Ma fille m’a annoncé son mariage. Or je la trouve trop jeune. Puis-je la faire attendre ?
Un engagement définitif dans le mariage
Le mariage est un engagement définitif entre deux personnes, qui ont décidé de fonder un foyer pour accueillir la vie, éduquer des enfants, grandir dans l’amour conjugal et, pour les chrétiens, dans la sainteté. Il est clair qu’un tel engagement requiert une réelle maturité de la part des candidats et ceci d’autant plus que l’avenir ne leur appartient pas, avec son lot d’épreuves et de difficultés diverses.
La maturité dépend évidemment de l’âge mais de façon variable selon les personnes. Tous ceux qui ont eu des enfants ou, par leur métier ou leurs actions de bénévolat, côtoyé des jeunes garçons et filles le savent bien. La prolongation des études, payées le plus souvent par les parents, venant après une adolescence pendant laquelle l’argent de poche a été considéré comme un dû, ne favorise pas la maturation des personnalités. La mentalité contraceptive et la cohabitation juvénile ont largement contribué à banaliser la sexualité et à faire perdre tout sens de la responsabilité devant la question du don de la vie notamment chez les garçons.
Evaluation de la maturité
Ceci posé, revenons à la question de l’âge de votre fille mais posons la non en terme d’années réellement vécues depuis sa naissance mais en terme d’années postérieures à la période de l’adolescence. Autrement dit, premièrement, est-elle sortie de cette phase où l’on est abusivement influençable par la bande, les idées à la mode ou les relations douteuses ? A-t-elle acquis esprit critique au sens vrai du terme, autonomie de discernement et de jugement, stabilité dans ses opinions ? En second lieu, est-elle sortie de cette phase où l’ego est surdimensionné, où l’esprit de contradiction donne l’illusion d’être devenu adulte, où les émotions restent incontrôlées ? Est-elle une adolescente prolongée ou une fille, jeune encore, mais depuis déjà suffisamment longtemps en train de construire un projet de vie ?
Votre fille a-t-elle pu (se) poser les questions suivantes ?
Si c’est le cas, elle a pu se poser vis-à-vis de celui avec lequel elle désire faire sa vie les questions préalables à l’engagement du mariage, ces questions qui apparaissent, bien à tort, secondaires quand on vit avec l’autre cet état passionnel, fait d’affectif et de charnel, qui procure une ivresse temporaire suivie le plus souvent d’amères désillusions.
Ces questions amicales sont relatives à ce qui donne un sens à toute une vie, respect de soi-même et respect de l’autre, compréhension des vocations respectives de l’homme et de la femme, de l’époux et de l’épouse, du père et de la mère. Elles concernent la vie morale, la place que l’on donne aux biens matériels, la conception de l’amour authentique, la réflexion sur le mal et sur la mort. Et bien évidemment elle a pu évaluer le degré de maturité de l’autre en lui posant toutes ces questions et en voyant s’il les élude ou les prend en considération, si le dialogue est possible et permet de construire à deux un premier projet de vie qui tienne la route.
Maturité dans les faits !
Les positions religieuses de l’un et de l’autre font partie des questions importantes mais il faut admettre que la Foi est un don de Dieu et qu’une personne peut être fiable, respectable et digne d’amour, sans partager nos convictions catholiques. Encore faut-il que le problème soit abordé avec lucidité et réalisme, ce qui requiert la maturité. Nous connaissons tous des couples, qui se sont mariés jeunes et qui ont tenu contre vents et marées. Il y a toujours eu des jeunes filles, et je pense qu’il y en a toujours, qui ont très tôt l’intuition qu’elles épouseront tel garçon, qui prennent le temps de l’attendre… et de l’apprivoiser et qui, l’ayant amené au mariage, sauront tout faire pour le garder. Il y a donc des jeunes filles de seize dix sept ans, dans lesquelles on peut déceler de futurs épouses et mères solides ! c’est bien plus encore à leur comportement qu’on les voit, dans la vie quotidienne. C'est aussi dans la capacité à s'assumer seule, dans la période de l'attente, dans une préparation qui inclut aussi une autonomie financière, affective, intellectuelle.
L’important est donc de préparer les jeunes filles au mariage. Qu’elles se marient ou non, qu’elles se marient tôt ou tard, l’important est que toutes les questions touchant la vie aient été abordé progressivement avant et pendant l’adolescence, pour que les habitudes de dialogue aient été prises sans qu’il puisse y avoir de sujet tabou. C’est dans cette continuité d’échanges et dans le comportement que l’on pourra apprécier si la jeune fille est mature, quel que soit son âge. Lorsque la question se posera sérieusement, le dialogue et la présence d'une réelle maturité rassureront les parents bien plus que toute intervention " autoritariste" ou " alarmiste" vouée par nature à l'échec. Quoi de plus rassurant aussi pour les enfants que de pouvoir s'appuyer alors sur leurs parents dans un échange déjà en place depuis longtemps?