Un dilemne pour le chef d'entreprise catholique. Licencier quelqu'un : un combat entre l'efficacité, la rentabilité, mais aussi l'amitié, la culpabilté ( moi, je m'en sors, mais lui devra suivre son destin), et la FOi. Que dit la foi sur cette situation concrète ? Il arrive que licencié et patron soient paroissiens d'une même église locale. Quel est le devoir du chef d'entreprise catholique face à sa responsabilité de patron et de chrétien?
Seules les personnes ont une destinée éternelle
Portrait du chef d'entreprise "mieux armé" pour cette situation.
Ceci posé, le devoir du chef d’entreprise, catholique ou non, est de bien gérer cette cellule temporelle comme ce qu’elle est, c’est-à-dire une communauté d’hommes et de femmes, engagés dans la réalité humaine du travail, soucieux de la vie de l’entreprise, même s’ils ne l’affirment pas hautement, parce qu’elle conditionne leur subsistance. Un chef d’entreprise catholique a donc, en conscience, le devoir moral d’être apte à diriger, ce qui demande à la fois des dons et des acquis. Au chapitre des dons, une capacité à anticiper, à se projeter dans l’avenir, j’allais dire « du nez », une capacité à détecter les talents des collaborateurs, une solidité nerveuse, une maîtrise de l’anxiété. Au chapitre des acquis, la formation à l’économie de l’entreprise, à la communication et aux trois « fondamentaux » du management humain : Unir tous les collaborateurs sur un projet réaliste, porteur de valeurs morales, développer les talents et les compétences de chacun et déléguer les pouvoirs le plus bas possible. C’est tout simplement l’application concrète au cas de l’entreprise de la doctrine sociale de l’Eglise, dont le « compendium » a été publié en français par la librairie vaticane. Le chef d’entreprise catholique peut faire ainsi de tous les collaborateurs des « acteurs de la stratégie » …et non des spectateurs, qui attendent l’ordre et le contrordre !
Alerte! Via un bon système de délégation.
Aide toi, le Ciel t’aidera, dit la sagesse populaire européenne dont les racines chrétiennes transparaissent si souvent. Le chef d’entreprise catholique s’efforce de bien jouer sa partition, de se former, de faire son devoir d’état mais également il prie paisiblement l’Esprit Saint, se met sous la protection de Saint Joseph et prend le temps de se reposer et d’aimer les siens. Savoir déléguer est une clef incontournable de la disponibilité, de la paix intérieure…et de la sécurité, car les collaborateurs devenus acteurs vous alertent dès qu’ils sentent un danger !
Reste que l’entreprise est mortelle, que l’économie moderne est à la fois exigeante et en évolution rapide et que le licenciement économique peut être une obligation pour la survie. Si le management est « transparent » et anticipateur, le choc sera moindre, préparé et plus facile à amortir. Si le management vise à faire des collaborateurs de bons professionnels, autonomes et recasables, les dégâts humains peuvent être faibles.
En conscience, je devais le faire.
Mais une autre question, moins complexe, est également posée implicitement, celle du licenciement hors problème économique. Il est parfois nécessaire de licencier un collaborateur qui, par ses comportements, et malgré des avertissements oraux puis écrits, perturbe la communauté et met en danger le bien commun : c’est alors un devoir grave, même s’il est douloureux, où la raison doit l’emporter sur l’affectif. En revanche, quand l’entreprise a fait une erreur à l’embauche, elle doit assumer sa responsabilité et négocier avec l’intéressé une séparation ou une rétrogradation honorable. Par grâce, dans ma longue carrière, je n’ai eu à prononcer qu’un licenciement, non économique, pour comportement inadmissible d’un salarié. Je l'ai fait parce que, en conscience, je devais le faire.