Une contagion
Soyons réalistes, les sociologues nous alertent depuis quelques temps sur l’installation dans notre société de ces conduites chez les adolescents et chez les jeunes, alors même que l’alcoolisme par exemple, avait semblé être en régression il y a vingt cinq ans. De fait, la « génération JMJ », comme on la nomme souvent, semble avoir été moins touchée mais est-ce si surprenant ? Cette génération n’est pas celle des soixanthuitards, elle lui est postérieure, et elle n’est pas non plus celle des enfants des soixanthuitards ! Il semble donc que l’éducation donnée par les parents, sans être déterminante en raison du libre arbitre des enfants, conditionne quand même l’attitude de ces derniers face à la contagion de ces conduites « addictives ».
Questionnons-nous sur ce qui favorise l’entrée et le maintien dans ces liens terriblement destructeurs avec des « drogues » diverses, qui touchent les sens (la vue avec les vidéos, l’ouïe avec les baladeurs et autres producteurs de sons, le goût avec l’alcool et la nourriture) et le psychisme via le corps (Cannabis et drogues dites dures). On peut facilement détecter des phénomènes de mode, d’entraînement par le groupe et de piégeage qui guettent les jeunes adolescents, des attitudes de provocation, (pensons aussi au phénomène des excès de vitesse,) qui attirent des adolescents un peu plus âgés, et plus douloureusement des comportements de compensation face à des « blessures » de l’âme sensible que le jeune cherche inconsciemment à « gommer », à oublier. cf , sur l’âme sensible, les explications dans Je suis catholique, puis-je aller voir un psychanalyste ?
Guérison des comportements de compensation
C’est évidemment ce dernier groupe de jeunes, qui sont à la fois les plus vulnérables et les plus difficiles à guérir. Tout simplement par ce que leur fragilité est liée à cette blessure réelle, causée souvent par un déficit d’amour, comme l’abandon par les parents biologiques, le divorce des parents, la mort du père, de la mère, d’un membre de la fratrie ou de toute personne qui aimait l’enfant ou l’adolescent. L’Esprit du Mal utilise son intelligence maligne pour appuyer sur la blessure, pour peu que l’intéressé lui ait prêté l'oreille. La guérison des conduites addictives passe donc par la guérison de la blessure, qui ne peut être obtenue que par la Grâce puisqu’il s’agit d’une blessure réelle, même si une aide psychologique peut être utile pour que l’intéressé puisse exprimer sa souffrance après l’avoir identifiée.
Les " entraînés" et les "provocateurs"
Pour ce qui concerne les « entraînés » et les « provocateurs », la question se rattache à celle plus générale du franchissement sans dégâts importants de la période de l’adolescence. C’est la première phase de l’adolescence qui est la plus cruciale, celle que j’appelle plaisamment la phase « veau » pour décrire cette sortie de l’enfance où l’intéressé tend à fuir un réel nouveau qui l’inquiète, soit qu’il manque totalement de confiance en soi, soit que l’avenir l’angoisse en raison de son incertitude, soit qu’il ait été trop assisté voir couvé et qu’il souffre d’un manque important d’autonomie. L’adolescent « veau » risque de toucher à toutes les drogues, qui écartent de la réalité inquiétante, et de se rassurer en « collant » à toutes les déviances de la « bande ». C’est pendant les années postérieures à l’âge de raison et antérieures à la prépuberté qu’il faut prévenir la phase « veau » par une éducation visant à l’autonomie, qui permettra la distance avec la bande, les modes, les idées reçues. L’autonomie passe par la confiance en soi et l’intrépidité face à l’avenir incertain. J’ai largement abordé ces questions dans deux tomes des 9 fondamentaux de l’éducation, aujourd’hui accessibles dans la nouvelle édition poche en un seul volume à prix modique !
Quant aux provocateurs, il s’agit de ceux qui sont restés profondément « veaux » à l’intérieur mais qui, prenant de l’âge, imitent ceux qui sont passés de la phase « veau », dont ils ont guéri, à la phase « tigre », correspondant à un « moi » fort mais insuffisamment socialisé ! La crise de l’adolescence n’est pas celle de la phase « tigre », qui peut se résorber facilement et ne conduit pas aux conduites addictives : le vrai « tigre » n’est pas fou, il laisse cela aux autres ! Le provocateur, « veau tigre », fait la vraie crise d’adolescence et se complait dans les conduites à risque pour agresser ses éducateurs, les pousser à bout, les faire « craquer ». Sa blessure secrète est souvent spirituelle et non psychologique : c’est la jalousie. cf Comment lutter contre la jalousie ?
P. Y. Bonnet