire mais la présence du mal dans le monde et, plus innocemment, de la simple maladresse, fait que le risque d’être blessé par les propos d’autrui, fait partie de la vie et qu’il faut s’y accoutumer. L’exemple du Christ et des saints nous aide à offrir ce désagrément, plus fort chez les être sensibles (le domaine de l’affectif), en union avec la croix et la Passion de notre Sauveur.
Quelques pièges à éviter
Pour résumer, l’enfant doit comprendre qu’il est génétiquement émotif (il faudra faire avec), qu’il est affectivement sensible (ce qui est une richesse, si on tourne cette sensibilité vers la souffrance des autres) et qu’il est spirituellement tenté, comme chacun d’entre nous, par le Malin qui cherche à le centrer sur lui-même, à le bloquer dans l’orgueil, à lui mentir sur les intentions d’autrui. C’est sur ce dernier point qu’il faut également éduquer l’enfant à ne jamais faire de procès d’intention à l’autre, quand il nous a blessé. Car il peut l’avoir fait dans le seul but de nous remettre sur le droit chemin, nous avoir dit peut-être maladroitement le vrai sur nous-mêmes, nous avoir dit des choses inexactes par incompréhension ou désinformation.
Tout un cheminement !
Il peut aussi avoir eu l’intention de nous humilier et, le fait de l’accepter « sans en faire tout un plat », nous conduit sur les pas du Christ (mystère douloureux du Couronnement d’épines). Il y a un cheminement à faire, qui n’est jamais achevé : foi de quelqu’un, qui s’est immédiatement reconnu dans ce petit garçon timide et susceptible, et qui sait par expérience qu’il faut lutter toute sa vie avec la grâce de Dieu
P. Y. Bonnet