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Caritas in Veritate, articles 57 et 58 : "La subsidiarité, antidote contre toute forme d'assistance paternaliste"
Qu'est-ce que le principe de subsidiarité?
" La subsidiarité est avant tout une aide à la personne à travers l'autonomie des corps intermédiaires"
" La subsidiarité est l'antidote le plus efficace contre toute forme d'assistance paternaliste."
" La solidarité sans la subsidiarité tombe dans l’assistanat qui humilie celui qui est dans le besoin."
C'est si clair, que nous ne commentons pas les articles en eux-mêmes : découvrez plutôt!
Article 57 : émanciper et responsabiliser, pour en finir avec l'assistance.
57. Le dialogue fécond entre foi et raison ne peut que rendre plus efficace l’œuvre de la charité dans le champ social et constitue le cadre le plus approprié pour encourager la collaboration fraternelle entre croyants et non-croyants dans leur commune intention de travailler pour la justice et pour la paix de l’humanité. Dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes, les Pères du Concile affirmaient : « Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » [136]. Pour les croyants, le monde n’est le fruit ni du hasard ni de la nécessité, mais celui d’un projet de Dieu. De là naît pour les croyants le devoir d’unir leurs efforts à ceux de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté appartenant à d’autres religions ou non croyants, afin que notre monde soit effectivement conforme au projet divin : celui de vivre comme une famille sous le regard du Créateur. Le principe de subsidiarité [137], expression de l’inaliénable liberté humaine, est, à cet égard, une manifestation particulière de la charité et un guide éclairant pour la collaboration fraternelle entre croyants et non croyants. La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation. La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres. En reconnaissant que la réciprocité fonde la constitution intime de l’être humain, la subsidiarité est l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste. Elle peut rendre compte aussi bien des multiples articulations entre les divers plans et donc de la pluralité des acteurs, que de leur coordination. Il s’agit donc d’un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain. Pour ne pas engendrer un dangereux pouvoir universel de type monocratique, la « gouvernance » de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame certainement une autorité, puisque est en jeu le problème du bien commun qu’il faut poursuivre ensemble ; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique [138] pour, d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, être concrètement efficace.
La bonne santé économique d'une entreprise...un doux rêve du passé? une utopie? Sur quoi la fonder à notre époque?Voici quelques pistes pour pouvoir dire un jour :" Mon entreprise est en bonne santé! "
2) Le principe de subsidiarité, clef de la Doctrine Sociale. Y-a-il une façon chrétienne de conduire une entreprise ? Comment vivre de la spiritualité du travail, surtout en temps de crise ? Quelles sont les réponses de l’Eglise ? Ce parcours sur le principe de subsidiarité, clef de la Doctrine Sociale de l’Eglise, répond à ces questions de façon simple et abordable par tous.
Vers une application concrète.
Un certain nombre de notions sont au coeur de la réflexion chrétienne sur la spiritualité du travail, à propos de la vie sociale. Nous allons les aborder dans ce parcours avec pour objectif l’application concrète de ces principes, qui sont d’une grande aide dans la vie sociale et dans le monde du travail.
1) Dieu a crée l’homme a son image
Dieu a créé l’homme à son image, seule créature qu’il a voulu "pour elle-même" ( Gaudium et spes). La personne humaine se voit conféré de ce fait une dignité éminente et cela s’entend de chaque personne, quels que soient ses conditionnements particuliers.
Pour un bon fonctionnement de toute cellule sociale ou ecclésiale.
Définition de la subsidiarité
La subsidiarité est le caractère de ce qui est subsidiaire, c'est-à-dire de ce qui s'ajoute à l'élément principal pour le renforcer.
En politique, le principe de subsidiarité est le principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent pour résoudre le problème. C'est donc, pour l'action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens.
Dans le fonctionnement de toute organisation sociale ( et ecclésiale), le principe de subisidiarité assure une délégation efficace et juste de l'autorité et l'application harmonieuse des décisions prises.
14) Perspectives de l'après-guerre à nos jours, conclusion de notre parcours sur les catholiques sociaux.
Observations.
Les catholiques de l'après-guerre ont des attitudes variées face au social. La guerre a politiquement divisé les catholiques de France en trois grands groupes :
-ceux qui ont suivi jusqu'au bout le régime de Vichy.
-ceux qui ont opté pour De Gaulle et...les autres, ( les plus nombreux!), qui ont cherché à survivre, sans trop prendre parti ou en se ralliant au camp des vainqueurs ( ce fut ma nette impression en revenant d'Alger en 1945).
Mais la guerre a doctrinalement divisé les catholiques français en :
-catholiques attirés ( voir fascinés) par le socialisme ( plus ou moins marxistes) et réticents vis-à-vis des analyses, consignes et conseils venant de Rome.
-catholiques opposés au même socialo-marxisme. Ces derniers vont très vite se scinder en différents groupes après le Concile ( et son application en France). On trouvera :
-des intégristes ( plus ou moins durs)
-des fidèles à Rome ( des plus traditionnalistes aux plus " aggiornamentistes").
-des " désorientés" ( qui s'en vont).
-des " ralliés" à ce qui leur semble la tendance majoritaire ( là où ils sont ?)
Parmi les intégristes, on trouvera les divisions suivantes :
-des extrémistes ( qui souvent quitteront par nature même l'eglise catholique)
-des fidèles à leurs vues mais qui restent dans l'Eglise.
-des " désorientés" par les excès de leur " camp".
-des " ralliés" à ce qui leur semble être la ligne officielle post-conciliaire.
13) Les catholiques à la pointe du combat social : une bataille de longue haleine, face à une opposition farouche qui n'hésitait pas à saboter les projets pour ensuite les reprendre à son compte. Pour avoir une idée de cette histoire récente, voici un aperçu de cette période riche et tumultueuse.
Une force de propositions de lois contrecarrée et récupérée ?
12) L'action des catholiques sociaux en France : la CFTC et son essor.
Un essor impressionnant de 1919 à 1940.
-La grève d'Halluin ( 1928-1929)
-Le plan de la CFTC ( 1936)
-La représentativité ( 1936 à 1939) : une bataille difficile.
Nous détaillons ici les événements de la grève d'Halluin qui permettent de comprendre le contexte de l'époque et l'enjeu du syndicalisme chrétien soutenu par l'Eglise en la personne d'un jeune évêque qui sut appliquer sur le terrain la Doctrine Sociale de l'Eglise, malgré son surnom "d'évêque rouge"! ( source : histoire de la ville d'Halluin )
11) Profession, syndicats et économie, l'enjeu le plus important de cette époque...de quoi inspirer la nôtre aussi!
Création de syndicats mixtes : une tentative imparfaite mais innovante.
10) : Actions à l'extérieur de l'entreprise : l'éducation populaire, l'apprentissage, l'enseignement supérieur, l'enseignement ménager... Saisis d'une créativité impressionnante, les catholiques sociaux rejoignent tous les cercles de la société.
L'éducation populaire : le brassage des initiatives.
A : 1899 : le cercle d'études du Sillon.
Mais qu'est-ce qu'un cercle d'étude ? passons par une autre culture, la culture suédoise, dans ce pays, l'éducation populaire ( Folkbildning) possède...350 000 cercles d'études, selon le Conseil Suédois d'éducation populaire. Les cercles existent depuis un bon siècle. En France, ils furent très actifs. Le premier fut celui du mouvement Le Sillon, de Marc Sangnier, association catholique dont l'histoire est représentative d'un pan des catholiques sociaux tentés par la politisation, ce qui valut au Sillon d'être dissous par la hiérarchie. Mais le principe de base mérite un détour par l'histoire afin de ne pas définitivement jeter le bébé avec l'eau du bain.
Marc Sangnier, tout comme Léon Harmel, constate la disparité et l'inégalité entre les classes sociales. Le domaine de l'éducation populaire ( aujourd'hui, nous dirions de la culture au sens où il existe un conseil pontifical pour la Culture) est un vaste champ d'évangélisation, mais pour Marc Sangnier, il doit s'agir d'une éducation mutuelle. Par le cercle d'étude du Sillon, Marc Sangnier s'oppose à une éducation paternaliste qui se fait sans l'ouvrier. Il entrevoit la richesse de l'éducation des pairs par les pairs. Un membre du cercle expose un sujet aux autres. On parle de tous les sujets, question sociale en priorité, mais aussi échange d'idées, de connaissances. On voit facilement le risque d'utilisation politique du cercle d'étude, mais aussi à notre époque son développement possible en matière culturelle, grâce aux innovations techniques d'internet et des visio-conférences : on assiste à l'émergeance des descendants des cercles d'études : co-expertise, forums internets internationaux, échanges de recherches et de documents...l'enjeu restant l'immense domaine de la culture, lieu d'éducation populaire par excellence.
9) : actions dans l'entreprise en direction du monde ouvrier, Léon Harmel : paternel de tempérament, certes, mais non-paternaliste dans son action sociale, il promeut l'émancipation de l'ouvrier, et non pas son infantilisation.
Dans l'entreprise elle-même : Léon Harmel, un pionnier de l'action sociale en entreprise visant l'autonomie des ouvriers dans ce domaine. (1829-1915)
Le père de Léon Harmel, Jacques-Joseph Harmel, a déjà créé une filature du val du Bois, une caisse des économies ( 1842), une caisse de secours ( 1846), une société musicale (1848). L'atmosphère est donc familiale, mais non-paternaliste, ce qui fait la spécificité de la maison Harmel. C'est une " corporation chrétienne, une association religieuse etéconomique avec conseil d'usine et oeuvres sociales, où collaborent ouvriers et patrons.
" Le bien de l'ouvrier, avec l'ouvrier, par l'ouvrier, jamais sans lui et à plus forte raison, jamais malgré lui." Léon Harmel entrevoit l'erreur du paternalisme et devance bien des catholiques chez lesquels la confusion du genre familial avec le genre utopiste empêche ou retarde une doctrine sociale adaptée au monde professionnel. Très en avance, Léon Harmel a souvent contre lui le monde patronal y compris catholique. Chez lui, tout est basé sur la solidarité, la réciprocité et la confiance. Cependant, il n'échappe pas, sur d'autres points, à son époque : en témoigne la demeure familiale, " trônant" à l'entrée de l'usine, évoquant le rassemblement autour du patron et de la foi.