La Justice sociale repose sur le respect de la loi naturelle.
Le fondement de la Doctrine sociale de l’Eglise est ce qu’on appelle la loi naturelle et que toute personne de bonne volonté, attentive à la réalité, peut retrouver en écoutant et en éclairant sa conscience. Nous l’avons vu, l’Eglise se réfère sans cesse à cette loi naturelle, elle nous l’explique, s’en fait la garante et défend donc les droits de l’homme qui en découlent. Le pape Benoît XVI s’est lui aussi exprimé sur ce sujet en parlant du " droit naturel", de la loi naturelle et de la justice sociale en lien avec la Doctrine sociale de l’Eglise.
L’Eglise rappelle sans cesse que ces droits ne sont effectifs, que dans la mesure où les hommes se reconnaissent l’obligation de les respecter et ceci d’autant plus que notre société s’est organisée au fil des siècles et s’est parallèlement complexifiée. Dans l’encyclique « Mater et magistra » le pape Jean XXIII a montré à quel point d’interdépendance entre les diverses cellules de société sont arrivées les sociétés modernes.
Rompez la " chaîne" des " structures de péché"!
Pensez, par exemple, aux conséquences potentielles, d’une grève d’électricité, qui serait totale et se poursuivrait plusieurs jours, si au même moment le carburant nécessaire au fonctionnement des groupes électrogènes n’était plus livré : arrêt de services de réanimation, de la chaine de conservation des aliments, paralysie de nombreux transports, ordinateurs en panne, feux de circulations éteints etc, etc…Nous évoquons là le fonctionnement technique et économique de la société. Mais le pape Jean-Paul II a montré que cette interdépendance se manifeste aussi dans le domaine moral : quand de nombreux hommes pèchent, il se constitue peu à peu des structures de péché, qui certes ne contraignent pas l’homme au mal mais le conditionnent en le faisant vivre dans une atmosphère empoisonnée, par le culte de l’argent et du sexe par exemple.
L’expérience montre donc que, depuis le péché originel, l’homme pécheur contribue à sa mesure à la dégradation de la société, qui peut devenir elle-même de plus en plus oppressive vis-à-vis de l’homme. Ce constat réaliste va à l’encontre de la position développée par Rousseau au 18e siècle : « l’homme nait bon, c’est la société qui le pervertit. ». L’Eglise, elle, nous dit ; c’est le péché personnel des hommes qui, lorsqu’il se multiplie, engendre des structures de péché ; celles-ci à leur tour oppriment l’homme, le conditionnent au non respect du prochain et les droits de l’homme ne sont plus respectés.
La réaction des hommes justes.
A l’inverse, l’homme juste est celui qui rend à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. Si une société comporte beaucoup d’hommes justes, le prochain y est respecté dans ses droits et, de la même manière il peut y avoir une émulation dans le bien liée à l’exercice de la vertu chez les hommes. L’homme est un être unique et personnel, mais c’est également un être social, un être de relation, et l’exemple des uns n’est pas sans conséquence sur le comportement des autres. De ce fait, l’Eglise, dont la méthode définie dans la Doctrine sociale est voir, juger, agir, l’Eglise observe ce qui se passe, porte un jugement sur la manière dont les droits de la personne sont respectés, et pousse les chrétiens à agir pour que règne la justice dans la société, c’est-à-dire qu’elle les pousse à faire face à leurs devoirs.