Tout se tient quand on parle de Justice.
Les papes depuis St Pie X et plus encore Pie XI, aiment à parler de justice sociale. Pour eux, la justice sociale combine les dispositions de la justice légale et de la justice distributive, tout en mettant comme préalable le respect de la justice commutative c’est-à-dire le caractère équitable des échanges, contrats et promesses. Comme le dit Mgr Guerry dans son ouvrage sur la doctrine sociale de l’Eglise (Mgr Emile Guerry,La Doctrine sociale de l’Église : son actualité, ses dimensions, son rayonnement, lettre pastorale au clergé et aux militants de son diocèse, Paris, Bonne Presse, 1957.), « La justice sociale élargit et dépasse la justice légale. Elle concerne les rapports des citoyens envers le bien commun, soit dans leurs devoirs, soit dans leurs droits. D’une part, elle tend à faire respecter les droits naturels des membres de la communauté pour que ceux-ci soient en mesure d’accomplir leurs devoirs sociaux. D’autre part, elle incline les citoyens à rendre à la société ce qu’ils lui doivent afin que celle-ci soit en mesure de remplir sa mission envers le bien commun. »
Mais attention de ne pas réduire le Bien commun aux richesses matérielles.
Il est clair que le terme de justice sociale est d’autant plus utilisée par les papes, qu’il prend en compte le domaine de l’économie et donc le principe de la destination universelle des biens. La prospérité d’une société est certes liée à la taille du gâteau, mais le gâteau est fait pour permettre à tous les citoyens de vivre décemment et d’épanouir leur personne, ce qui implique une juste répartition des biens et des richesses. Mais attention à ne pas réduire le bien commun aux richesses matérielles. Nous l’avons bien précisé, les biens immatériels, spirituels, sont le plus essentiels. Il ne faut jamais confondre l’essentiel et l’indispensable.
L'injustice suprême, nier la transcendance.
Primum vivere, d’abord vivre, disaient les anciens, et nous avons bien dit que le droit à la vie biologique était premier en ce sens qu’il ouvre la porte aux autres, c’est le domaine de l’indispensable. Mais la vie biologique n’est pas l’essentiel, puisque l’homme est destiné à la vie éternelle. C’est pourquoi le droit à la liberté religieuse est un droit essentiel. Nier la transcendance, dira Jean-Paul II, c’est réduire l’homme à devenir un instrument de domination, assujetti à l’égoïsme d’autres hommes ou à la toute puissance de l’Etat totalitaire. Les responsables, à quelque niveau que ce soit du bien commun de la cellule de société, sont ils ont la responsabilité, doivent s’efforcer de « tenir les deux bouts de la chaîne », assurer l’indispensable tout en préservant l’essentiel. Permettre aux hommes d’exister et parallèlement de parvenir au bonheur éternel.