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Comment le principe de subsidiarité clarifie-t-il l'organisation sociale? A partir d'un va-et-vient entre le bien commun et la répartition des pouvoirs vers le " bas", c'est-à-dire sur le terrain. Etudions un peu ces multiples relations.
Pour éviter la " société bloquée"!
Toute organisation sociale, et la société moderne plus que tout autre, du fait des relations multiples qu’elle engendre, relations de subordination, relation de citoyenneté, relations administration-usager, relations clients-fournisseurs, etc, met en jeu des pouvoirs et des contre-pouvoirs, ce qui est inévitable. Encore faut-il que le jeu de ces pouvoirs et contre-pouvoirs ne paralyse pas l’initiative et la créativité des personnes, ne mette pas fin à la vie de cellules sociales à taille humaine, au sein desquelles les relations ne sont pas régies par des règles anonymes mais au contraire restent respectueuses des personnes.
C’est la notion de subsidiarité qui va nous donner la direction qu’il faut prendre pour éviter soit " la société bloquée" soit par réaction la société anarchisante ou encore secouée en permanence par des psychodrames.
L'enjeu, éviter autant l'anarchie que la tyrannie collectiviste.
Pour une autonomie bien comprise de chaque cellule sociale, et un Etat garant de la qualité, et non plus gérant.
Le rôle de l’Etat
l’Etat, qui est en charge de la vie politique, ne peut en aucun cas légiférer contre la loi naturelle. Cette morale naturelle, le respect de la vie, par exemple, la sauvegarde de la famille faite pour donner la vie et éduquer l’enfant afin de l’amener à la maturité de son autonomie de personne, doit s’imposer à lui. il fauterait également gravement en ne donnant pas à la sphère économique à la fois un cadre législatif qui protège les plus faibles et une légitime autonomie. Ce n’est pas à l’Etat de fabriquer des voitures ou de l’électricité. Cependant, la faiblesse de l’Etat dans son rôle régalien favorise une économie mafieuse ou une économie qui lamine les hommes, particulièrement les plus démunis.
" Que chacun dans l’entreprise travaille comme s’il était à son compte"
Autonomie et droits fondamentaux de la personne humaine
Le principe de subsidiarité vise à donner la plus grande autonomie tant aux personnes qu’aux groupements de personnes, c’est-à-dire la libre utilisation de pouvoirs les plus étendus possibles mais en précisant bien que toute autonomie est donnée dans un cadre dont les limites sont d’un côté le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, et d’un autre côté, touchant aux contingences plus qu’à l’essentiel, les conditions qui permettent à l’oeuvre commune de se réaliser dans un contexte donné, dans le cadre du bien commun. ( ce qui permet en même temps à la personne de s’épanouir).
Autonomie légitime et reconnaissance de Dieu
Spirituelle, car elle est l’aboutissement d’une prospérité économique sans précédent, qui a favorisé une véritable idolâtrie de l’argent, du confort, des loisirs, de la consommation tous azimuts. Morale, parce que les idéologues de l’usage illimité du libre arbitre ont fait oublier à nos contemporains qu’il y a un mode d’emploi de l’être humain que l’on ne peut transgresser sans causer de grands dégâts. C’est le bon usage du libre arbitre qui engendre la vraie liberté alors que son mauvais usage engendre l’esclavage par la drogue, l’alcool, la pornographie.. etc. Culturelle, parce que les médias de masse ont fait perdre tout esprit critique à la plupart et que l’école, elle-même, est devenue un lieu où l’on apprend à ingurgiter et à régurgiter pour obtenir un diplôme et non à réfléchir, à s’interroger, à discerner le vrai du faux.
C’est cette triple crise, qui engendre les difficultés économiques qui touchent principalement ceux et celle issue des familles explosées et sans défense devant ce déferlement de la publicité et du marketing politique.
Des principes seulement destinés aux fondements de la vie politique ?
Un de mes amis m'entreprend sur la Doctrine sociale de l'Eglise. Il n'arrive pas, me dit-il, à en voir les applications pratiques, adaptées au monde de l'entreprise privée. Les principes généraux, tels qu'il a pu les percevoir dans les encycliques des papes de l'après-guerre, lui paraissent clairs, mais il les pense destinés à servir de fondements à la vie politique; les papes dénoncent avec pertinence toutes les fausses voies empruntées par les idéologies modernes, matérialistes, amorales, athées, collectivistes ou individualistes. Cet ami me dit se réjouir de voir Jean-Paul II, dans Centesimus Annus, refuser le productivisme, l'économisme, le culte aveugle de la rentabilité, tout en prônant l'économie d'entreprise, celle où les hommes, qui en ont la capacité, peuvent créer, développer, faire évoluer les affaires, créant ainsi des richesses, des emplois, des sources potentielles de nouveaux investissements. Tout le discours sur l'importance de la famille, sur les limites du pouvoir de l'état, sur la nécessaire vitalité de la vie associative, des " communautés intermédiaires" ( entre l'état et le citoyen), lui paraît sain et plein de bon sens.
Autorité et principe de subsidiarité, suite.
Autorité et compétence : en plus, il y a le principe de Peter !
Or, l’autorité ne se donne pas. Quand on nomme, désigne, élit, etc, un responsable hiérarchique, on ne peut en aucun cas lui conférer de manière quasi magique une autorité ; on ne constatera qu’à l’usage que le choix a été judicieux …ou regrettable. Certes, si l’impétrant a déjà officié en position de responsable, on peut présumer avec plus de chances de ne pas se tromper sur le risque de le voir " reconnu" par ses subordonnés. Mais attention au Principe de Peter qui postule qu’il finit toujours par atteindre son niveau d’incompétence !
De fait, la compétence "technique" permet de " faire autorité" dans un domaine, c’est-a-dire relativement aux choses, elle ne suffit pas pour montrer de l’autorité sur les hommes.
Autorité et principe de subsidiarité.
Cellules de la société et responsable : opération identification du responsable !
L’expérience nous montre que la société humaine a atteint un grand niveau de complexité. Pour faire face à tous les besoins de la personne, besoins qui se diversifient sans cesse, de nouvelles cellules de société se créent, grandissent et parfois meurent, quand le besoin, dont elles étaient l’objet, a disparu ou a été mieux pris en charge par une cellule nouvelle.
Les cellules ont entre elles des relations nombreuses, vivantes, organiques. Jean XXIII, dans Mater et Magistra, a fait le constat de cette multiplication des relations sociales dans la société moderne.
Si l’on veut que cette société complexe respecte en tout lieu et en toute circonstance les droits fondamentaux de la personne, il est clair qu’il est indispensable qu’à la tête de chacune de ces cellules de société puisse être identifié un responsable, à qui aura été confié une mission de " dire" le bien commun, d’en conduire la réalisation, d’en assumer les difficultés, voir les échecs.
Caritas in Veritate, articles 57 et 58 : "La subsidiarité, antidote contre toute forme d'assistance paternaliste"
Qu'est-ce que le principe de subsidiarité?
" La subsidiarité est avant tout une aide à la personne à travers l'autonomie des corps intermédiaires"
" La subsidiarité est l'antidote le plus efficace contre toute forme d'assistance paternaliste."
" La solidarité sans la subsidiarité tombe dans l’assistanat qui humilie celui qui est dans le besoin."
C'est si clair, que nous ne commentons pas les articles en eux-mêmes : découvrez plutôt!
Article 57 : émanciper et responsabiliser, pour en finir avec l'assistance.
57. Le dialogue fécond entre foi et raison ne peut que rendre plus efficace l’œuvre de la charité dans le champ social et constitue le cadre le plus approprié pour encourager la collaboration fraternelle entre croyants et non-croyants dans leur commune intention de travailler pour la justice et pour la paix de l’humanité. Dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes, les Pères du Concile affirmaient : « Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » [136]. Pour les croyants, le monde n’est le fruit ni du hasard ni de la nécessité, mais celui d’un projet de Dieu. De là naît pour les croyants le devoir d’unir leurs efforts à ceux de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté appartenant à d’autres religions ou non croyants, afin que notre monde soit effectivement conforme au projet divin : celui de vivre comme une famille sous le regard du Créateur. Le principe de subsidiarité [137], expression de l’inaliénable liberté humaine, est, à cet égard, une manifestation particulière de la charité et un guide éclairant pour la collaboration fraternelle entre croyants et non croyants. La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation. La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres. En reconnaissant que la réciprocité fonde la constitution intime de l’être humain, la subsidiarité est l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste. Elle peut rendre compte aussi bien des multiples articulations entre les divers plans et donc de la pluralité des acteurs, que de leur coordination. Il s’agit donc d’un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain. Pour ne pas engendrer un dangereux pouvoir universel de type monocratique, la « gouvernance » de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame certainement une autorité, puisque est en jeu le problème du bien commun qu’il faut poursuivre ensemble ; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique [138] pour, d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, être concrètement efficace.
La bonne santé économique d'une entreprise...un doux rêve du passé? une utopie? Sur quoi la fonder à notre époque?Voici quelques pistes pour pouvoir dire un jour :" Mon entreprise est en bonne santé! "
2) Le principe de subsidiarité, clef de la Doctrine Sociale. Y-a-il une façon chrétienne de conduire une entreprise ? Comment vivre de la spiritualité du travail, surtout en temps de crise ? Quelles sont les réponses de l’Eglise ? Ce parcours sur le principe de subsidiarité, clef de la Doctrine Sociale de l’Eglise, répond à ces questions de façon simple et abordable par tous.
Vers une application concrète.
Un certain nombre de notions sont au coeur de la réflexion chrétienne sur la spiritualité du travail, à propos de la vie sociale. Nous allons les aborder dans ce parcours avec pour objectif l’application concrète de ces principes, qui sont d’une grande aide dans la vie sociale et dans le monde du travail.
1) Dieu a crée l’homme a son image
Dieu a créé l’homme à son image, seule créature qu’il a voulu "pour elle-même" ( Gaudium et spes). La personne humaine se voit conféré de ce fait une dignité éminente et cela s’entend de chaque personne, quels que soient ses conditionnements particuliers.